Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
L'irrésistible ascension de Mary Evans, serveuse de restaurant "découverte" par un réalisateur hollywoodien, et son déchirement entre sa carrière et sa vie conjugale.
Après plusieurs insuccès sur ce même thème des coulisses hollywoodiennes et les affres de la célébrité, What Price Hollywood? grâce au flair de David O' Selznick lance ce qui sera la matrice des deux grands classiques Une étoile est née version William Wellman (1937) et George Cukor (1954) ainsi que le plus oubliable remake de 1976 avec Barbra Streisand. Plus généralement par son succès le film lance cette vision noire et critique d'Hollywood qui alimentera des films aussi différents que Sunset Boulevard de Billy Wilder, le diptyque Les Ensorcelés/Quinze jours ailleursde Minnelli ou plus récemment The Artist à la construction similaire. Le script s'inspire bien sûr de réels drames et scandales survenus dans le gotha hollywoodien pour alimenter son script notamment le mariage tumultueux entre l'actrice Colleen Moore et le producteur alcoolique John McCormick, ainsi que du mal être et suicide du réalisateur Tom Forman.
On est quand même assez loin de la qualité des œuvres que ce précurseur engendrera ici même si le film recèle quelques qualités. On suit donc ici l'ascension de Mary Evans (Constance Bennett), jolie serveuse à la langue bien pendue auquel le réalisateur Max Carey (Lowell Sherman) va donner sa chance. Leurs chemins s'inversent, Mary devenant une star tandis que Max cède à ses démons et s'enfonce dans l'alcoolisme. Le film souffre d'un problème de ton, d'implication émotionnelle et même de construction. On ne ressent jamais la dose d'effort et d'abnégation de Mary pour accéder à son rêve tant la narration expédie les évènements et tout semble finalement lui sourire.
La manière dont Max façonne Mary en tant qu'actrice nouer ce lien entre eux se noie dans la narration trop elliptique, tout comme les coulisses des studios entraperçues à peine. De même l'alcoolisme de Max prête plus à la gaudriole qu'autre chose avant la dernière partie plus dramatique. Constance Bennett offre une belle composition, ambitieuse et insouciante au départ avant d'être peu à peu brisée par les travers du star system et c'est elle qui véhicule tout l'émotion du film.
Lowell Sherman amuse vaguement en alcoolique mais hormis sa scène finale ne tient jamais la comparaison des prestations de Fredric March et James Mason dans A Star is Born et Neil Hamilton est tout aussi terne en époux, rendant les conflits conjugaux peu intéressant et répétitifs malgré les piste intéressante (la différence de classe entre la haute société et les nouveaux riches d'Hollywood). Reste quelques moments amusants comme le premier dîner entre Constance Bennett et Neil Hamilton, l'ouverture où Mary se rêve vedette mais dans l'ensemble c'est vraiment sans éclat et répétitif (l'usage systématique d'encart pour signifier le harcèlement médiatique et la calomnie).
Cinq ans plus tard alors qu'il a déjà fondé sa compagnie David O' Selznick produira donc A Star is Born sur un sujet similaire (la RKO envisageant de porter plainte pour plagiat avant de renoncer) pour un tout autre résultat. Il le proposera même à son ami Cukor qui déclinera à cause des similitudes avec What price Hollywood? pour finalement s'atteler presque vingt ans plus tard à son tout aussi mémorable remake.
Sorti en dvd zone 2 français aux Editions Montparnasse dans la collection RKO
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