Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
La Grande Nuit - The Big Night, Joseph Losey (1951)
Adolescent calme et sans histoire,
George La Main assiste un soir à une punition terrible qu'inflige Al
Judge, personnage haut placé dans la presse, à son père, Andy La Main,
qui semble consentant. George s'empare d'une arme et erre à travers la
ville pour retrouver le tortionnaire. Au cours de cette traque et de
cette longue nuit, il va découvrir peu à peu certaines vérités, perdre
ses illusions et laisser derrière lui son adolescence.
The Big Night est
le dernier film américain de Joseph Losey qui fuira la chasse aux
sorcières l'année suivante lorsqu'il qu'il est convoqué par l'HUAC pour
son engagement communiste alors qu'il est en tournage en Italie. Le film
noir et le mélodrame s'entrecroise ici pour ce qui est un grand récit
de perte d'innocence. George (John Drew Barrymore), adolescent paisible
et sans histoire va brutalement découvrir la violence physique et
psychologique du monde des adultes lorsqu’il assiste à la sévère
correction qu'inflige le ponte de la presse Al Judge (Howard St. John) à
son père, sans réaction de ce dernier.
On aura découvert un George très
innocent et fragile, privé d'une présence maternelle et dont la figure
d'autorité et de respect représenté par son père va être humiliée sous
ses yeux, comme un symbole au moment où il fêtait son anniversaire, lui
faisant ainsi quitter brutalement l'enfance. Dès lors ses propres
frustrations se mêlent à la honte infligée à son père et souhaitant se
venger et enfin s'affirmer il va traquer le coupable arme au poing au
cœur de la nuit.
A l'image de ce caractère adolescent encore
inconsistant, l'intrigue est assez décousue. Les rencontres au cours de
cette nuit se font cocasse, tendre où dangereuse dans les cadres les
plus divers et typiques du film noir : un match de boxe, un cabaret de
jazz... Losey multiplie les astuces visuelles pour nous faire partager
l'état d'esprit bouillonnant de son jeune héros tel le fondu entre le
jeu du batteur de jazz et les coups de canne asséné à son père par
Judge. On a quelques jolis moment avec l'apaisante rencontre avec une
jeune femme qui semple comprendre et calmer la fougue de George mais
celui-ci devra mener son odyssée vengeresse jusqu'au bout.
Losey
instaure une atmosphère urbaine et sombre où le décalage est constant
avec le visage poupin de John Drew Barrymore, sa silhouette engoncé dans
des vêtements trop large, dans un rôle trop lourd pour lui. Le face à
face tant attendu avec l'agresseur est des plus intenses et surtout
fruit de révélations qui remettront pas mal de certitudes en question.
La narration alerte et resserrée (le tout dure à peine plus d'une heure)
illustre à merveille le sentiment d'urgence de l'ensemble, erratique et
speedé à la fois. Même si l'on est encore loin des hauteurs à venir, un
Losey sacrément inspiré et prenant.
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