Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

Pages

mercredi 27 février 2013

Trois heures, l'heure du crime - Three O'Clock High, Phil Joanou (1986)


Un lycéen nerd, Jerry Mitchell, est contraint d'écrire une nouvelle pour le journal officiel de l'établissement à propos d'un nouveau venu, Buddy Revell, qui est réputé pour être un vrai barjo. Quand Jerry heurte accidentellement Buddy, ce dernier le met au défi de le retrouver à 3 heures du matin dans le parking du lycée pour régler leurs comptes. Jerry va devoir tout faire pour éviter la confrontation avec ce psychopathe.

Les trentenaires se souviennent certainement de Parker Lewis, excellente et délirante série ado qui rencontra un grand succès au début des années 90. Le plus souvent on associe la série à un décalque télévisé de La Folle Journée de Ferris Bueller, ultime et loufoque teen movie de John Hughes mais finalement hormis son facétieux héros pour tout le reste il faut aller chercher du côté de ce survolté et méconnu Three O'Clock High.

Le film est une sorte de géniale déclinaison adolescente du Train sifflera trois. Le lycée est en ébullition avec l'arrivée d'un nouvel élève que sa terrible légende précède, Buddy Revell (Richard Tyson). Le film débute d'ailleurs sur la rumeur de ses violents méfaits lors du brouhaha des conversations de couloirs. Jerry Mitchell (Casey Siemaszko) élève sans histoire va bien malgré lui croiser la route du danger public qu'il va se mettre à dos en ayant commis l'irréparable : le toucher. Revell lui fixe donc un funeste rendez-vous, à trois heures lors de la fin des cours il lui réglera son compte. Comme dans Le train sifflera trois fois, toute tentative d'aide extérieure est vouée à l'échec et une grande partie de l'intrigue repose sur les astuces de Jerry pour éviter la confrontation. Le script s'avère des plus inventifs pour faire monter avec drôlerie la tension et dépeindre les mœurs de cette communauté lycéenne.

La rumeur du combat s'étend à toute vitesse, attirant sur le discret Jerry les figures les plus azimutées tel ces deux élèves souhaitant faire un documentaire sur le "condamné" (pour le coup c'est carrément visionnaire du fonctionnement ado contemporain qui immortalise tout par l'image), les parieurs misant sur son temps de résistance, le principal qui arbore une allure à la Blofeld installé à son bureau. Cette journée maudite (phrase récurrente de Jerry accablé It's one of those days...) constitue en fait une forme de parcours initiatique pour Jerry forcé de sortir de sa coquille pour relever son plus grand défi.

Les stratagèmes pour y échapper se font ainsi plutôt lâche (cacher une arme dans le casier de Buddy pour le faire renvoyer, payer un membre de l'équipe de football pour lui régler son compte...) tandis que l'intrigue multiplie les allusions aux mythes (le cours de littérature où l'on étudie l'Iliade et le professeur ricanant avec sadisme sur le passage où Achille écharpe Hector) où dotant Buddy d'une menace quasi surnaturelle et omnisciente que Jerry ne peut fuir.

Le grand atout, c'est la mise en scène virevoltante et cartoonesque de Phil Joanou dont c'est le premier film (mais qui s'était fait la main sur la série Histoires Fantastiques de Spielberg ici producteur même s'il demanda à ne plus figurer au générique la folie du film étant loin de l'ersatz de Karaté Kid auquel il s'attendait).

Cadrages alambiqués et déroutants, zooms agressifs, mouvements de grue improbables, tout est fait ici pour désarçonner et nous plonger dans l'esprit apeuré de Jerry. Les contres plongées donnent à Buddy des allures de cyclope (Tyson s'en donnant à cœur joie dans le jeu monolithique), l'échelle des décors varie d'une scène à l'autre et à nouveau en hommage au Train sifflera trois fois les inserts d'horloges nous rapprochant de l'heure fatidique se multiplient de façon toujours plus démesurée.

Casey Siemaszko est épatant en nerd insignifiant forcé de se faire violence. Plutôt placide et quelconque au départ, son jeu se met progressivement à la hauteur de la folie de l'ensemble avec notamment une scène de fiche de lecture comme on a rarement vue (et une enseignante sous le charme qui reviendra suite aux projections test pour une sacrée scène finale) et surtout une résolution finale le voyant accepter le duel avec dignité. La bagarre en elle-même est assez décevante vu la montée en puissance pour l'introduire, Joanou ne parvenant pas tout à fait à croiser la dimension loufoque et le côté mythologique amorcé jusque-là (malgré un beau panoramique sur les spectateurs lycéens aux fenêtres faisant du parking une arène antique) même si le tout s'avère plutôt efficace.

Le final rattrape cependant cet écueil avec une nouvelle fois bons sentiments et légèreté (Jerry sauvé par la solidarité lycéenne) et facette héroïque où Jerry devenu légende à son tour voit ses exploits sources de conversations et rumeurs déformées par ses camarades admiratifs.

Sorti en dvd zone 1 chez Universal avec sous-titre français mais l'édition est épuisée et hors de prix donc se tourner plutôt vers le zone 2 anglais qui comporte des sous-titres anglais.

Extrait

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire