Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
Trois heures, l'heure du crime - Three O'Clock High, Phil Joanou (1986)
Un lycéen nerd, Jerry Mitchell, est
contraint d'écrire une nouvelle pour le journal officiel de
l'établissement à propos d'un nouveau venu, Buddy Revell, qui est réputé
pour être un vrai barjo. Quand Jerry heurte accidentellement Buddy, ce
dernier le met au défi de le retrouver à 3 heures du matin dans le
parking du lycée pour régler leurs comptes. Jerry va devoir tout faire
pour éviter la confrontation avec ce psychopathe.
Les trentenaires se souviennent certainement de Parker Lewis,
excellente et délirante série ado qui rencontra un grand succès au
début des années 90. Le plus souvent on associe la série à un décalque
télévisé de La Folle Journée de Ferris Bueller,
ultime et loufoque teen movie de John Hughes mais finalement hormis son
facétieux héros pour tout le reste il faut aller chercher du côté de ce
survolté et méconnu Three O'Clock High.
Le film est une sorte de géniale déclinaison adolescente du Train sifflera trois.
Le lycée est en ébullition avec l'arrivée d'un nouvel élève que sa
terrible légende précède, Buddy Revell (Richard Tyson). Le film débute
d'ailleurs sur la rumeur de ses violents méfaits lors du brouhaha des
conversations de couloirs. Jerry Mitchell (Casey Siemaszko) élève sans
histoire va bien malgré lui croiser la route du danger public qu'il va
se mettre à dos en ayant commis l'irréparable : le toucher. Revell lui
fixe donc un funeste rendez-vous, à trois heures lors de la fin des
cours il lui réglera son compte. Comme dans Le train sifflera trois fois,
toute tentative d'aide extérieure est vouée à l'échec et une grande
partie de l'intrigue repose sur les astuces de Jerry pour éviter la
confrontation. Le script s'avère des plus inventifs pour faire monter
avec drôlerie la tension et dépeindre les mœurs de cette communauté
lycéenne.
La rumeur du combat s'étend à toute vitesse, attirant sur le
discret Jerry les figures les plus azimutées tel ces deux élèves
souhaitant faire un documentaire sur le "condamné" (pour le coup c'est
carrément visionnaire du fonctionnement ado contemporain qui immortalise
tout par l'image), les parieurs misant sur son temps de résistance, le
principal qui arbore une allure à la Blofeld installé à son bureau.
Cette journée maudite (phrase récurrente de Jerry accablé It's one of those days...)
constitue en fait une forme de parcours initiatique pour Jerry forcé de
sortir de sa coquille pour relever son plus grand défi.
Les stratagèmes
pour y échapper se font ainsi plutôt lâche (cacher une arme dans le
casier de Buddy pour le faire renvoyer, payer un membre de l'équipe de
football pour lui régler son compte...) tandis que l'intrigue multiplie
les allusions aux mythes (le cours de littérature où l'on étudie
l'Iliade et le professeur ricanant avec sadisme sur le passage où
Achille écharpe Hector) où dotant Buddy d'une menace quasi surnaturelle et omnisciente que Jerry ne peut fuir.
Le grand atout, c'est la mise en scène virevoltante et cartoonesque de
Phil Joanou dont c'est le premier film (mais qui s'était fait la main
sur la série Histoires Fantastiques de Spielberg ici producteur même
s'il demanda à ne plus figurer au générique la folie du film étant loin
de l'ersatz de Karaté Kid auquel
il s'attendait).
Cadrages alambiqués et déroutants, zooms agressifs,
mouvements de grue improbables, tout est fait ici pour désarçonner et
nous plonger dans l'esprit apeuré de Jerry. Les contres plongées donnent
à Buddy des allures de cyclope (Tyson s'en donnant à cœur joie dans le
jeu monolithique), l'échelle des décors varie d'une scène à l'autre et à
nouveau en hommage au Train sifflera trois fois
les inserts d'horloges nous rapprochant de l'heure fatidique se
multiplient de façon toujours plus démesurée.
Casey Siemaszko est
épatant en nerd insignifiant forcé de se faire violence. Plutôt placide
et quelconque au départ, son jeu se met progressivement à la hauteur de
la folie de l'ensemble avec notamment une scène de fiche de lecture
comme on a rarement vue (et une enseignante sous le charme qui reviendra
suite aux projections test pour une sacrée scène finale) et surtout une résolution finale le voyant accepter le duel avec
dignité. La bagarre en elle-même est assez décevante vu la montée en
puissance pour l'introduire, Joanou ne parvenant pas tout à fait à
croiser la dimension loufoque et le côté mythologique amorcé jusque-là
(malgré un beau panoramique sur les spectateurs lycéens aux fenêtres
faisant du parking une arène antique) même si le tout s'avère plutôt
efficace.
Le final rattrape cependant cet écueil avec une
nouvelle fois bons sentiments et légèreté (Jerry sauvé par la solidarité
lycéenne) et facette héroïque où Jerry devenu légende à son tour voit
ses exploits sources de conversations et rumeurs déformées par ses
camarades admiratifs.
Sorti en dvd zone 1 chez Universal avec sous-titre français mais l'édition est épuisée et hors de prix donc se tourner plutôt vers le zone 2 anglais qui comporte des sous-titres anglais.
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