Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
Rose bonbon - Pretty in Pink, Howard Deutch (1986)
v
Au sein d'un lycée chic, les élèves
sont divisés : les 'riches' d'un côté, avec leur beaux costumes et leurs
fêtes, et les 'pauvres' de l'autre - musique punk, et rébellion. Andie
tente d'y survivre tant bien que mal, grâce à son esprit d'indépendance,
son père, et surtout ses amis, Duckie, Jena et également Iona, patronne
foldingue de la boutique de vinyles où Andie travaille après les cours.
Un jour, Blane, du camp des 'riches', fait son entrée. S'ensuivront
disputes, histoire d'amour, pleurs, réconciliations, jusqu'au tant
attendu bal de promo.
En cette année 1986, John Hughes en
finissait avec le genre auquel il donna ses lettres de noblesses, le
teen movie. D'abord en réalisant le cultissime La Folle Journée de Ferris Bueller puis en signant le scénario et en produisant ce Pretty in Pink mis en scène par Howard Deutch dont c'est le premier film (et qui réalisera un autre script de Hughes l'année suivante La Vie à l'envers).
On retrouve ici la grande thématique des comédies adolescentes de
Hughes à savoir le clivage du paraître au sein des communautés lycéennes
où chacun s'enferment dans un masque et une posture dissimulant sa
vraie personnalité et ses fêlures.
Hughes avait signé son chef d'œuvre
sur la question avec Breakfast Club
où il ramenait progressivement des pantins et archétypes du manège
lycéens (l'intello, le sportif, la bimbo, le rebelle) au statut de
personnage dans un bouleversant crescendo. Pretty in Pink creuse le même sillon ici mais avec un peu moins d'originalité puisque l'opposition cette fois est sociale et à la place du choral Breakfast Club on aura là une comédie romantique nettement plus convenue.
Le
traitement témoigne néanmoins de la finesse d'écriture de Hughes
notamment par la manière de montrer la séparation clans lycéens. Le film
est une sorte de Roméo et Juliette
teenage où le nanti Blane (Andrew McCarthy) et la "pauvre Andie (Molly
Ringwald) vont tomber amoureux l'un de l'autre et s'opposer ainsi à leur
milieu n'acceptant pas ce rapprochement entre leur deux mondes. Cela
est amené subtilement, narrativement comme visuellement avec ces regards
furtifs entre les amoureux dans le cadre du lycée témoignant autant
d'une timidité naturelle que d'une gêne lus problématique vis à vis de
la réaction des autres.
Les premiers échanges se déroulent donc
forcément à l'abri des regards, que ce soit dans le magasin de disque où
travaille Andie où à travers un dialogue informatique ancêtre du chat.
Ce n'est qu'en montrant les difficultés de ce rapprochement que l'on
découvrira les univers opposés au cœur du fonctionnement du lycée :
c'est un établissement d'élite pour riche où Andie et quelques autres de
milieu plus modestes sont inscrit mais certainement pas intégrés. Les
petites moqueries vestimentaires que subit Andie et qui pourrait passer
pour anecdotique prennent donc un tout autre sens dans cet optique.
Quelques
choix discutables font néanmoins tiquer telle cette vision du monde
assez uniforme. Les pimbêches riches sont toutes des bimbos blondes
écervelées, l'esthétique n'est pas très heureuse dans sa séparation des
deux sociétés (brushing impeccable et veste décontractée pour les
riches, look punk multicolore pour les pauvres), la façon assez
schématique de renvoyer les préjugés dos à dos lorsque chaque amoureux
accompagne l'autre dans son milieux au point d'altérer la cohérence de
l'ensemble (comme emmener pour un premier rendez-vous sa copine dans une
fête gorgée de gens hostile plutôt que d'apprendre à la connaître seul
avec elle).
On est loin de l'intelligence d'un Breakfast Club
mais la comédie romantique exigeait sans doute ce traitement plus
manichéen d'autant plus que les scènes sentimentales sont splendides.
Le
premier baiser dans la pénombre à la lumière des phares de voiture est
craquant, le spleen de la séparation sur le titre Elegia
de New Order superbe et Molly Ringwald est toujours aussi attachante
tel ce moment où elle refuse que Blane la raccompagne et voit sa demeure
dont elle a honte. Les quelques respirations arrivent lorsque le film
s'échappe de son schéma restrictif grâce aux échanges avec la délurée
mère de substitution Iona (Annie Potts), l'assurance gauche et fragile
du meilleur ami amoureux Duckie (Jon Cryer) et surtout un très touchant
Harry Dean Stanton en père traumatisé par le départ de son épouse.
Plus convenu et pas à la hauteur des films directement réalisés par Hughes (si ce n'est Une créature de rêve qui vieillit assez mal) mais sympathique dans sa naïveté et sa candeur.
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