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jeudi 21 février 2013

Rose bonbon - Pretty in Pink, Howard Deutch (1986)

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Au sein d'un lycée chic, les élèves sont divisés : les 'riches' d'un côté, avec leur beaux costumes et leurs fêtes, et les 'pauvres' de l'autre - musique punk, et rébellion. Andie tente d'y survivre tant bien que mal, grâce à son esprit d'indépendance, son père, et surtout ses amis, Duckie, Jena et également Iona, patronne foldingue de la boutique de vinyles où Andie travaille après les cours. Un jour, Blane, du camp des 'riches', fait son entrée. S'ensuivront disputes, histoire d'amour, pleurs, réconciliations, jusqu'au tant attendu bal de promo.

En cette année 1986, John Hughes en finissait avec le genre auquel il donna ses lettres de noblesses, le teen movie. D'abord en réalisant le cultissime La Folle Journée de Ferris Bueller puis en signant le scénario et en produisant ce Pretty in Pink mis en scène par Howard Deutch dont c'est le premier film (et qui réalisera un autre script de Hughes l'année suivante La Vie à l'envers). On retrouve ici la grande thématique des comédies adolescentes de Hughes à savoir le clivage du paraître au sein des communautés lycéennes où chacun s'enferment dans un masque et une posture dissimulant sa vraie personnalité et ses fêlures.

Hughes avait signé son chef d'œuvre sur la question avec Breakfast Club où il ramenait progressivement des pantins et archétypes du manège lycéens (l'intello, le sportif, la bimbo, le rebelle) au statut de personnage dans un bouleversant crescendo. Pretty in Pink creuse le même sillon ici mais avec un peu moins d'originalité puisque l'opposition cette fois est sociale et à la place du choral Breakfast Club on aura là une comédie romantique nettement plus convenue.

Le traitement témoigne néanmoins de la finesse d'écriture de Hughes notamment par la manière de montrer la séparation clans lycéens. Le film est une sorte de Roméo et Juliette teenage où le nanti Blane (Andrew McCarthy) et la "pauvre Andie (Molly Ringwald) vont tomber amoureux l'un de l'autre et s'opposer ainsi à leur milieu n'acceptant pas ce rapprochement entre leur deux mondes. Cela est amené subtilement, narrativement comme visuellement avec ces regards furtifs entre les amoureux dans le cadre du lycée témoignant autant d'une timidité naturelle que d'une gêne lus problématique vis à vis de la réaction des autres.

Les premiers échanges se déroulent donc forcément à l'abri des regards, que ce soit dans le magasin de disque où travaille Andie où à travers un dialogue informatique ancêtre du chat. Ce n'est qu'en montrant les difficultés de ce rapprochement que l'on découvrira les univers opposés au cœur du fonctionnement du lycée : c'est un établissement d'élite pour riche où Andie et quelques autres de milieu plus modestes sont inscrit mais certainement pas intégrés. Les petites moqueries vestimentaires que subit Andie et qui pourrait passer pour anecdotique prennent donc un tout autre sens dans cet optique.

Quelques choix discutables font néanmoins tiquer telle cette vision du monde assez uniforme. Les pimbêches riches sont toutes des bimbos blondes écervelées, l'esthétique n'est pas très heureuse dans sa séparation des deux sociétés (brushing impeccable et veste décontractée pour les riches, look punk multicolore pour les pauvres), la façon assez schématique de renvoyer les préjugés dos à dos lorsque chaque amoureux accompagne l'autre dans son milieux au point d'altérer la cohérence de l'ensemble (comme emmener pour un premier rendez-vous sa copine dans une fête gorgée de gens hostile plutôt que d'apprendre à la connaître seul avec elle).

On est loin de l'intelligence d'un Breakfast Club mais la comédie romantique exigeait sans doute ce traitement plus manichéen d'autant plus que les scènes sentimentales sont splendides.

Le premier baiser dans la pénombre à la lumière des phares de voiture est craquant, le spleen de la séparation sur le titre Elegia de New Order superbe et Molly Ringwald est toujours aussi attachante tel ce moment où elle refuse que Blane la raccompagne et voit sa demeure dont elle a honte. Les quelques respirations arrivent lorsque le film s'échappe de son schéma restrictif grâce aux échanges avec la délurée mère de substitution Iona (Annie Potts), l'assurance gauche et fragile du meilleur ami amoureux Duckie (Jon Cryer) et surtout un très touchant Harry Dean Stanton en père traumatisé par le départ de son épouse.

Plus convenu et pas à la hauteur des films directement réalisés par Hughes (si ce n'est Une créature de rêve qui vieillit assez mal) mais sympathique dans sa naïveté et sa candeur.

Sorti en dvd zone 2 français chez Paramount

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