Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
L'Étrange pouvoir de Norman - ParaNorman, Sam Fell et Chris Butler (2012)
Norman est un petit garçon qui a la capacité de parler aux morts. Celui-ci va devoir sauver sa ville d'une invasion de zombies.
L’Étrange pouvoir de Norman confirme les espoirs fondés en Laika, nouveau studio d’animation stop-motion qui avait en 2009 enchanté avec sa première production, Coraline. Doté de fulgurances visuelles qui avaient permis de rétablir l’aura de
son réalisateur Henry Selick (un peu trop considéré comme exécutant de
Tim Burton surL’Étrange Noël de Monsieur Jack en 1993), Coraline retranscrivait merveilleusement le ton à la fois inquiétant et merveilleux du conte de Neil Gaiman. Coraline avait réussi le pari d’être accessible sans négliger sa facette réellement horrifique et L’Étrange pouvoir de Norman réitère cet exploit.
Le pitch est ainsi celui d’un vrai film d’épouvante gothique que n’aurait pas renié le Mario Bava du Masque du Démon (1960).
Une petite banlieue américaine vit sous la menace d’une malédiction
causée par le lynchage d’une sorcière 300 ans plus tôt et pouvant
provoquer le réveil des morts. Le seul pouvant empêcher le désastre est
le chétif Norman, petit garçon mis au ban de sa famille et de ses
camarades à cause de son don à voir et communiquer avec les morts.
Le spectre de Tim Burton plane au-dessus de cette histoire où l’on
retrouve bien bon nombre de ses thématiques : héros marginal, banlieue
américaine où règnent bêtise et conformisme (le final à la Frankenstein
où la populace exprime sa soif de destruction). L’influence est
évidente mais loin du romantisme désespéré de Burton, Chris Butler
(coréalisateur et scénariste) apporte une réelle patte personnelle.
Cela
se manifeste par des touches référentielles, amenées de manière
constamment ludique, et inventive avec la bande son qui s’orne de
relents synthétiques façon John Carpenter (sans compter une « apparition
» du croque-mitaine de Halloween) ou la petite bande menant la chasse au zombies ouvertement associée à Scoubidou,
camionnette incluse. L’aspect macabre est également des plus
décomplexés avec nombre de détails peu ragoûtants (le cadavre de
l’oncle) plus ou moins atténués par l’humour mais bien présent, sans
parler des looks outranciers et pas vraiment mignons de certains
personnages.
Le héros figure surtout un double de Chris Butler lui-même et de son
adolescence difficile, ainsi que du lien étroit qu’il entretenait avec
sa grand-mère, qui vient ici conseiller et veiller sur Norman depuis
l’au-delà. On découvrira ainsi que les monstres ne sont pas forcément
ceux que l’on croit, la sorcière démoniaque entretenant finalement plus
de lien avec Norman car victime de la même exclusion injuste. Le message
de tolérance et d’acceptation de soi lie ainsi profondément le héros à
sa supposée ennemie tout en renvoyant les quidams à leur préjugés, et à
leur conséquences dramatiques.
Sous l’aventure trépidante, cette
profondeur surprend agréablement et parvient à surclasser Les Noces funèbres
(2005) de Tim Burton (sur lequel officia d’ailleurs le studio Laika),
assez proche dans le fond mais pêchant par une morale finale douteuse.
Une belle réussite qui rend donc désormais impatient de découvrir les
futures œuvres produites par Laika, définitivement acteur majeur du
paysage de l’animation actuelle.
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