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mercredi 20 mars 2013

Les maraudeurs attaquent - Merrill's Marauders, Samuel Fuller (1962)


Durant la Seconde Guerre mondiale, en 1944, le général Joseph Stilwell ordonne le déploiement en Birmanie des unités américaines de volontaires destinées à vaincre la résistance de l'armée impériale japonaise. Parmi elles se trouve l’Unité Galahad (5307), commandée par le général Frank Merrill, et surnommée "Les Maraudeurs de Merrill". L'unité, dont le rôle est d'appuyer la Force X progresse difficilement dans la jungle birmane, d'un point d'attaque à l'autre, et ses hommes vite épuisés par des marches forcées et des attaques contre des forces mieux équipées. Le général Merrill souffre lui-même de problèmes cardiaques, mais le cache à ses hommes et les exhorte à poursuivre l'avancée.

En 1945, Raoul Walsh réalisait un chef d'œuvre du film de guerre avec son Aventures en Birmanie, évocation captivante de campagne de Birmanie. Le film valait surtout pour ses formidables qualités formelles avec sa jungle filmée avec une rare puissance par Walsh (et modèle de futurs classique comme le Predator de McTiernan), son aura menaçante créé par ses ennemis japonais invisibles et la hargne de ses affrontements. Cela n'en restait pas moins un film de propagande, va-t’en guerre et à la gloire des Etats-Unis où à part la star Errol Flynn les soldats en étaient réduit à des archétypes et des silhouettes (en plus de fausser la réalité en montrant une unité américaine seulement alors que cette campagne fut surtout menée par les armées indiennes, chinoise et britanniques). Dix-sept ans plus tard, Fuller en réalise donc une sorte de pendant plus humain, ce qui est finalement normal puisque le réalisateur fut soldat durant cette guerre en Europe et Afrique du Nord.

Ce réalisme est renforcé par le fait de traiter de la vraie l' Unité Galahad dite des "Maraudeurs de Merrill" qui se montra héroïque durant cette campagne birmane. Les combats sont ici rares et constituent l'aboutissement de l'endurance et du courage de ses soldats. Les vrais ennemis sont la jungle, l'humidité, la chaleur et les diverses maladies tropicales qui amènent des troupes considérablement diminuées sur le front. Fuller nous dépeint cette communautés avec brio et concision, esquissant les personnalités de chacun et nous les rendant attachant immédiatement, que ce soit ce japonais fier de combattre au côté des américains (belle scène où il se révolte lorsqu'on évoque sa tenue négligée), cet autre ayant reporté son affection sur sa mule Eleanor.

Au centre du récit on a surtout la relation père/fils entre le général Frank Merrill (Jeff Chandler dans son dernier rôle) et le lieutenant Stockton (Ty Hardin). Tous deux très attachés à leurs hommes ils se différencient pourtant par leur sens du sacrifice. Stockton fraîchement promu est marqué dans sa chair à la perte de chacun de ses soldats (la scène où il n'arrive pas à rédiger des lettres de condoléances) quand Merrill en chef pragmatique parvient à mettre ses sentiments de côté pour un sens du sacrifice marqués, surtout pour lui-même comme on le découvrira.

Ce sacrifice conduira l'unité à renoncer à la rotation promise de longue date pour une ultime mission désespérée où ils devront traverser jungle, colline et désert pour aller s'emparer d'une base japonaise. C'est un long chemin de croix où l'on verra les soldats succomber plus aisément à ce terrible voyage qu'aux balles même si le danger peut toujours surgir à tout moment avec les bombardements des avions ennemis. Le conflit moral est très intense entre les deux héros et Jeff Chandler est formidable en mêlant brillamment détermination guerrière et réelle compassion. Ty Hardin déploie un sacré charisme aussi et il est bien dommage que l'on ne l'ait guère vu dans d'autres rôles majeurs par la suit il en avait l'envergure.

Fuller filme cela dans un scope de toute beauté, mettant en valeur les paysages sauvages brûlés par le soleil tout en restant au plus près de ces soldats. Le film constitue d'ailleurs une forme de premier aboutissement (avant le définitif The Big Red One en 1980) de sa manière d'illustrer la guerre et ses combattants avec nombres de situations et personnages évoquant ces précédentes incursion dans le genre comme J'ai vécu l'enfer de Corée (1951) ou Baïonnette au canon (1951). L'affrontement final en forme de brutal corps à corps face à un ennemi supérieur en nombre est donc une belle célébration du courage et de ses hommes puisant dans leurs dernières ressources pour survivre.

Les combats sont âpres et d'une violence saisissante, le générique figeant les survivants dans la légende l'armée en les montrant aller achever cette mission d'assaut plus morts que vifs, la voix-off nous narrant leur victoire contre tout attente. En se plaçant ainsi à hauteur d'homme, Fuller vante plus les soldats, leur courage et leur solidarité que les drapeaux et un quelconque patriotisme.

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner


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