Le rédacteur en chef
du Day, Ed Hutcheson, apprend que son journal va fermer et être vendu au
propriétaire d'un tabloïd, The Herald. Une affaire criminelle impliquant un
personnage véreux, Tomas Rienzi, va changer la donne.
La nature d’intellectuel engagé et la prédilection de sujets
forts se confirme pour Richard Brooks avec ce vibrant plaidoyer pour le
journalisme qu’est Deadline – U.S.A..
Le film s’inspire de vraie fermeture du journal New York World qui eut lieu en 1931, orchestrée par les fils de son
prestigieux fondateur, Joseph Pulitzer. Le scénario de Richard Brooks part d’un
même postulat avec son quotidien imaginaire The
Day qui s’apprête à être revendu à la concurrence pour de basses manœuvres financière
par les héritières de son fondateur. Le réalisateur passé par le journalisme
avant d’intégrer le monde du cinéma y voyait un sujet majeur, tant dans l’expression
de liberté et intégrité de la presse que d’une forme de réponse au maccarthysme
au plus fort de ses méfaits à cette période.
Le personnage de rédacteur en chef Ed Hutcherson (Humphrey
Bogart) représente ainsi toutes ses vertus face à l’adversité. The Day s’apprête ainsi à être vendu à
un concurrent plus racoleur et par la même cesser son activité, la collusion
économique étant vu comme une autre forme de pression pour entraver la liberté
d’expression. Un dernier coup d’éclat pourrait pourtant relancer le journal en dénonçant
les méfaits de Tomas Rienzi (Martin Gabel), personnage véreux orientant les
élections par la violence et l’intimidation. La flamme du journaliste est ici
ardente, elle ne pâlit que par intermittence (la veillée funèbre ironique et
alcoolisée de la rédaction après l’annonce de la vente) pour repartir de plus belle
dans ce qui constitue un vrai sacerdoce. Richard Brooks capture cela en
promenant sa caméra dans l’ensemble du journal, de la frénésie de la rédaction
au bruit assourdissant des rotatives en sous-sol.
De façon plus intime on le
ressent à travers la vie intime chaotique de Hutcherson, divorcé essayant de
reconquérir sa femme (Kim Hunter) mais constamment rappelé à l’urgence de l’article
en cours. Ce sacrifice s’exprime de manière sous-jacente par la rancœur qu’on
devine chez les deux héritières qui vendent The
Day autant par vengeance à ce journal qui leur a volé leur père que par
intérêt financier. Les beaux personnages d’Ethel Barrymore et celui de Kim
Hunter montrent des figures féminines modernes et nobles dans leur acceptation
ou refus de partager un époux avec cette vocation (également dans une courte
scène où Bogart croise la femme d’un journaliste hospitalisé pour agression) si
accaparante.
Si Martin Gabel campe un mafieux un peu caricatural, la
menace qu’il représente pour cette liberté d’expression apparaît dans quelques
éclairs de violence de ses impitoyables hommes de main. Le travail d’enquête et
d’investigation est assez simplifié et raccourci dans le cadre du film mais
souligne intelligemment la conviction, la droiture et le ton rassurant que doit
dégager le journaliste face aux interlocuteurs dont il souhaite soutirer des
informations. Ainsi c’est un choix de ne pas avoir céder à la photo racoleuse
du cadavre d’une victime qui amène la preuve définitive permettant de boucler l’affaire
Rienzi lors de la conclusion. Un journal peut mourir mais jamais le pouvoir de
l’information et la quête de vérité de ceux qui la délivre.
Sorti en dvd zone 2 français et Bluray chez Rimini
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