Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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dimanche 22 mars 2020

Broadcast News - James L. Brooks (1987)


Le film raconte le triangle amoureux entre Jane Craig (Holly Hunter) et deux de ses collègues de travail, Aaron (Albert Brooks) et Tom (William Hurt). Jane est une productrice rangée et travaille à l'antenne d'une chaine de télévision. Aaron, lui, est un reporter talentueux et secrètement amoureux de Jane, tandis que Tom est un présentateur charismatique et télégénique aussi amoureux de Jane.

L’art de James L. Brooks réside dans sa capacité à inscrire sa narration dans un quotidien, à façonner une proximité avec ses personnages qui associe le feuilletonnant de la série tv et l’ampleur du cinéma. Cette formule avec brillé dès Tendres Passions (1983) premier film du réalisateur au succès immense et couronné de récompense dont 5 Oscars. Après le récit intime et familial de ce film, quoi de mieux que de développer cette approche dans un milieu professionnel, où justement les interactions des personnages peuvent accompagner une réflexion et vision plus vaste ? Ce sera le cas avec ce captivant Broadcast News qui nous plonge dans le quotidien d’une chaîne d’info.Brooks part donc de ses trois protagonistes pour développer une réflexion plus profonde. Dès la savoureuse intro sur leur enfance leur caractère est posé. Jane (Holly Hunter) est une de nature angoissée mais une professionnelle aguerrie dans son métier de productrice. 

Son meilleur ami et collègue Aaron (Albert Brooks) est quant à lui un journaliste brillant et érudit en quête de reconnaissance. Le nouveau venu Tom (William Hurt), moins érudit et complexé par ses origines modestes est un présentateur promis à un brillant avenir par son charisme et sa télégénie. En début de film Jane présente devant une audience dissipée une conférence sur les dangers qui guettent le traitement de l’information à la télévision, allant de plus en plus vers l’entertainment. Dans le triangle amoureux qui va se former entre nos trois personnages, les enjeux seront donc à la fois intimes et idéologiques. Les héros s’envient mutuellement tous quelque chose, ce qui crée une dichotomie dans leurs sentiments et leur éthique. Tom représente ainsi tout ce dévoiement du journalisme que rejette Jane qui ne peut s’empêcher d’être amoureuse de lui. A l’inverse Aaron est un miroir intellectuel et un confident complice mais lui mais malgré son talent il envie également la lumière et l’aisance de Tom. Enfin ce dernier par son sentiment d’illégitimité est à l’écoute des conseils des deux autres tout en sapant leurs principes dans son application. 

Brooks traduit ces tourments dans l’urgence de la vie de cette chaîne retranscrite avec un réalisme rigoureux. Le personnage de Jane s’inspire en effet de la vraie journaliste/productrice Susan Zirinsky qui servit de consultante sur le film. La mise en scène de Brooks parvient ainsi à tisser un dynamique dramatique où l’adrénaline de l’information et les le troubles de la romance se jouent. La scène où Tom est intronisé à son premier JT appuie ainsi la réactivité demandée en direct dans le traitement d’une actu brûlante. L’inventivité du montage, la multiplicité des points de vue (celui de la régie, du journaliste, des caméramans et in fine du spectateur) joue à la fois du collectif et de l’intime avec ces cadrages tissant la connexion entre Tom et Jane. 

Un agréable parfum de soap-opera alterne ainsi avec cette approche plus politique (et vérifiée dans l’évolution de l’information aujourd’hui), mais Brooks conserve toute son empathie pour les trois héros, individus avant d’être des totems idéologiques. L’humilité de Tom contredit ainsi l’arrogance qu’il dégage (notamment dans un remarquable et vindicatif échange avec Aaron) tandis que Jane et Aaron tout vertueux qu’ils soient ne sont pas dénués de condescendance et mesquinerie. Tous les acteurs sont remarquables et traduisent brillamment toutes ces nuances sous le regard bienveillant de Brooks, même si l’émotion à fleur de peau de Tendres Passions ne se retrouve pas totalement.  

Sorti en dvd zone 1 chez Criterion et doté de sous-titres anglais 

 

2 commentaires:

  1. J'adore ce film que j'ai vu au moins deux fois sur Canal+ il y a quelques années. C'est un de mes films préférés des années 80. les personnages sont formidables, l'histoire aussi et tout sonne vrai, juste. Dommage que James L. Brooks n'ai rien fait d'aussi réussi après une telle réussite.

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    1. Dans les plus tardifs j'aime bien "Pour le pire et pour le meilleur" par contre le dernier "Comment savoir" ne m'a pas laissé un souvenir impérissable...

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