Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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samedi 21 mars 2020

The Friends - Natsu no niwa, Shinji Somai (1994)

Pendant les vacances d'été, trois garçons s'amusent à espionner, avec des idées macabres en tête, un vieillard excentrique qui vit seul dans une maison isolée. Petit à petit, ils se rapprochent et découvrent un homme hors du commun.

Shinji Somai signe ici un de ses plus beaux portraits d'enfance dans une de ses œuvres relativement méconnues. Nous suivons ici les trois jeunes garçons Kiyama (Naoki Sakata), Kawabe (Yasutaka Oh) et Yamashita (Ken'ichi Makino) le temps d'un été où comme souvent chez Somai il sera question de découverte pour des protagonistes juvéniles. Yamashita ayant perdu récemment sa grand-mère et Kawabe n'ayant jamais connu son père (dont il invente un passé et des métiers flamboyant dans une logorrhée mythomane) se découvrent une sorte d'obsession pour la mort.

Celle-ci est restée abstraite par l'incinération de la grand-mère de Shinji et du père absent de Kawabe, et ils souhaitent en avoir une vision concrète. Ils vont donc entraîner Kiyama dans l'espionnage d'un vieil excentrique (Rentarô Mikuni) du quartier son grand âge le rapprochant certainement d'une mort qu'ils pourront observer. Le vieillard bien vivant vit pourtant une existence guère gratifiante dans sa demeure délabrée qu'il ne quitte que pour de rares courses. Une complicité s'installe pourtant entre lui et ses poursuivants en culottes courtes, qui vont éclairer son quotidien tout en débroussaillant son jardin.

D'habitude Shinji Somai orchestre un évènement extraordinaire (le typhon de Typhoon Club (1985), le divorce de Moving (1993)) pour marquer la bascule de ses jeunes héros. Rien de tout cela ici où l'ambiance est essentiellement bienveillante et chaleureuse, la progression du récit se soumettant à ce que l'on apprend des personnages. La curiosité, la recherche de modèle masculin et une vraie amitié entraînent l'attachement des garçons pour leur aîné, qui se déride et se confie à eux le temps d'une nuit pluvieuse. La mort superficiellement recherchée par les enfants s'invite à eux à travers le passé douloureux de leur ami et les fantômes du Japon guerrier de la Seconde Guerre Mondiale.

La jolie pastille d'été s'orne d'une gravité et profondeur inattendue, mais où la tendresse et la bienveillance surmonte tout. Shinji Somai tisse un écrin chaleureux qui anticipe grandement les meilleurs opus d'un Kore-eda, notamment ceux qui captivent dans cette même approche sans conflit ni bascule dramatique comme Notre petite sœur (2015). L'onirisme cher au réalisateur s'estompe (même s'il peut s'inviter par intermittence comme lors de la belle dernière scène du puits, papillon et lucioles) pour quelque chose de plus concret, de plus ancré au sol, à la manière des fleurs que les enfants auront planté dans le jardin du vieillard qui à son tour a retrouvé recouvré les racines du cœur (et des souvenirs) de son aimée. Une œuvre délicate, poétique et lumineuse.

 Malheureusement inédit en dvd français pour l'instant (pourtant tout fut remis en lumière lors de la rétro 2012 à la cinémathèque française)

Extrait du début du film

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