Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
La Valse dans l'ombre - Waterloo Bridge, Mervyn LeRoy (1940)
A l'aube de la seconde guerre mondiale, alors que les londoniens se prépare à une existence difficile avec le conflit imminent face aux allemands, le vieil officier joué par Robert Taylor se souvient. Plus de 20 ans plus tôt, dans un contexte similaire à l'aube de la première guerre mondiale il vécu une histoire d'amour passionnée avec une danseuse de ballet. Un mélo absolument somptueux et poignant porté par un couple magnifique, surtout Vivien Leigh poignante dans son premier rôle après le triomphe de Autant en emporte le vent.
Le début se déroule comme dans un rêve éveillé, avec la rencontre des héros un soir d'alerte (point de départ qui rappelle un peu le Shanghai Blues de Tsui Hark ça ne serait pas étonnant qu'il l'ait vu) et leur passion naissante. L'urgence de la guerre et la séparation imminente accélère tout et le couple brûle les étapes pour se déclarer immédiatement et envisager le mariage. Le Roy multiplie les moments magiques dans cette première partie, l'arrivée de Taylor au théâtre, le dîner et la valse que le couvre feu n'interrompe pas (d'où le très beau titre français du film).
Virage plus sombre ensuite où, en optant pour le contexte de la première guerre mondiale le film se fait en fait écho des difficultés que subissaient alors les londoniens (le film date de 1940), entre les privations quotidiennes et les bombardements allemands. Le personnage de Vivien Leigh donc, livré à lui même et croyant un temps Taylor mort va devoir s'abaisser à la prostitution. Code Hays oblige, le mot n'est jamais prononcé mais le film est parfaitement explicite là dessus.
Personnage fragile et angoissé, Vivien Leigh ne se pardonnera jamais cette dépravation même une fois le bonheur retrouvé et Le Roy excelle à montrer sa culpabilité par quelques belles idées (décors s'assombrissant autour de Vivien Leigh pour montrer son isolement, vue subjective sur des symbole ou objet aptes à éveiller son mal être intérieur) et surtout une prestation fabuleuse de Vivien Leigh, aussi belle et torturée que dans Autant en emporte le vent. La plastique du film l'élève au dessus du tout venant du mélo hollywoodien, avec un Londres féérique ou oppressant selon les états d'âmes de son héroïne avec un noir et blanc somptueux de Joseph Ruttenberg.
C'est sur le pont de Waterloo que tout commence (la rencontre), tout se dérègle (la déchéance dans la prostitution dans une scène sordide et sobre à la fois) et tout se termine lors d'un final glaçant et inéluctable. C'est sur le pont aussi que le vieux Robert Taylor viendra se rappeler goûter la nostalgie du temps passé avant de repartir pour une autre guerre, seul avec ses souvenirs et sans personne pur l'attendre cette fois.
Trouvable en dvd zone 1 Warner restauré (le noir et blanc est vraiment magnifique voyez les captures) et doté de sous titres français
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