Une américaine fortunée découvre que son mari, un aristocrate anglais, l'a épousée pour sa fortune et aime une autre femme.
Avec
ce quatrième film au sein de la RKO de son ami David O Selznick, George
Cukor s'affirmait définitivement comme le peintre virulent des milieux
nantis et observateur sensible des personnages féminins, ce que confirme ses deux
autres films réalisés cette année-là (
Les Invités de huit heures et
Les Quatre filles du Docteur March). Il adapte ici une pièce de Somerset
Maugham où seront dépeintes sous son regard acéré les affres de la
haute société britannique.
Un des thèmes majeur sera également le
complexe d'infériorité des américains face aux anglais, perdant en
quelques sorte leurs âmes en se pliant à la froideur des mœurs de
l'aristocratie britannique et leurs origines constituant un poids
presque honteux ou pour les plus lucides un paradis perdu. C'est une
cruelle désillusion qui va ainsi former à cette dure réalité notre
héroïne Pearl Grayston (Constance Bennett), riche héritière américaine
découvrant le jour de son mariage que son noble d'époux en aime une
autre et ne l'a épousée que pour son argent.

On la retrouvera cinq ans
plus tard désormais bien rodée à ce manège de cynisme et d'hypocrisie et
Cukor illustre brillamment ce changement en une scène magistrale. Une
réception mondaine à la cours voit Lady Pearl se démarquer de ses
compagnes lors de sa présentation toute de noir vêtue tandis que le
protocole exige le blanc, sans parler de son salut plus provocant que
gracieux et de ses manières désinvolte. Elle est l'attraction principale
de cet univers et souhaite désormais y former sa jeune sœur Bessie
(Anita Louise) en la mariant à un aristocrate.

Le scénario ne
propose pas de vraie intrigue directrice mais plutôt des tranches de vie
où Cukor va sonder les codes de ce milieu avant de placer les
personnages face à leurs contradictions. Le cercle de Lady Pearl est
ainsi constitué d'américains exilés se donnant de grands airs, et ceux
qui ne le font pas ont un portefeuille suffisamment garni pour se le
permettre à l'image de Fenwick (Minor Watson) amant et bienfaiteur qui a
conservé un accent et des manières rustres tout ce qu'il y a de yankee.
Tout se joue en fonction du regard de l'autre, à l'image de l'aveu
d'adultère où le malaise est dissimulé sous un éclat de rire commun tant
qu'il n'est pas avéré et qui provoquera le scandale dès qu'il sera
découvert aux yeux de tous.

Les rares élans de désir sincère (Pearl
cédant aux avances du gigolo Pepi) s'avéreront aussi éphémère que
factice, tous les écarts et trahisons son permis tant que leurs écho ne
dépassent pas le cercle (Fenwick autorisant presque Pearl à le tromper
tant qu'il n'est pas au courant) qui forme ainsi un vase clos voué à la
superficialité.
Sous ce constat amer, Cukor parvient néanmoins à faire
rire grâce à quelques scènes hilarantes comme les manœuvres de Pepi pour
se faire payer une voiture par sa protectrice et l'émotion se manifeste
enfin lors de la prise de conscience finale de Pearl face au dégout de
sa sœur. Entre rédemption, recul et éternel recommencement (un cours de
danse résolvant tous les conflits) Cukor conclut l'ensemble entre
cynisme et espoir.
Sorti en dvd aux éditions Montparnasse dans la collection RKO
Extrait
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