Alec Walker (Cary Grant) fait la
connaissance d'une jeune artiste Julie Eden (Carole Lombard). Il
voudrait l'épouser, mais il est déjà marié avec la très calculatrice
Maida (Kay Francis) qui lui refuse le divorce...
Un
beau mélo qui se penche sur la difficulté à refaire sa vie, renforcée
bien sûr par le contexte moral de l'époque. L'originalité est ici de
faire du personnage le plus fragile et victime du destin un homme. Cet
homme, c'est Alec Walker (Cary Grant) vivant un mariage malheureux avec
une femme (Kay Francis) l'ayant épousé pour son argent jusqu'à sa
rencontre avec la jolie veuve Julie Eden (Carole Lombard). Le poids des
conventions va rendre cette situation inextricable par le refus de
l'épouse intéressée de divorcer, rendant le couple illégitime de plus en
plus coupable. L'infidélité est tacitement acceptée tant qu'on ne brise
pas la sacro-sainte entité du mariage et tout pousse, de la meilleure
amie perfide et pressante (Helen Vinson) aux parents moralisateurs à ne
rien changer de cet état de fait.
C'est contre cette fatalité que va se
rebeller le personnage de Cary Grant, déterminé et vulnérable à la fois.
Ici ce sont les femmes qui mènent le jeu. Carole Lombard offre une
magnifique prestation dramatique avec cette jeune femme amoureuse et
hésitante dont la sincérité va redonner symboliquement puis
littéralement lors de la conclusion gout à la vie à un Cary Grant brisé
par une morale inhumaine. Face à elle Kay Francis compose une épouse
perfide à souhait et manipulatrice, le masque bienveillant et la beauté
dissimulant un monstre d'égoïsme. Une des meilleures compositions de
l'actrice qui parvient à être détestable et jouant à merveille de son
aura de douceur et de glamour pour exprimer la superficialité du
personnage.
Cary Grant et Carole Lombard tout en sobriété
poignante composent un couple magnifique où les moments romantiques
comme de désespoir s'ornent d'une grande intensité et montrent l'étendue
du registre des deux acteurs plus souvent vus dans des rôles léger et
comiques.
Face à leur amour bien des obstacles pas forcément aux
mauvaises intentions mais guidés par une morale vaine (la sœur de Julie
jouée par Katharine Alexander, les parents d'Alec ou on retrouve un
Charles Coburn bourru) ou alors la simple perfidie (la meilleure amie et
ses piques acérées), le poids des apparences devant être maintenu au
détriment du bonheur de l'individu. Le très beau final l'éprouve
jusqu'au bout mais notre couple aux abois restera plus uni que jamais
tandis que les masques tombent enfin. Une belle découverte.
Sorti en dvd zone 2 français aux Editions Montparnasse dans la collection RKO
Extrait
Tótem (2024) de Lila Avilés
Il y a 5 heures
Merci pour le billet ! A mettre sur la liste des films "à voir"...
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