Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
Double Chance - Lucky Partners, Lewis Milestone (1940)
David Grant partage un billet de
loterie avec Jean Newton. Avec leurs gains, ils entreprennent alors une
lune de miel « imaginaire ».
Lucky Partners
est un des plus gros succès de la RKO de 1940 et voit la rencontre
entre le charme distingué de Ronald Colman et la gouaille de la
populaire working class girl Ginger Rogers dans une délicieuse comédie
romantique. Dès l'ouverture, tout semble prédestiné pour lier les
destins de David Grant (Ronald Colman) et Jean Newton (Ginger Rogers).
Charmé par l'allure de Ginger Rogers qu'il croise dans la rue, Ronald
Colman lui lance un amical et innocent "Bonne chance !" dont il ne
devine pas les conséquences. Soudainement auréolée d'une chance
étonnante après ce salut d'un inconnu, elle décide de reprendre sa
marotte abandonnée pour la loterie et de partager un billet de loterie
avec Colman. Celui-ci accepte mais au lieu d'empocher sa part du gain
potentiel lui propose de lui un voyage en commun, une fausse lune de
miel platonique vu qu'elle s'apprête à se marier avec le balourd
Frederick (Jack Carson).
Ce pitch improbable (et en fait remake du Bonne chance !
(1935) de Sacha Guitry) fait reposer tout son charme sur la
personnalité des deux interprètes et des étincelles naissant de leurs
caractère opposé. C'est par cette opposition constante que l'impossible
sera constamment permis, que ce soit les hasards et rencontres lorgnant
sur le conte de fée (la "victoire" à la loterie, la rencontre et le
serment avec le vieux couple) et surtout le passif des personnages.
David Grant vit une existante bohème sans se soucier de l'opinion des
autres, Jean est une fille ordinaire n'ayant jamais quitté son quartier
pour qui ce regard extérieur importe justement. Cette attitude de David
Grant est due à une déconvenue passée qu'on ne découvrira qu'en
conclusion (qui en fait un peu un personnage à la Mon homme Godfrey (1936) William Powell reprendra d'ailleurs le rôle de Ronald Colman à la radio avec Ginger Rogers)
et il cherche avant tout à amener un regard plus vaste à une Jean dont
l'existence s'annonce plutôt quelconque après son mariage. L'apport
mutuel sera finalement commun, puisque en tombant amoureux de Jean David
va bien malgré lui être ramené à des préoccupations plus intimes alors
qu'il cherchait à être détaché de tout.
Milestone parvient à
exprimer toutes cette gamme de sentiment avec une grande finesse.
L'amour naissant se devinera le plus souvent par les gestes (Ginger
Rogers entre confiance et méfiance fermant à clé ou laissant ouverte la
porte de sa chambre ou guettant en vain les tentatives de séduction de
Colman) ou les regards (le début où Ginger Rogers en une moue craquante
regrette d'avoir envoyé son homme casser la figure de Colman et bien sûr
la merveilleuse scène dans le jardin isolé).
L'alchimie et la
complicité des deux acteurs est palpable et se ressent d'autant plus par
cette approche subtile, Ronald Colman bienveillant puis fuyant quand il
sent ses sentiments basculer et à l'inverse une Ginger Rogers renfermée
qui ne demande qu'à s'épanouir. Du coup on regrettera un peu la
conclusion avec une amusante mais lourdement explicative scène de procès
qui surligne lourdement tout ce qu'on nous avait fait subtilement
deviner jusque-là. Un très joli moment tout de même.
Sorti en dd zone 2 français aux Editions Montparnasse dans la collection RKO
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