Robert Stroud, un prisonnier condamné à perpétuité, recueille un oiseau blessé et se passionne pour l'ornithologie.
En 1955 l’auteur Thomas E. Gaddis rédigera une biographie à
succès sur Robert Stroud, meurtrier condamné à perpétuité qui trouvera la paix
en se découvrant une passion pour l’ornithologie. Beau récit de rédemption et
vision sans concession de la rigueur pénitentiaire, l’ouvrage appelait bien sûr une transposition
cinématographique qui verra le jour en 1962. Ce sera la première grande
réussite du début de carrière exceptionnel
de Frankenheimer (les très paranoïaque Un crime dans la tête (1962) L’Opération diabolique (1966)) et sa
première collaboration avec Burt Lancaster, association qui donnera les
classiques que sont le film de guerre Le Train (1964) ou encore l’espionnage de Sept Jours en mai (1964).
Le récit narre la rédemption d’un supposé irrécupérable,
placé en isolement au sein même de la redoutable prison d’Alcatraz qui en
soignant un jour un oisillon, se découvrira une passion et un vrai talent dans
cette activité. Tout en trouvant un vrai exutoire à sa violence, Stroud va devenir une vraie autorité
scientifique en la matière et bouleverser grandement l'organisation pénitentiaire.
Passant du chien fou indomptable au vieux sage enfin apaisé, Burt Lancaster offre
une de ses interprétations les plus habitées.
Frankenheimer use d'une sobriété
et efficacité exemplaire lorgnant par instant sur le documentaire, notamment grâce
à l'ouverture sur l’auteur Thomas E. Gaddis (joué par Edmond O'Brien dans le
film) puis ses interventions en voix off tout au long du récit. La description
du temps qui passe se ressent par un
montage des plus rigoureux, que ce soit pour montrer l'ennui de l'isolement
conduisant Stroud au bord de la folie puis pour décrire la méticulosité et la
passion qui anime Lancaster ensuite dans sa tâche. On ressent le poids de la lourde peine dans sa manière de se
lancer à corps perdu dans certains travaux, comme les sept mois qu'il passe à
fabriquer une cage avec un carton. Cette échappatoire au quotidien sinistre
devient ainsi une vraie raison de vivre où il gagnera progressivement en
érudition. Cette nouvelle et salvatrice passion va pourtant s’avérée inadaptée
à une vie en détention.
Le film dénonce
ainsi un système pénitentiaire aliénant et ne donnant aucune possibilité de
réhabilitation, aspect très bien illustré à travers les divers obstacles que
l'administration met sur la route d'un détenu bien gênant désormais. Après tout
la prison d’Alcatraz était surtout vantée pour sa sécurité rigoureuse, le peu
de privilèges accordés aux prisonniers soit autant d’élément expliquant entretenant
la légende qu’il est impossible de s’en évader (jusqu’aux évènements narrés
dans L’évadé d’Alcatraz (1979) de Don
Siegel du moins et qui ont ironiquement lieu l’année de sortie du film de
Frankenheimer). Stroud n'est d’ailleurs pas
montré comme un saint loin de là et privé de ses amis à plumes peine à apaiser
la fureur qui le consume.
Passé le début du film où il n’est que haine et
violence, on aura quelques éléments de réponses quant aux raisons de son sort
avec le rapport fusionnel qu'il entretient avec sa mère (Thelma Ritter glaçante
en mère abusive). On saluera également parmi les seconds rôles un formidable Neville
Brand en maton humain (la scène où il vide son sac à Sproud et celle de la
séparation pour Alcatraz sont bouleversantes) et Karl Marlden en directeur de
bonne volonté mais aux méthodes inappropriée. Un film magnifique qui aurait
vraiment dû valoir l’Oscar à Burt Lancaster.
Sorti en dvd zone 2 français chez MGM
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