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jeudi 15 août 2013

Le Prisonnier d'Alcatraz - Birdman of Alcatraz, John Frankenheimer (1962)


Robert Stroud, un prisonnier condamné à perpétuité, recueille un oiseau blessé et se passionne pour l'ornithologie.

En 1955 l’auteur Thomas E. Gaddis rédigera une biographie à succès sur Robert Stroud, meurtrier condamné à perpétuité qui trouvera la paix en se découvrant une passion pour l’ornithologie. Beau récit de rédemption et vision sans concession de la rigueur pénitentiaire, l’ouvrage  appelait bien sûr une transposition cinématographique qui verra le jour en 1962. Ce sera la première grande réussite du début de carrière exceptionnel  de Frankenheimer (les très paranoïaque Un crime dans la tête (1962) L’Opération diabolique (1966)) et sa première collaboration avec Burt Lancaster, association qui donnera les classiques que sont le film de guerre  Le Train (1964) ou encore l’espionnage de Sept Jours en mai (1964). 

Le récit narre la rédemption d’un supposé irrécupérable, placé en isolement au sein même de la redoutable prison d’Alcatraz qui en soignant un jour un oisillon, se découvrira une passion et un vrai talent dans cette activité. Tout en trouvant un vrai exutoire à sa violence,  Stroud va devenir une vraie autorité scientifique en la matière et bouleverser grandement l'organisation pénitentiaire. Passant du chien fou indomptable au vieux sage enfin apaisé, Burt Lancaster offre une de ses interprétations les plus habitées. 

Frankenheimer use d'une sobriété et efficacité exemplaire lorgnant par instant sur le documentaire, notamment grâce à l'ouverture sur l’auteur Thomas E. Gaddis (joué par Edmond O'Brien dans le film) puis ses interventions en voix off tout au long du récit. La description du temps qui passe se ressent par  un montage des plus rigoureux, que ce soit pour montrer l'ennui de l'isolement conduisant Stroud au bord de la folie puis pour décrire la méticulosité et la passion qui anime Lancaster ensuite dans sa tâche. On ressent le poids de la lourde peine dans sa manière de se lancer à corps perdu dans certains travaux, comme les sept mois qu'il passe à fabriquer une cage avec un carton. Cette échappatoire au quotidien sinistre devient ainsi une vraie raison de vivre où il gagnera progressivement en érudition. Cette nouvelle et salvatrice passion va pourtant s’avérée inadaptée à une vie en détention. 

Le film  dénonce ainsi un système pénitentiaire aliénant et ne donnant aucune possibilité de réhabilitation, aspect très bien illustré à travers les divers obstacles que l'administration met sur la route d'un détenu bien gênant désormais. Après tout la prison d’Alcatraz était surtout vantée pour sa sécurité rigoureuse, le peu de privilèges accordés aux prisonniers soit autant d’élément expliquant entretenant la légende qu’il est impossible de s’en évader (jusqu’aux évènements narrés dans L’évadé d’Alcatraz (1979) de Don Siegel du moins et qui ont ironiquement lieu l’année de sortie du film de Frankenheimer).  Stroud n'est d’ailleurs pas montré comme un saint loin de là et privé de ses amis à plumes peine à apaiser la fureur qui le consume. 

Passé le début du film où il n’est que haine et violence, on aura quelques éléments de réponses quant aux raisons de son sort avec le rapport fusionnel qu'il entretient avec sa mère (Thelma Ritter glaçante en mère abusive). On saluera également parmi les seconds rôles un formidable Neville Brand en maton humain (la scène où il vide son sac à Sproud et celle de la séparation pour Alcatraz sont bouleversantes) et Karl Marlden en directeur de bonne volonté mais aux méthodes inappropriée. Un film magnifique qui aurait vraiment dû valoir l’Oscar à Burt Lancaster. 

Sorti en dvd zone 2 français chez MGM

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