La guerre des gangs secoue Los Angeles et fait des ravages. Deux policiers très différents luttent ensemble contre ce phénomène de l'insécurité urbaine. L'un est jeune, inexpérimenté et il joue les durs, l'autre est un vieux flic, paternaliste, qui aura fort à faire pour initier son jeune collègue.
Après plusieurs années d’errance, Dennis Hopper était
magnifiquement revenu au premier plan avec sa mémorable prestation de
psychopathe caractériel dans Blue Velvet
(1986). Avec ce Colors il reviendrait
à la lumière deux ans plus tard cette fois sous sa casquette de réalisateur. Comme
un signe de ses penchants politiques plutôt à droite et à contre-courant du
Nouvel Hollywood qui l’a vu éclore (on pourrait ajouter un John Milius parmi
les exceptions également) Hopper allait passer des hors la loi de son
cultissime et initial Easy Rider
(1969) aux agents de la loi dans Colors
qui suit le quotidien de deux flics en uniforme dans les bas-fonds de LA. Le film offre un pont entre la tradition du
polar urbain (et notamment le classique de Richard Fleischer Les Flics ne dorment pas la nuit (1972)
au postulat similaire où rookie apprend les rudiments du métier au contact d’un
flic aguerri ) et le film de « ghetto » qui sera très en vogue dans
les années 90 avec des œuvres comme Menace
To Society (1992), Boyz N the Hood
(1991) ou encore New Jack City (1991)
pour les plus connus (le premier cité étant le plus recommandable un vrai petit
classique).
En ouverture un panneau nous annonce les forces en
présences : deux unités de flic rivales, le CRASH unité anti gang rattaché
à la ville, celle appartenant aux unités du shérif et face à eux les multiples
gangs de LA trois fois plus nombreux et mieux armés. Avec une telle note
d'intention on s'attend à un récit tendu sur fond de rivalités policières et de
guérilla urbaine dantesque mais il n'en sera rien. Les scènes de confrontations
entre gangs manquent cruellement d'envergure et d'énergie. Surtout, ces gangs
sont multi ethniques, détail assez improbable qui nuit un peu à la crédibilité
souhaitée tant les codes, les noms de ces gangs correspondent en premier lieu à
une opposition de races parmi les populations les plus démunies de ces
quartiers pauvres.
De plus le film ne
sait que choisir entre intrigue policière construite (avec l'ouverture sur un
crime dont l'enquête sera mollement menée) et chronique quotidienne de flic
bien plus prenante. Cela rend le tout un peu bancal notamment au niveau des
personnages comme Don Cheadle qui s'annonce au début comme le grand méchant
qu'on ne reverra plus que par intermittence
ensuite. Le déséquilibre entre velléités documentaire et dramatisation
plus appuyée est un souci permanent alors qu’une orientation plus radicale
aurait bien mieux servi le film qui ne manque pas d’idées dans chacune de ces
directions mais sans les exploiter. On espère ainsi enfin un peu de réelle
tension lorsque Sean Penn accusé à tort d'un meurtre devient la cible de tous
les gangs de la ville. Cela vient sans doute du remaniement que subit le scénario qui traitait initialement de trafic de drogue avec d'être réorienté vers la guerre des gangs sans qu'un réel travail de réadaptation soit réalisé avant le tournage.
Sinon c'est relativement prenant tout de même grâce à
une description assez réussie de la vie de ses quartiers pauvres de LA, de
l'errance des jeunes avec le gang comme seul refuge. Robert Duvall en vieux de
la vieille conciliant et Sean Penn en chien fou incontrôlable forme un duo
complémentaire et charismatique suscitant l’empathie lors des rares moments où
le suspense fonctionne, que ce soit ne course poursuite de suspect en voitures
qui tourne mal ou encore un traque de dealer
se terminant en grosse bagarre dans les cuisines d'un restaurant. Un
film précurseur mais bien inférieur à ses successeurs et Hopper se montrera
bien plus inspiré avec sa réalisation suivante, le film noir moite Hot Spot (1990).
Sorti en dvd zone 2 français chez MGM
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