En 1880, les Apaches Mescaleros, à
l'instigation de leur chef Vittorio, sont sur le sentier de la guerre
aux abords de la frontière entre les États-Unis et le Mexique. Dans
cette zone se trouve la petite ville américaine de Spanish Boot, dont le
maire Joe Madden expulse le joueur professionnel Sam Leeds qui vient
d'abattre, en état de légitime défense, un autre joueur. Madden expulse
dans le même temps les prostituées de la ville, que Leeds parti après
elles retrouve non loin de là, massacrées par les Apaches. Il revient
alors à Spanish Boot pour prévenir les citoyens du danger...
Apache
Drums est un des westerns les plus originaux des années 50, autant par
la subtilité de son script que par ses audaces esthétiques. L'intrigue
voit la petite ville de Spanish Boot menacée par les assauts des Apaches
Mescaleros aux abois et que la famine pousse à des attaques sanglantes
envers les hommes blancs. L'introduction nous expose cette menace tout
en justifiant les raisons légitimes des indiens avant de dépeindre la
communauté de Spanish Boot. Il s'y joue notamment un triangle amoureux
où le joueur à la gâchette facile Sam Leeds (Stephen McNally) et le
maire tout en droiture Joe Madden (Willard Parker) se disputent les
faveurs de la belle Sally (Coleen Gray). Après un règlement de compte de
trop, Sam fait tâche dans cette ville prospère et en quête de
respectabilité dont il va être exclu par Joe dont cela arrange les
affaires pour d'autres raisons. Sur le chemin du départ, Sam découvre
cependant le carnage orchestré par les apaches et va revenir en ville où
la tournure des évènements va lui offrir matière à rédemption.
Adapté d'un roman d'Harry Brown, Apache Drums
est également la dernière production supervisée par Val Newton. Il
trouve en Hugo Fregonese un partenaire aussi complémentaire que Jacques
Tourneur du temps des grands films fantastiques au sein de la RKO (La Féline (1942), Vaudou (1943), L'Homme-léopard (1943))
dont on retrouve une surprenante variante western ici. Tout ce qui fait
le sel des productions d'épouvante de Newton à travers la suggestion et
le hors-champs se retrouvent dans le film de Fregonese pour dépeindre
la terreur qu'inspirent les indiens.
C'est une menace sourde et
fantomatique tout d'abord ressentie par la nuée de cadavre laissés
derrière eux par les mescaleros, puis par une nuée de fumée à l'horizon
lorsque les hommes quitteront le village pour aller chercher de l'eau et
enfin par le son infernal des tambour lors du long final en huis-clos.
Fregonese cède par instant à l'obligation de les montrer mais la plupart
du temps les entoure d'une aura surnaturelle où leur présence est
diffuse et incertaine (un hurlement d'animal qui n'en est pas uns, des
collines désertes mais où ils sont bel et bien terrés guettant leur
proie), faisant peser une véritable chape de plomb tout au long du
récit.
Face à cette opposition, la figure du héros solitaire et
indestructible sera vaine. Leeds (excellent Stephen McNally) ne gagne
ainsi ses galons de héros (et attirera la sympathie d spectateur) que
lorsqu'il usera de ses talents pour se fondre dans la collectivité.
Toute la construction du récit tend vers cette idée, chaque action
individuelle sera source d'échec et de malheur, que ce soit ce jeune
partant seul en éclaireur et trouvant la mort ou encore Leeds mettant en
danger ses compagnons qu'il a convaincu par intérêt de sortir du
village pour chercher de l'eau. Leeds l'apprendra d'abord par le
révérend qu'incarne Arthur Shields qui reste en arrière avec lui pour
retarder les apaches puis dans le huis-clos final servant de révélateur.
Tous les personnages sont d'ailleurs concernés, délaissant rancœur,
cynisme voire racisme (le révérend partageant la prière du soldat indien
alors qu'il s'était montré si intolérant durant de nombreuses séquences
et dialogues) pour se mettre au service de la survie mutuelle. A
l'inverse et tout terrifiant qu'ils soient les indiens possèdent cette
unité qui s'illustre dans la dernière partie cauchemardesque. Fregonese
donne des allures quasi gothique à l'intérieur d'église où sont terrés
les survivants, la photo de Charles P. Boyle jouant autant des jeux
d'ombres (et n'hésitant pas à nous plonger dans les ténèbres totales le
temps d'une scène où on bascule dans la vraie épouvante) que des
couleurs saturées qui donne des élans baroque aux lueurs rouges émanant
de l'extérieur à travers les vitres.
L'extérieur est invisible et ne
s'introduit que par les intrusions constamment inattendues des indiens
ou par cette incessant fracas de tambour (le titre français est
particulièrement bien vu) dont les changements de rythme annonce le
chaos imminent. La gestion de l'espace de Fregonese est brillante tout
comme sa manière de capturer toujours dans le mouvement les réactions de
chacun dans cette épreuve. Chacun fini par s'effacer et ne plus
symboliser que des hommes luttant pour leurs survie, affrontant les
flèches et les flammes et ce n'est qu'ainsi qu'ils finissent malgré leur
infériorité à égaler l'entité indicible que représente les indiens. Et
c'est forcément dans ces derniers instants qu'on peut céder au cliché de
la cavalerie tant la démonstration est arrivée à son terme. Captivant,
haletant et terrifiant, un grand film qui sait faire de ses limites
budgétaires de série B un moteur dramatique essentiel.
Sorti en dvd zone 2 français chez Sidonis
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J'ai vu ce film dans les années 70 et il m'avait marqué.
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