Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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jeudi 17 avril 2014

Modesty Blaise - Joseph Losey (1966)


Modesty Blaise, étrange aventurière dotée de la faculté de changer de look en un claquement de doigts, est recrutée par les services secrets britanniques pour apporter au cheikh Abu Tahir des diamants en paiement de services rendus au pays. Modesty demande à son bon ami Willie Garvin de l'accompagner dans sa mission. Dans son repaire, Gabriel, redoutable autant que séduisant criminel français, peaufine ses plans pour se débarrasser de Modesty et s'emparer des diamants...

Modesty Blaise est une adaptation ratée en tout point des aventures du personnage créé par Peter O'Donnell. Modesty Blaise fut tout d’abord exploitée sous forme de comic trip dans L’Evening Standard où elle captiva les lecteurs et remporta rapidement un grand succès. Séductrice aux origines inconnues et au passé criminel, Modesty Blaise secondé par son partenaire Willie Gavin y affrontait criminels et méchants extravagant au Service de Sa Majesté dans des aventures trépidantes. Peter O’Donnell y faisait preuve d’un rythme, style et inventivité constant, ses idées folles étant bien mise en image par Jim Holdaway puis Enrique Badia Romero et quelques autres en comics puis en roman de façon ininterrompue jusqu’en 2001. Pur produit des 60’s, Modesty Blaise est une œuvre toute désignée pour une adaptation cinématographique d’autant que les objets pop extravagant triomphent alors en salle que ce soit les James Bond où pour rester dans la transposition de bd le génial Danger Diabolik (1968) de Mario Bava ou Barbarella (1968) de Roger Vadim.

On se demande comment est venu se perdre là un Joseph Losey habitué à un cinéma plus sérieux et peu inspiré ici. Le scénario en roue libre (adaptant pourtant un roman à succès de Modesty Blaise paru l’année précédente) déroule une intrigue poussive au possible s’étalant sur deux longue heures pour ne raconter rien ou presque. L’excès et le délire pop ne rattrape même pas l’ensemble avec un ton ne sachant jamais choisir vrai film d'espionnage séreux et vrai spectacle outrancier pour atteindre l'entre deux qui fait le sel des meilleurs Bond de cette période comme On ne vit que deux fois (1967) ou des série B comme Plus féroces que les males (1967) de Ralph Thomas. 

 L'interprétation pêche aussi avec une Monica Vitti censée jouer la plus grande voleuse du monde et qui passe le film à minauder, se faire enlever et sauver de façon totalement détachée. Un quasi potiche qui ne garde que la dimension sexy et attrayante de Modesty tout en oubliant ce qui en fit une icône pop féministe car ni l’intelligence, ni les capacités martiales du personnage ne sont exploitées si n’est timidement vers la fin. A part le don du déguisement de Modesty Blaise lui permettant de changer de tenue et de coloration toutes les scènes pas grand-chose à signaler d’autant qu'elle n'arbore la tenue classique de Modesty Blaise qu'une seule fois dans le film et lors d'une scène anecdotique...

Dirk Bogarde semble aussi venu cachetonner en grand méchant poseur et gay n’est jamais menaçant mais arrache quelques sourires tandis que Terence Stamp se repose sur son charisme sans plus s’impliquer en Willie Gavin avec énorme entorse une romance avec Modesty quand la bd appuyait bien sur la dimension platonique de leur relation.

C'est d'autant plus dommage que les moyens sont là et que Losey offre quelques lot de scène à fort potentiel (notamment avec la femme de main sadique à la force surhumaine) mais jamais exploité car ce genre de fantaisie ne semble guère l’intéresser. Reste une ambiance swinging London bariolée pour les amateurs mais une grande adaptation reste à faire des comics. Il y eu une tentative de série tv au début des 80’s réputée plus rigoureuse mais qui ne dépassa pas le téléfilm pilote, Tarantino fan du personnage (dans Pulp Fiction une scène voit John Travolta lire un volume de Modesty Blaise aux toilettes) l’envisagea mais préféra recycler ses idées dans sa propre création avec les deux Kill Bill et supervisa simplement un film vidéo de Scott Spiegel en 2003.

Sorti en dvd zone 2 anglais sans sous-titre et pour une vf et des sous-titres anglais plutôt opter pour l'édition zone 1 un peu plus chère cependant

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