Un Pré Code trépidant placé sous le signe de la Grande Dépression dont Mervyn LeRoy fait un brillant moteur burlesque tout en en dénonçant les conséquences dramatiques. Hard to handle ne traite pas des victimes de la crise, mais des survivants prêts à tout pour échapper à la misère qu'elle engendre. Le commun des mortels constituent plutôt le gogo à rincer à l'image de la scène d'ouverture saisissante sur un de ces fameux et barbares marathons de danse ayant court à l'époque. Les danseurs à bout de force tout comme les spectateurs voyeurs de ce spectacle cruel sont les jouets des organisateurs sachant capter la demande et la quête de de sensation en ces temps difficile.
Il s'agit ici de Lefty Merill (James Cagney) bonimenteur et arnaqueur hors pair que son bon fond perd à chaque fois malgré son ingéniosité. Ici il tombera amoureux de la gagnante du concours, Ruth Waters (Mary Brian) et surtout se fait doubler par son associé qui disparait avec la récompense en le laissant à la merci de la foule ivre de vengeance. Dès lors Lefty n'aura de cesse de réussir pour impressionner Ruth et adoucir son acariâtre mère (Ruth Donnelly) pour qui le meilleur prétendant est celui au compte en banque bien garni.
Au vu des situations, l'ensemble pourrait être sordide et pourtant c'est hilarant. Les stratagèmes inventifs de Lefty toute crapule qu'il soit se font au service de l'amour et capte l'air du temps tout en créant des besoins artificiels par l'arme la plus redoutable possible : la publicité. Après avoir fait l'expérience de la violence qu'engendre un enjeu purement financier (mémorable scène de destruction d'une avenue marchande suite à une chasse au trésor) il va s'enrichir en flattant la vanité et l'avidité de la population à coup de campagnes agressives promettant amaigrissement, retour sur investissement douteux et notoriété fabriquée. James Cagney déploie une énergie comique et un bagout éreintant avec ce personnage constamment à l'affut de l'air du temps et débordant d'idée. Empruntant une voie discutable pour de nobles intentions, il en demeure très attachant d'autant qu'il est dans l'erreur puisque Ruth (Mary Brian craquante) ne l'aime jamais autant que quand il est dans la panade.
On n'en dira pas autant de la quasi mère maquerelle que joue Ruth Donnelly, véritable girouette soumise au plus offrant auquel elle est toute destinée à offrir sa fille en pâture. Là aussi l'abattage comique de l'actrice atténue toute la nature glauque des situations, les revirements hilarants de la mégère et son festival de répliques cultes (J'épouserais Tarzan pour un mois de loyer !) la rendant finalement tout aussi attachante que Cagney en canaille au grand cœur. LeRoy ne juge jamais ses personnages et n'oublie jamais que ce sont des survivants usant de leurs moyens à eux (la duperie) pour se sortir de la fange. Son regard sera nettement moins bienveillant envers les patrons et les nantis à l'image de cet exploitant de pamplemousse s'évaporant avec le gain de ses victimes, tout comme sa fille (Claire Dodd) séductrice impitoyable. Dans un tel contexte la déclaration d'amour la plus sincère ne peut s'exprimer que par le biais d'une ultime arnaque lors de l'hilarant final. Une grande réussite.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner dans la collection Trésors Warner
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