Lora Hart (Barbara Stanwyck) postule pour un emploi de nurse dans un hôpital puis obtient son diplôme d'infirmière. En travaillant chez un particulier, elle découvre une sordide machination : deux enfants sont victimes d'un chauffeur (Clark Gable) qui utilise leur mère alcoolique, sous son emprise. Il veut les tuer progressivement afin de profiter de l'argent de leur mère.
Wellman signe un Pré Code singulier qui navigue entre mélodrame, film noir et comédie avec une cohérence toute relative. Barbara Stanwyck sera notre point de repère, navigant par sa bonté et bienveillance entre les différentes ruptures de ton du récit. Elle incarne Lora Hart, jeune femme totalement investie dans sa vocation d'infirmière et la dévotion aux autres, cela nous étant signifié dans un premier temps par sa volonté d'accéder à la formation au poste.
On suivra donc son parcours jusqu'à l'obtention de son diplôme où Wellman grâce au contrepoint plus détaché que représente Joan Blondell appuie tout la conviction de Barbara Stanwyck, tout en instaurant un ton léger et badin dans les situations de comédie romantique (la relation avec le mauvais garçon joué par Ben Lyon) et même un côté coquin bienvenu jouant de manière amusée sur la dimension fantasmatique de l'uniforme avec nos nurses vue en petites tenues plus d'une fois.
La véritable loque humaine imbibée et égocentrique qu'est cette mère indigne offre une image révoltante quand on voit les frêles silhouettes des fillettes dépérir car affamée. Clark Gable (époque pré moustache et dans l'esprit de ses premiers rôles très négatif) offre une sorte de Némésis à Barbara Stanwyck, un ange noir face à l'ange blanc ne répondant que par la brutalité et imposant une présence diablement inquiétante dans un rôle initialement prévu pour James Cagney (mais que la Warner réorienta vers des premiers rôles après le succès de L'Ennemi Public (1931)).
La Grande Dépression plane évidemment sur le film, dans ses meilleures aspects avec la solidarité et l'implication des deux infirmières que jouent Joan Blondell et Barbara Stanwyck (cette entraide féminine annonçant celle de Convoi de femmes (1951) notamment) dont les origines prolétaires soudent les liens immédiatement. Un prolétariat que l'appât du gain peut pourtant pervertir à l'image de Clark Gable profitant de nantis si détachés des réalités qu'ils en négligent leur propre enfants. Dès lors la justice ne peut s'exprimer qu'à travers les laissées pour compte vertueuses (que sont nos infirmières voire même par le bootlegger au grand cœur joué par Ben Lyon, tous se substituant aux institutions pour le meilleur et notamment avec un final radical et assez osé.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner dans la collection Trésors Warner consacrée au Pré Code
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