Après la mort de son mari gangster,
Mary fait la connaissance de Jack et l'épouse mais leur mariage ne dure
pas longtemps. Après leur séparation, Mary donne naissance à un fils que
Jack découvrira plusieurs années plus tard...
Révélée au
sein de la Warner au début des 30, Bette Davis deviendra immédiatement
une des grandes stars du studio. Pourtant malgré le succès et un premier
Oscar décroché en 1935 pour
L'intruse,
l'exigence de Bette Davis se heurte constamment à l'autorité de la
Warner ne lui proposant pas suffisamment de grand rôle féminin. Cela
entraînera de nombreux conflits, la star balayant d'un revers de la main
les scénarios les plus ineptes qu'on lui propose tandis que la Warner
lui refuse certains rôle convoités notamment en refusant de la prêter à
la RKO où pour le
Mary Stuart
(1936) de John Ford où elle devait jouer a reine Élisabeth 1er aux côtés
de Katharine Hepburn. Toute frustration amènera Bette Davis à claquer
la porte du studio et quitter Hollywood pour Londres. Etant sous contrat
pour sept ans à la Warner, le procès est inévitable et elle le perdra,
contrainte de revenir à Hollywood. Jack Warner bon prince lui pardonne
et paie les frais de procès, consentant à lui confier des rôles plus
consistants désormais. La plus pugnace Olivia de Havilland aura plus de
chance quelques années plus tard puisque dans une situation similaire,
elle sortira vainqueur de son bras de fer avec le studio et gagnera sa
liberté. Quoiqu'il en soit,
That certain woman
marque le renouveau de Bette Davis avec ce nouveau départ et la
rencontre avec Edmund Goulding (qui signe d'ailleurs le remake de son
film
L'Intruse (1929) où Gloria
Swanson tenait le premier rôle) qui la dirigera souvent (tout comme
William Wyler) dans la série de grands mélodrames à venir comme
Dark Victory (1939) ou
La Vieille Fille (1939). . Sans atteindre la hauteur de ces futurs œuvres
That certain woman est un beau mélodrame offrant un écrin idéal une poignante Bette Davis.
Le
film narre l'histoire d'une figure féminine martyre et marquée
éternellement du sceau de l'infamie par une société moralisatrice et en
quête de sensationnel. Mary Donnell (Bette Davis) est tombée amoureuse
et à épousée un gangster notoire à l'âge de 16 ans. Placée sous le feu
des projecteurs suite au meurtre de son époux lors du massacre de la
Saint Valentin, Mary a depuis essayée de se reconstruire et d'acquérir
une éducation dans l'ombre. Elle a repris son nom de jeune fille et
travaille désormais comme secrétaire pour le grand avocat Lloyd Rogers
(Ian Hunter). Les fantômes du passé semblent pourtant ressurgir dès que
le bonheur semble s'offrir de nouveau à elle. Elle cède ainsi au fils à
papa immature Jack Merrick (Henry Fonda) qui l'aime vraiment mais se
montrera toujours incapable de répondre aux préjugés et à l'intolérance
de son très rigide père (Donald Crisp).
Lorsqu'un homme connaissant son
passé et réellement prêt à tout quitter pour elle lui offrira son cœur,
la maladie et le scandale viendront encore gâcher ce renouveau et
souiller sa réputation. Bette Davis est formidable, acceptant chaque
déconvenue comme une évidence, écrasée par le destin mais évitant
constamment à sa prestation de tomber dans le pathos de la femme
victime (qui ne regrette pas son rreur initiale d'ailleurs puisque se recueillant au début du film sur la tombe de son époux defunt). Au contraire, le personnage fait montre d'un optimisme et d'une
confiance en la sincérité et le courage de l'autre régulièrement déçus.
Il faut voir ce regard plein d'espoir d'une apparition de Jack qui
interviendra trop tard, de la surprise face à la prévenance de son
patron et bien sûr de l'amour maternel se ressentant avec une intensité
et une sobriété des plus subtils.
Mary est une branche qui ploie sans
jamais se briser et c'est ce courage, cette abnégation qui semble
captiver les hommes gravitant autour d'elle. Edmund Goulding sait ainsi
formidablement capturer toutes les émotions passant sur le visage de
Bette Davis dont le regard et les traits sont magnifiés par la photo
d’Ernest Haller. Le pathos est toujours éviter en dépit de la succession
de malheurs (la courte durée aidant), y compris dans une dernière
partie déchirante. La mise en scène et la présence fragile de la star
porte donc entièrement l’émotion d'un film au scénario un peu décousu.
Henry Fonda (qui retrouvera Bette Davis l'année suivante dans
L'Insoumise
de William Wyler) est excellent en gosse de riche faible de caractère,
mais il manque vraiment au personnage une grande scène (filmée en tout
cas puisque le fait un simplement rapporté par un dialogue) où il tient
tête à son père tant il aura failli aux attentes de Bette Davis tout au
long du film. Autre incohérence, le journaliste Virgil (Hugh O'Connell )
présenté au départ comme une ordure devient peu à peu une sorte d'ange
gardien pour Mary sans que l'on ait vraiment eu de scène expliquant ce
changement. Enfin, le final semble quelque peu forcé et expéditif dans
son happy-end, ne nous laissant pas goutter à l'émotion du désespoir des
des dernières scènes. Un joli film tout de même qui marque bien le
nouveau départ de la carrière de Bette Davis.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
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