Bombshell s'inscrit un peu dans la continuité du What price Hollywood ? (1932) de George Cukor en étant un des premiers films à poser un regard critique sur l'envers de l'usine à rêve. Le ton est cependant bien moins dramatique ici et le film joue constamment sur deux tableaux. D'un côté un portrait flamboyant d'une star en parade constante, Lola Burns incarnant à l'écran le pur fantasme que se fait le public de son extravagante interprète blonde platine, Jean Harlow. On rit donc du quotidien affairé de la vedette traînant une véritable cour aux petits soins et la sollicitant en permanence, du coiffeur au maquilleur, de l'assistante aux chiens s'agitant dans le salon.
Loin de lui être dévouée et d'alléger sa charge, cette cour constitue en fait une horde de sangsue pour laquelle elle constitue un véritable vache à lait dont il faut soutirer le maximum à tout niveau : son père et son frère sont des joueurs alcooliques la tapant sans cesse, son agent Space Hanlon (Lee Tracy) ne lui laisse pas une minute de répit à coup de scandales artificiels tandis que son assistante profite de ses absences pour se servir dans sa garde-robe et organiser des fêtes chez elle. Cette vision soulève le problème majeur de la star : son existence ne lui appartient pas. C'est là qu'intervient l'autre approche du film où tout l'attrait, le clinquant et le parfum de scandale hollywoodien est une illusion destinée à divertir le public dans un rituel où les stars ne se reconnaissent pas mais auquel elles sont contraintes de se soumettre.
Fleming amène ces facettes avec un certain humour et tendresse (Space Hanlon dont toute l'attention désastreuse cache en fait qu'il est amoureux de Lola, le père et le frère plutôt attachant malgré leur attitude intéressée) et des situations amusante notamment les nombreux échanges orageux entre Lola Burns et son envahissant agent, chaque tentative d'aveux amoureux sincère étant désamorcé par la découverte d'une nouvelle supercherie de ce dernier. On a beau s'amuser, la manière dont certains aspect du scénario rejoignent l'existence de Jean Harlow (elle-même pressurée par une famille et notamment une mère abusive dilapidant ses cachets qui sera indirectement responsable de la mort prématurée de la star) peut laisser un gout étrange sous la légèreté et la drôlerie.
Hollywood semble être une prison et la réalité recherchée par Lola Burns inaccessible. Ces envies de maternités sont torpillées par son entourages, le monde réel semble perpétuer l'illusion autant par son décor (le paysage californien ridicule où Lola fait du cheval lors de sa fuite et laissant deviner la suite) que par les rencontres avec des hommes avides de chair, notoriété ou argent quand ils ne sont pas tout simplement des figurants du studio (y compris le fan le plus acharné, un ultime gag tordant parachevant cette idée). En surface un objet clinquant, enlevé et divertissant et en creusant un peu une réalité tout de même assez glauque.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner dans la collection Trésors Warner Forbidden Hollywood consacrée au Pré Code
Extrait
Mmmmm, il faut que je vois ça, moi !! Pas encore regardé, je l'avoue, et j'ai eu tort. Cette collection de Pre-codes renferme vraiment des pépites !
RépondreSupprimerClair de sacrées découvertes dans cette collection jusqu'ici !
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