Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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vendredi 23 mai 2014

Le Septième Voyage de Sinbad - The 7th Voyage of Sinbad, Nathan Juran (1958)

Sur la route maritime qui le ramène à Bagdad en compagnie de sa fiancée, la princesse Parisa, Sinbad fait escale sur l'île de Colossa. Il en profite pour tirer Sokurah, un magicien, des griffes d'un énorme cyclope, qui parvient néanmoins à dérober au sorcier sa lampe magique. Pour contraindre Sinbad à retourner sur l'île de Colossa, Sokurah miniaturise la princesse. Seule la coquille d'un œuf de l'oiseau Roc pourra rendre à Parisa sa taille normale. Or l'oiseau en question ne vit que sur l'île maudite. À l'aide d'un équipage composé de marins patibulaires, Sinbad s'embarque pour y retourner, mais l'aventure ne fait que commencer...

Le Septième voyage de Sinbad marque un passage décisif dans la carrière du grand Ray Harryhausen, puisque le film est son premier vrai succès commercial depuis l'entame de sa collaboration avec le producteur Charles H. Schneer. Jusque-là Harryhausen était resté dans le sillage de son mentor Willis O’Brien avec des décalques à peine masqué de King Kong (À des millions de kilomètres de la Terre (1957) et son extraterrestre gigantesque semant le chaos malgré lui) et surfant sur la vague SF des années cinquante avec Les soucoupes volantes attaquent (1956). Avec cette adaptation très libre du conte des Mille et Une Nuits Sinbad Le Marin (d’ailleurs intégré de force aux Mille et Une Nuits sans en faire réellement partie en réalité), Harryhausen s’oriente vers le récit merveilleux et mythologique qui fera sa gloire dans ses productions suivantes (Jason et les Argonautes (1963), les deux suites qu’il donnera à Sinbad avec  Le Voyage fantastique de Sinbad (1974) et  Sinbad et l'œil du tigre (1977) mais aussi Le Choc des Titans (1981)) ainsi que dans la transposition de grands textes d’évasions inscrit dans l’imaginaire collectif (Les Voyages de Gulliver (1960) d’après Jonathan Swift, L’île mystérieuse (1963) d’après Jules Verne et Les Premiers hommes dans la lune (1964) adaptant HG Wells).

Ce dépaysement et imaginaire libéré apporte un vrai plaisir pour les yeux avec son monde oriental bariolé aux costumes luxueux et aux décors imposants dans une imagerie bariolée et chatoyante. Le film ne fait cependant pas preuve de la rigueur narrative des meilleurs Harryhause avec une première partie parfois un peu poussive dans ses gros raccourcis (la réaction du père de la princesse déclarant la guerre immédiatement, le Calife et Sinbad qui avalent sans même le soupçonner les histoires de Sokura) et le souffle épique d'un Jason peine un peu à se faire ressentir. La construction est bancale à cause d’un script simpliste (ce qui est dommage tant à l’écrit les voyages de Sinbad regorgent d’histoires fabuleuses, une adaptation fidèle reste à faire) dans son déroulement comme la caractérisation des personnages mettant mécaniquement en place une trame prétexte qui servira à introduire le bestiaire de Harryhausen.
La deuxième partie où tout ce petit monde retourne sur l'ile de Colossa s’avère nettement plus convaincante et constitue un petit bijou d'aventures fantastique. Les morceaux de bravoures extraordinaires abondent comme l'affrontement sauvage entre le dragon et le cyclope où Harryhausen paie une dernière fois son tribu à King Kong, le duel avec le squelette (galop d’essai avant de les démultiplier dans Jason et les Argonautes pour un résultat encore plus mémorable) dans le château de Sokura ou encore le cyclope  faisant bien des misères à l'équipage et qui finira dans une falaise dupé par Sinbad. On constate le joyeux mix opéré entre mythologie grecque etconte des Mille une Nuit avec le génie de la lampe ainsi que quelques éléments de swashbuckler comme la mutinerie de l'équipage.

 Bernard Hermann signe un score éblouissant et épique, Kerwin Andrew malgré un jeu limité a tout de même fier allure en héros valeureux et forme un charmant couple avec Kathryn Grant, Torin Thatcher campe un méchant mémorable avec ce sorcier maléfique particulièrement marquant pour le jeune spectateur. Un brouillon déjà fort plaisant et qui ouvrait la voie à d'autres grandes réussites. Détail amusant, le film aura droit à un décalque/plagiat meilleur encore avec Jack le tueur de géant (1961) reprenant l'ensemble du casting ainsi que le réalisateur pour un résultat plus audacieux mais à l'animation moins brillante, faute de Harryhausen.

Sorti en dvd zone 2 français chez Sony

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