Danny McGuire (Gene Kelly) dirige une petite boîte de nuit à Brooklyn. Sa fiancée Rusty Parker (Rita Hayworth), l’une des danseuses de son spectacle, se présente à un concours qu’organise le magazine Vanity. Elle est aussitôt remarquée par le directeur John Coudair (Otto Kruger) qui la sélectionne et la rend célèbre du jour au lendemain.
Après son apparition remarquée dans Seuls les anges ont des ailes de Howard Hawks (1939), Rita Hayworth est repérée comme future grande star du studio par le parton de Columbia, Harry Cohn. Il va progressivement affiner la meilleure persona filmique possible pour elle, en la prêtant à d’autres studios pour des rôles marquants comme La Blonde framboise de Raoul Walsh (1941) pour Warner ou Arènes sanglantes de Rouben Mamoulian (1941) pour la Fox. Elle y développe sa figure de séductrice et de sex-symbol qui va s’épanouir au sein de Columbia tout d’abord dans la comédie musicale avec L'Amour vient en dansant de Sidney Lanfield (1941) et O toi ma charmante de William A. Seiter (1942) où son talent de danseuse (travaillé durant ses débuts scéniques à l’adolescence) fait merveille au côté de Fred Astaire.
La Reine de Broadway est le film dont le succès va définitivement faire d’elle une star, statut que renforcera Gilda (1946). Elle est désormais la vedette aux côtés d’un Gene Kelly pas encore à ce stade, mais ayant les honneurs d’un premier rôle et la charge des chorégraphies. L’histoire n’est guère palpitante, reposant sur le charme des acteurs et les quelques coups d’éclats de certains numéros musicaux. Il y a des parallèles amusant à faire entre Rita Hayworth et son personnage. En plus de ses rôles, la notoriété de l’actrice s’enflamma lorsqu’elle fit la couverture de la revue Life Magazine dans une mémorable photo la montrant sur son lit en déshabillé de satin et dentelle noirs : la déesse de l’amour était née. Rusty Parker (Rita Hayworth), modeste danseuse au sein du club dirigé par son petit ami Danny McGuire (Gene Kelly) va vivre le même genre de bouleversement en gagnant le concours du magazine Vanity avec une photo (plus chaste que le Life Magazine de la réalité) qui va la rendre célèbre et provoquer de nouvelles sollicitations. Partagée entre son ambition et son amour/dévotion à Danny, Rusty est dès lors confronté à un cruel dilemme. De même Danny n’ose retenir son aimée de peur d’être un frein à sa carrière. Tout est assez rapidement limpide et le scénario étire artificiellement les hésitations de chacun, notamment par une intrigue en flashback autour de la grand-mère de Rusty (également jouée par Hayworth) qui fut en son temps dans une situation similaire. Pour tromper l’ennui, on appréciera la direction artistique impeccable, et un Gene Kelly qui le temps de l’extraordinaire numéro Alter-Ego Dance (où il est pourchassé par son reflet avant de danser à ses côté) annonce toutes les prouesses à venir de sa part au sein de MGM. La firme au lion qui avait prêté Kelly à la Columbia va d’ailleurs, suite au succès de La Reine de Broadway, accorder plus d’attention à ce dernier qui bénéficiera de bien plus de marge de manœuvre dans ses projets suivants. Autre grand moment lorgnant sur Busby Berkeley, le morceau-titre Cover Girl jouant avec cette aura de couverture de magazine avec plusieurs danseuses et mannequin avant un final grandiloquent où Rita Hayworth endosse triomphalement le leadership dans une scénographie fabuleuse. Une œuvre pas désagréable sans pour autant être mémorable, mais très importante dans la carrière de ses participants - Columbia tentera d'ailleurs de réunir de nouveau le couple sur La Blonde ou la rousse de George Sidney (1957) mais MGM gardera désormais jalousement son joyau Gene Kelly.
Sorti en dvd zone 2 français et actuellement visible sur MyCanal dans le cadre d'un cycle Rita Hayworth
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire