Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

Pages

lundi 6 juillet 2015

La Blonde framboise - The Strawberry Blonde, Raoul Walsh (1941)

Dans le New York des années 1890, au sein d'une atmosphère de musique barbershop et de Biergarten aux pistes de danse bondées, Biff Grimes (James Cagney ) tombe follement amoureux de Virginia Bush (Rita Hayworth, dans le rôle qui la confirma dans son nouveau statut de star). Mais son ami Hugo (Jack Carson ), plus entreprenant, le devance et parvient à séduire cette aristocrate aux cheveux blond vénitien. Par dépit, Biff finit par épouser Amy (Olivia de Havilland ), qui vit dans l’ombre de sa meilleure amie Virginia.

Même si ces œuvres les plus fameuses donnent dans un registre plutôt viril, Raoul Walsh su également faire montre d'une belle veine sentimentale à l'image de ce charmant The Strawberry Blonde. Le film est la seconde et plus célèbre adaptation de la pièce One Sunday Afternoon de James Hagan après celle de 1933 avec Gary Cooper et Fay Wray et avant la dernière à nouveau signé Raoul Walsh en 1948 et réunissant Dennis Morgan, Janis Paige et Dorothy Malone. Walsh se retrouve sur le projet à la demande de James Cagney avec lequel il s'était bien entendu sur Les Fantastiques années 20 (1939) mais doit composer avec la défection d'Anne Sheridan en conflit avec Jack Warner alors que le film était conçu autour d'elle. Walsh va alors se souvenir d'une starlette aperçue dans des séries B de la Columbia et surtout dans un fameux numéro de danse auquel il assista à l’Agua Calienta où elle officiait sous le nom de Cansinos mais qui se nomme désormais Rita Hayworth. Un atout charme qui contribuera au succès du film et lancera définitivement la carrière de la belle.

Modeste dentiste frustré par son quotidien, Biff Grimes (James Cagney) recroise par hasard la route de Hugo (Jack Carson) l'homme qui lui spolia sa situation et la femme qu'il aimait dix ans plus tôt. Tout en méditant sa vengeance, il se souvient des évènements et de sa vie insouciante d'alors. Walsh offre une charmante reconstitution de ce New York populaire de la fin du XIXe et bercée une imagerie bucolique et virile annonçant son Gentleman Jim (1942)  avec le personnage haut en couleur du père de Biff (Alan Hale) et les bagarres épique dont ce dernier doit le sortir. Les apparitions de la "strawberry blonde" Virginia Burns (Rita Hayworth) illuminent ainsi les ruelles du quartier, les regards languissants et les sifflets de satisfaction saluant ses passages pour le plus grand plaisir de la belle.

 Biff la désire plus que tout mais se voit constamment supplanté par son rival Hugo à qui tous réussit. Walsh illustre tous les atours du jeu de la séduction d'une fausseté à double tranchant. Elle se berce toujours d'un charme maladroit chez les figures les plus populaires quand ce ne sera qu'une coquille vide chez les nantis. Biff est ainsi très attachant dans ses rodomontades pour épater Virginia durant leur rendez-vous, tout comme la douce Amy (Olivia de Havilland) craquante lorsqu'elle joue les femmes indépendantes. Lorsque les masques tombent ce sera toujours pour témoigner d'une touchante vulnérabilité tandis que sous l'élégance, la beauté et les richesses Hugo et Virginia ne dégagent aucune personnalité.

Le film constitue ainsi le long cheminement de Biff qui après bien des déconvenues comprendra que sa situation est plus heureuse et que la femme à ces côtés n'est pas un choix par défaut mais la compagne idéale. James Cagney est épatant en homme enfant colérique et insatisfait (géniale scène de dîner où il ne se démonte pas en répondant vainement à la réussite matérielle d'Hugo), tempéré par une espiègle (un clin d'œil sacrément craquant !) et compréhensive Olivia de Havilland qui dégage toujours autant de bienveillance. L'illusion comme la compréhension du bonheur sont astucieusement amené par deux gimmick musicaux reflets des deux figures féminines, illuminant la séduction factice de Virginia comme l'amour complice d'Amy lors du beau final.

 Sorti en dvd zone 2 français chez Warner

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire