Après le décès de Don Paolo, le chef de
la mafia new-yorkaise, un Conseil réunissant les plus grandes familles
du Milieu se réunit et désigne Don Angelo comme leur nouveau chef. Ce
dernier prend sous sa protection Frank, le fils de Don Paolo et le
désigne comme son héritier. Cet arrangement ne convient pas à Orlando,
l'avocat d'un chef de famille rival et met tout en œuvre pour une guerre
éclate entre Don Angelo et Frank, guerre qui sera très sanglante...
The Don is dead est un polar mafieux surfant sur le succès du Parrain
(1972) de Francis Ford Coppola et adaptant le roman éponyme de Marvin
Albert (auquel on doit le personnage du détective privé Tony Rome adapté
avec Frank Sinatra) qui lui-même s'inscrivait opportunément dans la
lignée du succès littéraire de Mario Puzo. Le postulat est assez voisin
du classique de Coppola avec son récit de succession sanglante et le
personnage de Frederic Forrest évoquant Michael Corleone/Al Pacino dans
sa trajectoire.
Les premières minutes du film dessinent la
dualité de ces mafieux entre ce qu'ils sont et ce à quoi ils aspirent.
La scène d'ouverture nous montre ainsi une transaction de drogue
manquant de mal tourner mais qui se conclura par le cadavre des
braqueurs importuns coulés dans du béton. Juste après nous aurons une
cérémonieuse réunion de succession entre les grandes familles du Milieu
où à l'opposé de la brutalité à laquelle on vient d'assister c'est
l'imagerie d'une mafia dirigée comme une entreprise qui s'affirme.
L'objectif est de décider à qui donner le pouvoir de Don Paolo, un des
chefs de la mafia new-yorkaise fraîchement décédé. Son fils Frank
(Robert Forster) étant trop tendre, c'est Don Angelo (Anthony Quinn) qui
va le prendre sous son aile et en faire son successeur.
Tout cela n'est
pourtant pas au gout du consigliere
Orlando (Charles Cioffi) qui souhaite profiter de l'incarcération de
son parrain pour prendre le pouvoir et qui va donc mettre en place une
redoutable machination. Ce personnage tirant les ficelles est le seul
véritable méchant (avec son ambitieuse épouse) du film tandis que tous
les autres seront emportés dans une spirale de violence qui les dépasse.
La progression du film reflète la schizophrénie exprimée en ouverture,
montrant ainsi les liens réels et solides unissant les protagonistes,
qu'ils soient filiaux entre Don Paolo et Frank ou fraternels entre les
deux hommes de mains que son Vince (Al Lettieri) et Tony Fargo (Frederic
Forrest).
Il suffira pourtant d'un soupçon de confusion pour que
tout vole en éclat par une habile manipulation. Frank et son mentor
ayant été conduits à convoiter la même femme (Angel Tompkins dont le
visage angélique laisse le doute jusqu'au bout quant à sa duplicité) la
rivalité amoureuse aura des répercussions terribles sur toute la
"famille". Le Parrain tout en montrant une mafia impitoyable avait fait des liens du sang un refuge (jusqu'au Parrain 2
et son final traumatisant du moins) autant qu'une prison dans lesquels
les personnages pouvaient s'épanouir, se sentir protégés et étouffés à
la fois. Tous cela vole en éclat dans The Don is dead
où les codes de violence et de vendetta prenne le pas sur les
sentiments qui demeurent pourtant intact. Il suffirait ainsi que Don
Paolo et Frank aient une conversation pour tout apaiser et déceler le
complot mais le premier réflexe sera de s'envoyer des tueurs. De même le
plus réfléchi Tony sent venir l'entourloupe mais par fidélité pour son
frère va le suivre dans cette guerre des gangs.
Le scénario nous offre
une captivante partie d'échec truffée de coup de théâtre et que
Fleischer emballe avec l'efficacité qu'on lui connaît. On pourra juste
regretter le manque d'ampleur de l'ensemble (ce passage en Italie dont
on ne verra qu'un bout de quai dans un port) lorgnant plus sur la série B
musclée que le luxe du Parrain.
Toutes les rencontres se font dans des entrepôts sinistres, garages
désaffectés et ruelles mal famées, le train de vie nanti des Don à peine
entraperçu. On devine les restreintes budgétaire mais cela participe
bien finalement à faire des personnages quel que soit leur statut les
petites frappes violentes qu'ils n'ont jamais cessés d'êtres. S'ils
s'abandonnent à leurs pulsions avec férocité ils n’en restent pas moins
humain quand les figures plus réfléchies s'avéreront bien plus
détestables comme Orlando.
Fleischer nous offre un spectacle
rondement mené et brutal, le film avançant au rythme des fusillades,
attentats et bagarres filmés avec une sacrée énergie comme ce guet-apens
furieux dans une ruelle. Le casting est fabuleux avec des acteurs
subtils, aussi féroces dans l'action que vulnérables dans les moments
calme. Al Lettieri spécialiste des rôles de tueurs mafieux intimidant (Le Parrain justement ou encore Mr Majestyk
(1974)) est étonnamment touchant en brute épaisse dépendant des
méninges de son frère. Anthony Quinn vacillant face à une violence qu'il
n'est plus capable d'exercer est excellent également mais c'est
vraiment Frederic Forrest qui emporte la mise, charismatique et
déterminé tout en étant poussé par les évènements vers un destin
criminel qu'il souhaitait fuir. Etonnant qu'il n'ait pas eu plus de
premiers rôles après pareille prestation. Très bon polar auquel il faut
signaler un excellent score de Jerry Goldmith qui expérimente déjà
certains motifs synthétique d'œuvres à venir.
Sorti en dvd zone 1 chez Universal et doté de sous-titre français
Tótem (2024) de Lila Avilés
Il y a 5 heures
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