En Argentine, à Buenos Aires, le danseur Robert
Davis (Fred Astaire), à la recherche d’un emploi, se présente chez le
propriétaire d’un cabaret Eduardo Acuña (Adolphe Menjou) qui, occupé,
refuse de le recevoir. Eduardo est préoccupé par sa fille, Maria (Rita
Hayworth), qui au grand désespoir de sa famille ne veut pas se marier.
Son père imagine alors un stratagème pour la faire changer d’avis. Il
envoie des fleurs et des billets doux à sa fille en lui faisant croire
qu'ils viennent d'un admirateur inconnu. Par un concours de
circonstance, Maria est persuadée d’avoir rencontré son « inconnu » en
la personne de Robert Davis et le présente à sa famille.
Le mythique duo Fred Astaire/Ginger Rogers au terme de 9 films en commun avait pris fin en apothéose avec le superbe La Grande Farandole
(1939). Les films suivants de Fred Astaire chercheraient ainsi à
retrouver cette complémentarité avec d'autres partenaires comme Broadway qui danse (1940) avec Eleanor Powell et surtout le diptyque L'amour vient en dansant (1941) et Ô toi ma charmante
avec Rita Hayworth. Le succès du premier film et l'excellente entente
entre Fred Astaire et Rita Hayworth entraîne dont la production de cet
autre film dans la foulée. Le film s'inscrit dans un courant "latino" de
la comédie musicale des années 40 puisqu'avec la Deuxième Guerre
Mondiale et la fermeture du marché européen, l'Amérique du sud constitue
un terreau commercial non négligeable pour les studios avec des films
comme Sous le ciel d'Argentine (1940), Une nuit à Rio (1941) ou Week-end à la Havane
(1941).
Le scénario (auquel participe Delmer Daves) se situe donc dans
un Buenos Aire pittoresque qui sera l'occasion de numéros musicaux qui
permettent à Fred Astaire de poursuivre les recherches chorégraphiques
autour des danses latines initiée dans les films avec Ginger Rogers. La
présence de l'orchestre de Xavier Cugat (qui joue son propre rôle dans
le film) va dans ce sens et posera problème dans un premier temps à
Jerome Kern pour composer des chansons dans cette veine.
La trame
délaisse les intrigues autour du monde du spectacle des films avec
Ginger Rogers pour une pure comédie romantique. On s'amuse ainsi de ce
père intrusif (au point de s'occuper lui-même du trousseau d'une de ses
filles future mariée) pris à son propre piège lorsqu'il va se muer en
prétendant fantôme épistolaire pour dérider sa cadette glaciale Maria
(Rita Hayworth). Le problème c'est que suite à un quiproquo elle va
prendre le danseur Robert Davis (Fred Astaire) pour son prétendant
anonyme au grand dam de son père. Du coup hormis une scène d'audition
totalement virtuose de Fred Astaire, tous les numéros musicaux sont là
pour nouer la relation amoureuse des deux héros passant de jouée à
sincère. Cela se traduit dans le jeu et donc la gestuelle dansée des
personnages.
Rita Hayworth passe d'une sophistication distante à une
sensualité affolante passant de tenue recherchée mais glaciale à des
robes stylisées épousant magnifiquement ses courbes pour traduire le
trouble ardent et le désir de plaire de la femme amoureuse. Il en va de
même pour Fred Astaire arrogant et désinvolte ne voyant la danse que
comme une obligation pécuniaire avant de se muer en amoureux timide qui
se déride dans des danses chaloupée. Rita Hayworth de par sa formation
au plus jeune âge à la danse latine dans la tradition familiale s'avère
la partenaire idéal d'Astaire pour le film.
Sa sensualité et son allure
élancée en font un contrepoint crédible à Ginger Rogers plus véloce et
nerveuse et on regrette que finalement les danses communes soient
finalement assez rares avec Astaire même si on savoure un tonitruant The Shorty George. Autre sommet avec un délicieux I'm Old Fashioned où la complicité des deux acteurs fait merveille. William
A. Seiter accompagne l'ensemble sans génie mais avec efficacité hormis
un dernier numéro un peu paresseux pour la réconciliation finale. Un
très bon moment en tout cas.
Sorti en dvd zone 2 français chez Columbia
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