Jeune mariée, Bedelia Carrington (Margaret
Lockwood) passe une belle lune de miel à Monte-Carlo avec son nouveau
mari Charlie Carrington (Ian Hunter). Cependant, un jeune artiste
cultivé, Ben Chaney (Barry K. Barnes), commence à sonder son passé avec
une étrange curiosité pour elle. Chaney est, en réalité, un détective
privé qui soupçonne Bedelia d’avoir, dans le passé, assassiné trois
autres maris pour toucher l'argent de l'assurance.
Intronisée femme fatale du cinéma anglais grâce à ses rôles de garce vénéneuse dans les mélodrames Gainsborough (The Man in grey (1943) et The Wicked Lady (1945) en tête), Margaret Lockwood hors du studio donne quelques nuances intéressantes à son emploi de méchante dans ce Bedelia. Le film adapte le roman éponyme de Vera Caspary (célèbre pour être l'auteur de Laura
magistralement adapté par Otto Preminger) qui participe d'ailleurs au
scénario. Sur le papier le postulat est voisin de nombreux film noir
américain de l'époque et on pense notamment à Le Médaillon
de John Brahm sorti la même année avec ce même portrait de femme idéale
dissimulant un passé possiblement criminel.
Bedelia (Margaret Lockwood)
savoure ainsi sa lune de miel avec son nouvel époux (Ian Hunter) quand
un jeune peintre va venir troubler leur quiétude en semblant en
connaître long sur les secrets de la jeune femme. Le scénario ne la joue
pas flashback tortueux comme Le Médaillon
mais au contraire distille bien son malaise au présent à travers les
attitudes de Bedelia. Margaret Lockwood joue une partition si fébrile
qu'on ne sait si elle est une victime oppressée ou une criminelle. Elle
dégage une vulnérabilité si authentique que même les éléments suspects
(la bague à perle noire) nous place du point de vue de son époux qui
semble toujours lui faire confiance et accorder le bénéfice du doute. A
l'inverse le jeu neutre du tourmenteur Ben Chaney (Barry K. Barnes) en
fait un quasi méchant avant que sonne l'heure des révélations.
Finalement le film opère de façon inverse de Laura
qui crée le mystère avant l'apparition de son héroïne, ce mystère se
créant par l'omniprésence insaisissable de Bedelia - et figé dans un
portrait peint vu en ouverture et conclusion. La mise en scène élégante
de Lance Comfort retranscrit cette anxiété diffuse dans des
environnements luxueux (le tournage se partage entre Monaco et les
décors du studio Ealing) avant de poser une vraie chape de plomb dans la
dernière partie (hormis des maquettes grossières notamment lors d'une
scène d'accident de voiture). Une œuvre intéressante donc qui doit
beaucoup à la prestation de Margaret Lockwood notamment un dernier quart
d'heure entre hystérie et tragédie.
Sorti en dvd zone 2 anglais chez Screenbound et sans sous-titres
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