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lundi 9 décembre 2013

Le 49e Parallèle - 49th Parallel, Michael Powell et Emeric Pressburger (1941)


1940. Un sous-marin allemand qui vient de torpiller un navire marchand anglais arrive dans les eaux territoriales canadiennes. Six de ses hommes, commandés par l'officier nazi Hirt, réussissent à mettre pied sur la côte, quand la Canadian Royal Air Force repère le submersible et le coule...

Le 49e parallèle est une œuvre typique de la politique cinématographique anglaise mise en place par Churchill au début des années 40 soi des productions soutenant l’effort de guerre mais en empruntant des voies plus subtiles pour exprimer cette propagande. Si Michael Powell et Emeric Pressburger ont su se montrer plus aventureux dans ce cahier des charges (Colonel Blimp qui détourne l’ode attendu à un officier britannique pour un résultat plus profond et d’ailleurs détesté par Churchill) Le 49e Parallèle assène son message avec une force peu commune tout laissant planer le spectre de l'invasion allemande en terre anglaise (abordé plus frontalement encore dans la production Ealing Went the day well (1942) saisissant film de guerre).  On suit donc ici l’odyssée meurtrière d’un commando de rescapé d’un sous-marin allemand à travers le Canada. Une des premières scènes du film les voyant malmener les survivants d’un navire coulé donne le ton, montrant cette froideur, détermination et soumission à l’idéologie nazie.

Le script d’Emeric Pressburger est une démonstration en plusieurs temps confrontant différentes couche de la population canadienne aux nazis. La communauté canadienne, la vie paisible et insouciante au sein de ce vrai pays d’accueil est bien sûr largement idéalisée pour la différencier de l’uniformité nazie et représenté tour à tour par un trappeur québécois jovial (Laurence Olivier), le patriarche d’une communauté agricole  (Anton Wallbrook), un épicurien insouciant (Leslie Howard) et enfin un soldat canadien en permission (Raymond Massey). Toute la bienveillance, l’entraide et la douceur de ces canadiens est méprisée et vue comme une affreuse faiblesse par le commando dominé par un Eric Portman monolithique et transpirant le fanatisme. 

Chaque rencontre place pourtant le groupe face à ses contradictions et la bêtise de l’idéologie nazie, cette folie empêchant notamment un Eric Portman tendu comme un arc de faire profil bas quand la situation l’exige ou de prendre la bonne décision. Les avis divergeant sont ainsi sanctionnés par de révoltant écarts de violence filmés de manière sèche et brutale par Powell tel le malheureux sort d’un Laurence Olivier si attachant en quelques scènes. 

La beauté soufflante des paysages canadiens, les traditions et rites locaux (on retrouve le côté explorateur et anthropologue typique de Powell vu dans The Edge of the Word (1937), Je sais où je vais ou A Canterbury Tale (1944)), tout cela est traversé sans un regard par la troupe rivée à son stérile objectif de domination. Des possibilités de rapprochements sont pourtant posées avec les moins fanatiques comme le personnage de Vogel (Niall MacGinnis) dans une scène rappelant l’échange sur la culture du bois entre un paysan anglais et un soldat anglais dans A Canterbury Tale. Dans une petite communauté rurale, Vogel va ainsi retrouver le plaisir de son premier métier de boulanger, prenant conscience de son égarement mais voyant cette rédemption à portée de main brisée par la violence de ses acolytes. 

Comme d’autres productions anglaises de cette période, le film une invitation à la prise de conscience et à l’engagement des nations encore extérieures à la Deuxième Guerre Mondiale. On le verra là avec l’insouciance des canadiens face au drame se déroulant en Europe, que ce soit le trappeur découvrant que la guerre s’est engagé sur le vieux continent, Leslie Howard menant la belle vie faite de pêche et d’études où le nazisme est une simple source de moquerie lointaine. Seul Anton Wallbrook émigrant allemand installé au Canada avec les siens se montrera conscient de la menace, apportant une cinglante réponse à Portman lorsqu’il souhaitera l’enrôler dans une des scènes les plus intenses du film.

Cet éveil canadien se fera progressivement, l’opposition étant bien plus coriace après les cruelles morts initiales. La confrontation finale avec Raymond Massey est ainsi un grand moment, la lâcheté du nazi comme le courage et l’entraide des peuples pour s’opposer à la tyrannie s’exprimant par un engagement symbolique des Etats-Unis pour renvoyer l’ennemi là où il saura être puni. Les hommes plutôt que les nations expriment leur volonté ici face au bloc uniforme nazi dans une dernière scène magistrale. Une belle réussite qui transcende la commande.

Sorti en dvd zone 2 français et bluray chez Carlotta

Extrait

 

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