L'inspiration de la ballade écossaise de
Tam Lin, un guerrier des Borlands qui, tombé amoureux de la fille d'un
pasteur, défie le Diable et rompt son serment.
Son exil en
Europe puis la rupture de son contrat avec la MGM aura donné un tour
différent à la carrière d'Ava Gardner durant les 60's. Courant les
cachets avantageux qui lui étaient refusé lors de sa période MGM, la
star s'illustre dans des productions luxueuses comme Les 55 Jours de Pékin (1963) de Nicolas Ray ou Mayerling
de Terence Young (1968) qui exploite finalement plus son statut d'icône
que ses talents dramatiques. Seul son ami John Huston saura encore lui
proposer de grands rôles notamment dans La Nuit de l'Iguane (1964), le segment de La Bible (1966) où elle joue une magnifique Sara et Juge et Hors-la-loi
(1972) qui donne un tour bien plus touchant à cette facette d'icône.
Alors que des Bette Davis, Olivia de Havilland ou Joan Crawford se
refont une santé chez Robert Aldrich (Qu'est-il arrivé à Baby Jane ? (1962), Chut... chut, chère Charlotte
(1964)) ou qu'une Audrey Hepburn saura magnifiquement vieillir à
l'écran (Voyage à deux (1967) de Stanley Donen, La Rose et la Flèche
(1976) de Richard Lester), Ava Gardner passe un peu à côté des cinéastes
de la nouvelle génération, excepté Sept jours en mai (1964) de John Frankenheimer où elle tient un petit rôle. Installée à
Londres depuis 1968, l'actrice voit l'occasion de se reconnecter à une
certaine modernité avec cet étrange film qu'est Tam Lin tout en donnant un tour plus torturé à son image de beauté surnaturelle inaccessible.
Le film est une transposition moderne d'une légende du folklore écossais, La Ballade de Tam Lin.
Celle-ci voit Tam Lin, guerrier écossais, tomber sous le charme de la
Reine des Fée qui le retient en captivité durant de longues années.
Seule une femme l'aimant d'un amour véritable saura le faire échapper à
sa prison. La légende se voit ici revue et corrigée à la sauce Swinging
London et psyché par un Roddy McDowall dont ce sera la seule
réalisation. Micki Cazaret (Ava Gardner) est une femme richissime qui
malgré son âge mûr vit entouré d'une cour de jeune hippie qui l'idolâtre
et la suit partout. Parmi eux, elle a jeté son dévolu sur Tom Lynn (Ian
McShane) son amant soumis et aimant depuis de longues années.
Le film
s'ouvre sur une eux enlacé au lit et malgré le contexte tendre, le poids
et l'étreinte de l'amour que voue Micki à Tom se ressent déjà même si
celui-ci passif n'a pas l'ai de s'en plaindre. Cela va changer lorsque
Micki va emmener sa troupe dans son château écossais, le contexte
laissant ainsi progressivement s'installer l'intrigue de la ballade de
Tam Lin. Roddy McDowall laisse largement la modernité envahir ce cadre
solennel, que ce soit les tenues criardes et multicolores de tout le
monde, le parfum d'hédonisme ambiant de cette communauté et l'érotisme
prononcé de certaine séquence.
Déesse pour lesquels quiconque se damnerait dans des films comme Pandora,
Ava Gardner prolonge cette image ici (somptueuse scène où elle déambule
dans la nature en robe longue multicolore) mais McDowall la déforme
progressivement, l'allégeance et soumission des prétendants subjugués
étant remplacé par la crainte de son courroux d'une cour profitant de
ses largesses.
Ava Gardner pour rester dans l'analogie de conte passe
ainsi de la princesse capricieuse à la sorcière vieillissante avec une
grande lucidité et l'intrigue va accentuer cette direction. Tom tombe en
effet sous le charme de Janet (Stephanie Beacham) fille du pasteur
local. Là aussi, McDowall tisse un parfum de légende, de destinée et
d'inéluctable à leur passion par les effets appuyés accompagnant chacune
de leur rencontre.
Le temps semble comme se figer lors de l'arrivée de Janet au château dès
le moment où elle pose les yeux sur Tom à coup de ralentis avantageux
et de gros plans sur le regard subjugué de la jeune femme, plus tard la
rencontre en pleine lande écossaise s'affranchit de tout dialogues pour
orchestrer leur rapprochement à coup d'image fixe, comme un roman photo
filmé.
En opposition au stupre et à l'hypocrisie guidant la vie de la
communauté au château, les mots et attitudes forcés sont inutiles pour
exprimer la pureté de cette passion. Ian McShane adoptant jusque-là les
attitudes de viveur antipathique parait enfin habité et voit ses traits
juvéniles enfin mis en valeur quand Stéphanie Beacham allie
magnifiquement sensualité et douceur immaculée. Le fait quelle soit
fille de pasteur (joué par Cyril Cusack) offre d'ailleurs un envers
symbolique entre religion et païen représenté par Ava Gardner.
En opposition, son pouvoir mis à mal va révéler toute la noirceur d'âme
de Micki et l'envers du décor. On découvrira le sort peu enviable des
précédents compagnons de Micki, congédiés quand elle s'en lasse où tués
dans d'affreuses circonstances s'ils daignent la délaisser. Promis à son
tour à ce funeste destin Tom va devoir subir le courroux de son
ancienne amante. La dernière partie du film bascule quasiment dans le
fantastique et prend un tour bien plus sombre. Ava Gardner devient
véritablement une sorcière de conte, autant par son jeu outré que ses
tenues extravagantes mais aussi les postures et cadrages menaçant où
l'expose Roddy McDowall.
La photo de Billy Williams donne une allure baroque et cauchemardesque
aux décors naturels et du château si bienveillant et bucolique en début
de film et révélant leur vraies natures tandis que l'âme damnée de leur
propriétaire s'affirme. La course poursuite finale est assez stupéfiante
visuellement, les idées les plus folles s'entrechoquant pour un
résultat flamboyant et ridicule, fascinant de too much.
Tom perdu et
submergé par les "sortilèges" de Micki va se reposer sur le l'amour
d'une Janet repoussant tous les démons nocturnes pour lui pour accomplir
la légende. Une conclusion bluffante qui achève de faire Tam Lin une
fascinante curiosité. A noter score envoutant de Stan Myers accompagné des chansons du groupe
Pentangles dont la ballade de Tam Lin revisitée et croisant élans
celtiques et influences indiennes psyché typique de l'époque.
Sorti en dvd zone chez Olive et sans sous-titres
Extrait
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