Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

Pages

mercredi 29 juin 2011

L'Homme sans frontière - The Hired Hand, Peter Fonda (1971)

Après beaucoup d'années passées à vagabonder dans l'Ouest, Harry Collings est las de cette vie de cow-boy itinérant et choisit de retrouver le foyer qu'il a abandonné, voilà sept ans. Il part en compagnie de son inséparable ami Arch Harris, après avoir vengé de manière sanglante la mort d'un troisième compagnon dans un petit village en bordure du désert. Le retour s'avère délicat car Hannah, l'épouse d'Harry, qui s'était résignée à ne jamais revoir à son époux, appréhende difficilement ce retour.

A l'orée des années 70, le western est un genre sur le déclin et en plein questionnement. La vague du western spaghetti, la crépusculaire Horde Sauvage de Sam Peckinpah ont rendu impossible et désuet un retour aux classicisme originel d'autant que les grands maître comme Hawks, Hathaway ou Ford sont alors en fin de carrière. Sans disparaître pour autant le western fait alors sa mue avec des oeuvres adoptant une approche décalée par l'humour, la parodie ou un désamorçage des passages et intrigues archétypale du genre pour le meilleur (Little Big Man de Arthur Penn, Cable Hogue et Pat Garret et Billy le Kid de Peckinpah, Butch Cassidy et le Kid de George Roy Hill) et pour le pire comme avec le pénible Missouri Breaks porté par un Marlon Brando en flagrant délit de cabotinage éhonté.

Fraîchement promu superstar grâce au succès de Easy Rider, Peter Fonda apportait avec cette première réalisation une contribution remarquée à cette évolution du western. Il faudrait d'ailleurs plutôt parler d'anti western assumé tant la vision de Fonda, imprégnée de la contreculture hippie de l'époque détone, plus dans la forme que dans le fond néanmoins. Les passages obligés les plus spectaculaires et archétypaux sont systématiquement traités de la manière la moins hollywoodienne possible, que ce soit la mort lente et pathétique de l'acolyte Dan au début, les représailles sanglantes de Harry et Arch qui s'ensuivent ou encore un gunfight final d'une brièveté volontairement frustrante dans son déroulement.

Le réalisateur privilégie les moments contemplatifs et intimistes, fort réussis et touchants, principalement centrés sur le couple formé par Verna Blomm et Peter Fonda qui réapprend progressivement à se connaître et à former une famille après une séparation de sept ans.Formellement splendide, le film s'orne de quelques plans réellement somptueux portés par la photo automnale de Vilmos Zsigmond qui officiait pour la première fois dans un film de fiction et allait devenir le chef opérateur emblématique du Nouvel Hollywood.

Le score magnifique de Bruce Langhorne (pas sans évoquer celui de Morricone sur Les Moissons Du Ciel où on sent comme une influence du film de Peter Fonda) traduit à merveille le sentiment d'errance et de désenchantement qui traverse le film et accompagne parfaitement les purs moments de grâce tel la première nuit entre Verna Bloom et Peter Fonda.

La réalisation de Peter Fonda est parfois un peu datée dans certains de ses effets (les images fixes, les nombreux fondus enchaînés...) mais croise à merveille l'imagerie western classique et donc celle plus hippie et psychédélique en vogue comme ce dialogue entre Arch (excellent Warren Oates comme souvent) et Harry filmé de loin sous forme de silhouette tandis que le champ contre champ de leurs visages apparait en surimpression au dessus d'eux à la place du paysage, une belle idée. Hormis de petites longueurs par instants un bien beau film donc, parfaite photographie de son époque.

Sorti en dvd zone 2 français chez Carlotta

Extrait où on ressent bien l'influence que Fonda a pu avoir sur Terrence Malick

2 commentaires:

  1. Beau film, bien restauré. Musique splendide!
    Les scènes coupées au montage proposées dans les bonus montrent le travail de restauration et aussi précisent certains points du scénario. Leur suppression dans le montage définitif donne un film plus concis et plus fort.
    Même s'ils sont un peu datés, Justin, j'ai particulièrement apprécié les fondus enchaînés qui ont une grande charge poétique et ne sont pas du tout gratuits.
    Western très intéressant, à voir, merci de l'avoir commenté !

    RépondreSupprimer
  2. J'ai beaucoup aimé moi aussi la mise en scène et le montage choisis par Peter Fonda. La scène d'ouverture est une vraie merveille. Et j'ai été très touché par la belle histoire d'amitié que raconte le film.
    Ma petite critique ici : http://ilaose.blogspot.com/2013/02/lhomme-sans-frontiere.html

    RépondreSupprimer