Malgré de bonnes intentions et de vraies qualités, une adaptation assez ratée du classique d'Hemingway. Tout est pourtant bien là avec les thématiques du roman largement évoquées, le combat de l'homme contre la nature, la dignité retrouvée et le respect de l'adversaire valeureux à travers le long duel d'un vieux pêcheur ne cédant pas un pouce avec marlin aux proportions titanesques qui s'est retrouvé au bout de sa ligne. Spencer Tracy, interprète rêvé d'Hemingway pour son personnage incarne un valeureux, humble et fragile Santiago dont on s'émeut du courage et de la volonté surhumaine, la musique de Dimitri Tiomkin donne des élans grandiose à cette odyssée et certaines vues en pleine mer de ce cadre exotique et dangereux sont somptueuses grâce à la photo de James Wong Howe. Tant que le film se fait simplement évocateur la magie fonctionne mais c'est bien trop rare.
La déférence trop grande au texte d'Hemingway plombe totalement le film avec une voix off omniprésente qui surligne d'une poésie toute littéraire ce qui devrait passer par l'image, Spencer Tracy lisant des pans entier du livre de la première à la dernière minute. L'ennui s'installe rapidement face à ce procédé qui nous rend totalement extérieur à la si importante relation entre le vieil homme et l'enfant, le moindre regard, la moindre émotion, échange et semblant de complicité étant décrit par la voix off. Quitte à réduire les dialogues à leur strict minimum il aurait au moins fallu privilégier les silences notamment lors du duel en mer mais ce n'est pas le cas et on décroche.
Autre soucis esthétique le film semble constamment coupé en deux dans ses choix. Sturges innovait là l'usage du blue screen incrustant un acteur filmé en studio dans un décor naturel et s'il s'avère déjà plutôt efficace il tue tout le naturalisme attendu des séquences en mer puisque étendu à tout le passage de Spencer Tracy en barque en plus de ceux plus nécessaire où apparaît le marlin. Tracy semble donc constamment s'agiter dans un environnement différent souligné par le montage où dans les scènes sous-marines une mer bleue de pleine journée contredit le ciel crépusculaire de l'extérieur.
De bonnes intentions mais une adaptation ratée la faute à une transposition trop fidèle et surtout pas pensée en terme cinématographique, dommage car tout était là pour faire un grand film.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner
Extrait
Ah oui alors ! Qu'est-ce que c'est chiant, ce film ! Et tellement lourdingue. Déjà que le roman l'est un peu...
RépondreSupprimerMais bon, quel film de John Sturges n'est pas chiant et lourdingue? "Un homme est passé", peut-être? Et encore. Là aussi, le polar dont il est tiré est bien meilleur.
Et puis, aussi, faut que j'avoue que je n'ai aucune sympathie pour Spencer Tracy, je trouve sa réputation assez surfaite. Mais ça, je le concède, c'est terriblement subjectif.
Côté objectif, c'est vrai, James Wong Howe est un roi! (Même si j'ai quand même plutôt un faible pour son N&B. Cela dit c'est une préférence infinitésimale).
Lisa Fremont.
PS: j'ai pas le courage de refaire le truc de "prouvez que vous n'êtes pas un robot" sur l'article " La Rue de la honte", alors je rajoute ici : C'est mon Mizoguchi préféré. Quel dommage qu'il n'ait pas eu le temps d'en faire d'autres de la même veine contemporaine après. Là aussi, le N&B est sublime.
Bon là le sujet demandait une certaine finesse dont il est dépourvu en général mais j'ai plutôt bien James Sturges en général capable de divertissement très efficace, hormis "Un homme est passé" si vous ne l'avez jamais vu je recommande vivement "Sept secondes en enfer" relecture/suite plus sombre de son ""reglement de compte à OK Corral" qui démystifie la légende. De manière générale ses westerns sont vraiment bons comme "Fort Bravo" aussi, c'est un faiseur certes mais un bon.
RépondreSupprimerMais le Hemingway là dur vraiment raté j'ai manqué piquer du nez plusieurs fois...
Moi mon Mizoguchi préféré c'est L'Impératrice Yang Kwei Fei, à évoquer ici un de ces jours sûrement !