Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
Vic Dakin, un truand londonien
extrêmement violent, met sur pied un hold-up avec d'anciens compagnons.
Le tempérament agité, frisant la psychopathie, de Vic, qui ne parvient à
s'entendre qu'avec sa mère et son jeune amant, l'oppose aux autres
malfrats et risque de menacer le succès de l'entreprise.
Au
début des années 70, un grand désir de polar se fait jour dans une
production anglaise un peu à la traîne sur les évolutions récente du
genre (Inspecteur Harry, French Connection...). Trois films majeurs sont donc produits coup sur coup en deux ans avec les mémorables La Loi du milieu de Michael Hodges (1971), Villain de Michael Tuchner et The Offence
de Sidney Lumet (1972).
Cette nouvelle vague est pourtant tuée dans
l'œuf par l'échec commercial de ces films (qui deviendront pourtant
culte avec le temps surtout le Hodges) et il faudrait quasiment attendre
10 ans et le succès de The Long Good Friday
(1980) pour relancer le genre même s'il ne disparaît pas complètement
des écrans anglais. Les raisons de ces échecs sont l'extrême noirceur et
la violence prononcée de ces trois films à laquelle le public anglais
n'était pas prêt et bien qu'inférieur aux films précités, Villain s'avère particulièrement gratiné dans la déviance.
Villain adapte le roman The Burden of Proof
de James Barlow et est surtout inspiré de la vie du vrai gangster
Ronnie Kray qui avec son frère jumeau Regie domina la pègre londonienne
durant les années 50 et 60 (et source d'inspiration également de The Long Good Friday).
On retrouve donc de ces caractéristiques dans le truand Vic Dakin
incarné par Richard Burton, à savoir un psychopathe en puissance,
homosexuel et maladivement attaché à sa mère. L'intrigue est assez
conventionnelle avec le gang de Dakin réalisant un violent hold-up mais
oppressé par la police et peut-être infiltré par une taupe ne parvenant
pas à récupérer son butin. Ce postulat efficace mais assez mince offre
donc un écrin idéal à Richard Burton pour une prestation mémorable en
gangster hargneux et imprévisible. C'est dans son royaume, les ténèbres d'une
chambre qu'on le découvre alors qu'il tend une embuscade chez un
croupier trop bavard qu'il va atrocement mutiler et tuer sous nos yeux.
Burton mêle froideur et rage extrême à une sensibilité et fragilité
surprenante, la tendresse de sa mère (qui semble tout ignorer de ses
activités) semblant tout juste apaiser la bête qui sommeille en lui.
L'autre point d'ancrage est son amant Wolfe (Ian McShane) mais aucune
douceur à attendre de ce côté-là avec une relation dominant/dominé quasi
SM où le malheureux Wolfe est soumis au bon vouloir, la violence et
jalousie de Dakin à tout moment. Burton prenait un énorme risque avec
cette facette du personnage, écornant son image de macho coureur de
jupon (les scènes trop explicites finissant par être coupées au montage
comme un baiser avec Ian McShane) et ce sera une des raisons de
l'insuccès du film.
L'originalité du film tient donc surtout à ce
héros haut en couleur et la mine menaçante, le regard fou de Burton
hante longtemps après le visionnage. Sans être captivante l'intrigue est
plutôt bien menée et comporte son lot de morceau de bravoure dont un
braquage routiers des plus brutal et à l'ancienne (pas d'armes à feu
mais des gourdins et batte de base-ball au fracas douloureux), des
moments de cruauté mémorable (cette scène d'ouverture qui pose
l'ambiance) et un casting de trognes intimidantes faisant son petit
effet. Le tout jeune Ian McShane tire bien son épingle du jeu face à
Burton, minet plus frêle que les brutes épaisses qui l'entoure mais tout
aussi peu recommandable avec un penchant pour le chantage et le
proxénétisme. Il reste néanmoins plus humain et engageant que les
autres, tout comme l'inspecteur déterminé joué par Nigel Davenport.
C'est donc surtout par son ton et son ambiance que le film innove (avec
ses décors fait d'usines désaffectées et de docks inquiétant) grâce
notamment à son écriture inhabituelle où le duo d'auteurs comique de
télévision Dick Clement et Ian La Frenais (notamment célèbre en
Angleterre pour leur série culte The Likely Lads) collabora avec l'acteur américain Al Lettieri connu pour ses rôles de malfrats (Le Parrain, Guet-apens, Mr Majestyk)
et aussi ses vrais liens avec le Milieu.
La mise en scène nerveuse de
Michael Tuchner et la splendide photo de Christopher Challis apporte
également une solide assise visuelle à l'ensemble. Tous ces éléments
contribue au ton réaliste et à la fois décalé du film trop novateur à sa
sortie mais qui pose les bases de The Long Good Friday qui hissera ces qualités vers un excès et une folie plus grands encore.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire