Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
Les banques introduisent notre argent dans le circuit monétaire
international, si bien que toute personne ayant un compte bancaire
participe sans le savoir au système financier mondial. À travers les
témoignages des différents acteurs de ce système, le réalisateur nous
révèle les risques d'une économie sans garde-fou : paradis fiscaux,
chantage économique, investissements fictifs, etc. Ce film
impressionnant montre les dérives du système libéral et ses conséquences
humaines, démographiques et écologiques...
Depuis le krach financier de 2007 plongeant notre économie dans une crise toujours vivace, l’actualité
récente nous alimente régulièrement en scandales divers et en
dénonciation de dérives de toutes sortes. Toutes ces pratiques n'étaient pourtant pas nouvelles et ce documentaire se charge de nous expliquer ce
qui nous a conduit lentement mais sûrement au désastre actuel.
Le film s’avère fort informatif, plus sur le détail que par les
révélations en elle mêmes, la plupart des faits énoncés étant bien
connus pour qui suit un minimum l’actualité. Ainsi on découvre un
paradis fiscal loin des strass de Monaco ou de l’exotisme des Caïmans,
avec la très austère île de Jersey, qui a réussi à s’enrichir et
devenir une plaque tournante du marché financier après que son Premier
Ministre ait déroulé un véritable tapis rouge aux mastodontes de la
banque.
De même le désastre de la bulle immobilière en Espagne s’avère
particulièrement saisissant, l’image parlant plus que les mots avec ses
kilomètres de logements vides et villes fantômes à perte de vue, ou les palaces hôteliers à
la construction inachevée. On n'est cependant jamais bien loin de
l'enfoncement de porte ouverte, lorsque Wagenhofer cherche à politiser
son propos plutôt que de s’appuyer concrètement sur les faits, notamment
avec sa tentative d’explication des derniers conflits mondiaux, juste
dans le fond mais orné d’une aura paranoïaque atténuant un peu le
sérieux de l'entreprise.
Un des aspects les plus étonnants et captivant est sans doute l’évocation
des membres du Mont Pèlerins. Société fondée en 1947 (et devant son nom
au lieu de réunion de ses membres, situé en Suisse), ayant édifié les
bases de la pensée néolibérale dans ce qu’elle a de plus froid et
radical et qui fit réellement basculer l’équilibre de l’économie
mondiale lorsque Ronald Reagan admit ses membres dans son équipe de
conseillers et que Margaret Thatcher appliqua leurs idée à la lettre
avec les conséquences que l’on sait.
Malgré un intérêt certain, le film ne s’avère pourtant que partiellement
réussi, la faute à un traitement inadéquat. S’il n’y a rien à redire
sur le fond, la forme est un peu plus problématique. Les meilleurs
documentaires vus ces dernières années étaient parvenus à associer leurs
informations explosives à un ton réellement cinématographique. L’avocat de la terreur
de Barbet Schroeder mêlait ainsi politique et romanesque pour dépeindre le destin fascinant de Jacques Vergès, Michael Moore
(avant qu’il ne vire portraitiste à charge caricatural) parvenait à être ludique et
angoissé sur Bowling for Columbine et le récent Cocaïne Cowboys
arborait la forme des polars les plus clinquants tout en dénonçant la
violence du Miami des 80's. Rien de tout cela ici, où Wagenhofer, malgré une
réalisation soignée, adopte un ton austère et professoral, dans un
ensemble froid provocant un ennui certain en dépit d’un propos qu’on ne
peut qu’approuver. Bref, un pamphlet intéressant, mais auquel il manque
juste un peu de cinéma, dommage.
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