Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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jeudi 10 janvier 2013

Glengarry - Glengarry Glen Ross, James Foley (1992)


Un cadre supérieur d'une importante société immobilière vient annoncer aux vendeurs une importante restructuration des effectifs. Les meilleurs resteront et se verront confier la commercialisation d'un lot de terrains particulièrement convoités, les autres seront purement et simplement mis à la porte. Alors s'en suit manipulation et guerre à outrance parmi les vendeurs qui veulent tous conserver leur place.

James Foley même s'il n'a jamais complètement confirmé les espoirs suscités par son Comme un chien enragé (1985) sommet du cinéma US des 80's aura tout de même signé d'autres réussites comme le polar Le Corrupteur (1998) et surtout ce Glengarry Glen Ross. Le film constitue un sorte d'équivalent prolétaire au Wall Street d'Oliver Stone où les yuppies sont remplacé par une plus modeste équipe de vendeurs immobiliers avec cette même réflexion sur l'ambition, l'appât du gain et la concurrence effrénée suscitée par cette société capitaliste froide et impitoyable. Le film adapte une des plus fameuses pièces de David Mamet récompensée du prix Pulitzer et inspirée de la propre expérience du dramaturge qui à la fin des années 60 travailla au sein d'un agence immobilière.

La pièce triomphe tout d'abord en Angleterre où elle est jouée dès 1983 et le succès se confirme sur les scènes américaines à Chicago puis à Broadway. C'est là que l'idée d'un film va germer d'abord par le réalisateur Irvin Kershner y décelant le potentiel cinématographique. C'est finalement James Foley qui le mettra en scène bien plus tard entouré d'un casting de haut vol pour des rôles qui furent notamment convoité par Robert De Niro, Bruce Willis, Richard Gere and Joe Mantegna...

L'intrigue nous plonge dans deux jours sous pression dans le quotidien d'une agence immobilière où l'équipe de vendeur. Le film s'ouvre sur une séquence d'anthologie avec un Alec Baldwin envoyé par la maison-mère pour secouer nos vendeur aux chiffres médiocre avec une sacrée épée de Damoclès : à la fin de la semaine ceux qui n'auront effectués aucune vente seront renvoyés, le meilleur vendeur remportera une Cadillac et le second une boite de couverts (!). Alec Baldwin dans un monologue d'anthologie humilie, rabaisse et insulte ces subalternes qui n'existent que par le chiffre de leur dernière vente avec une agressivité ordurière jubilatoire.

Dès lors une bataille de manipulation, mensonges et bluff divers se joue dans l'agence où on découvre la personnalité de chacun. Le directeur d'agence froid aux doléances des vendeurs (Kevin Spacey), le vieux de la vieille cruellement dépassé et aux abois (Jack Lemmon), le leader arrogant et privilégié (Al Pacino), le rétif à l'autorité prêt à tout pour s'en sortir (Ed Harris)... En dépit de cette caractérisation marquée au départ, tous nous paraîtront sympathiques, pitoyables ou détestables dans leur détresse et détermination froide au fil de rebondissement mémorables les plaçant en position de force pour aussitôt les rabaisser plus bas que terre dans la minute qui suit.

Rarement on aura vu l'art de la vente aussi bien dépeint qu'ici avec un David Mamet (également auteur du scénario) qui accumule les joutes verbales mémorables où nos vendeurs négocient, cajolent, bousculent leur client qui s'apparente plutôt à une proie qui faut saisir avec toute la ruse possible. On aura droit à toutes les facettes de cet art mercantile, que ce soit l'harassante routine de harcèlement téléphonique et de visites impromptues à toute heure, une capacité de conviction sur le fil du rasoir de l'insistance déplacée, la roublardise et le mensonge. Ainsi poussé à bout par un système de pensée, chacun révèle ce qu'il a de plus fourbe en lui à travers cette rivalité. Tout cela est dépeint avec brio et une remarquable économie de moyen l'intrigue se déroulant principalement dans deux décors.

James Foley s'efface devant son sujet et sa mise en scène (sans céder abusivement au théâtre filmée) est entièrement au service des prestations exceptionnelles de l'ensemble du casting. Néanmoins Jack Lemmon au bord de la rupture tire le plus son épingle du jeu, tout comme Al Pacino tour à tour cajoleur (la manière dont il embobine Jonathan Pryce, grandiose) et agressif avec une tirade insultante envers le bureaucrate sans talent Kevin Spacey des plus savoureuse. Captivant et mordant, une grande réussite.

Sorti en dvd zone 2 français chez Carlotta

Extrait de la tirade mémorable d'Alec Baldwin en ouverture grandiose !

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