Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mardi 22 janvier 2013

Maria's Lovers - Andreï Kontchalovski (1984)


Après avoir passé plusieurs années de captivité dans un camp japonais, Ivan rentre en Pennsylvanie. Seul, un rêve fou lui a permis de surmonter cette terrible épreuve: épouser a son retour, la plus belle fille du pays. Mais à Brownsville, Maria est déjà très convoitée.

Maria's Lovers est le premier film américain du réalisateur russe Andreï Kontchalovski qui signe d'emblée un coup de maître. Ancrage profond dans l'histoire de son pays d'accueil, mythologie, psychanalyse et une âme russe néanmoins toujours vivace, Kontchalovski triomphe sur tous les points dans ce mélodrame puissant. En 1997 Kontchalovski avait réalisé une assez médiocre adaptation de L'Odyssée pour la télévision américaine, sauf que finalement sa vraie vision du poème d'Homère, il l'avait déjà signée de manière toute personnelle avec Maria's Lovers.

Après plusieurs années au front à affronter les japonais durant la Deuxième Guerre Mondiale, Ivan (John Savage) est de retour au pays en Pennsylvanie. Dès son arrivée il n'espère qu'une chose, retrouver celle dont le doux souvenir l'a aider à traverser toutes les épreuves et privations, Maria (Nastassja Kinski) son amour d'enfance et de toujours. Seulement Maria et sa beauté ravageuse est courtisée par tous les mâles de la région mais contre toute attente elle ne l'a pas oublié non plus et ils vont enfin pouvoir se marier et s'aimer.

La première partie du film s'amorce comme un rêve éveillé où les rares nuages (Savage narrant ses terribles souvenirs à son amante d'un soir) ne laissent pas présager de la suite et l'on est émerveillé par les paysages de cette Pennsylvanie provinciale (photo somptueuse de Juan Ruiz Anchía), la candeur touchante de John Savage en vétéran timide et amoureux et bien sûr par la sensualité et les regards ardents d'une Nastassja Kinski qui n'a jamais été aussi belle, aussi désirable. Ivan/Ulysse après avoir guerroyé à Troie/ Pacifique est revenu en Ithaque/Pennsylvanie, a vaincu les prétendants de Maria/Penelope dans une réinterprétation qui semble même adoucir la plus sanglante conclusion d'Homère.

Un problème se pose pourtant à notre Ulysse moderne, il n'a pas laissé derrière lui les cyclopes, sirènes et magiciennes rencontrés durant sa quête et ils continuent à le hanter. Cela se manifeste par un terrible et sordide souvenir des maltraitances au sein des geôles japonaises qui nous sont d'abord narrées par un John Savage encore transi d'effroi, puis qui s'illustrera de manière symbolique tout au long du film à travers des visions cauchemardesques récurrentes avec l'apparition d'un rat ensanglanté.

 Pire, celle dont l'image l'aura aidé à surmonter toutes ses horreurs leur est définitivement associée et Ivan va s'avérer incapable de coucher avec Maria dont le moindre contact le rend soudain impuissant. L'Odyssée selon Kontchalovski peut alors réellement commencer avec le lent chemin de croix du couple.

Ivan rongé par la culpabilité et la honte (le film multipliant les figures d'hommes virils renvoyant le héros à sa faiblesse notamment l'imposant patriarche joué par Robert Mitchum) s'éloigne et rejette Maria, cette dernière blessée réfrénant un désir inassouvi et de plus en plus pressant. Les deux acteurs livrent de très grandes prestations où Konchalovski les fait alterner entre les registres tout en retenu et en non-dits (Ivan feignant d'être endormi lorsqu'il est sollicité par Maria, les embrassades timides qui tournent court, le malaise dès que Maria est dans une tenues affriolante) avec une outrance où ce mal être explose avec fureur.

John Savage masque de douleur contenu excelle dans la sobriété tandis que Nastassja Kinski est incandescente en femme n'étant plus que désir et frustration, s'abandonnant de façon déconcertante tel ce moment où elle se caresse fiévreusement (ou encore lorsque la séduction agressive de Keith Carradine la met dans tous ses états).

C'est donc au terme d'un nouvel et terrible affrontement avec ses démons (dans une scène de cauchemar tétanisante) et après avoir cette fois dû réellement terrasser son rival qu'Ivan pourra enfin achever son odyssée intérieure et reconquérir sa Pénélope qui n'a cessé de l'attendre. Grand film romanesque, intimiste et passionné dont on se demande encore par quel miracle il a pu être produit par la Cannon, firme plutôt habituée aux exploits musclés de Chuck Norris (malgré d'autre exceptions incongrue comme du Godard).


Assez scandaleusement inédit en dvd zone 2 français donc se pencher vers les zone 2 anglais ou allemand tous doté de vf et sous-titres français ou alors le zone 1 comportant aussi des sous-titres français.


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