Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mardi 18 octobre 2011

La Chute de l'Empire Romain - The Fall of The Roman Empire, Anthony Mann (1964)


Deux frères ennemis se disputent le pouvoir : le tyran instable Commode et le général Livius, digne disciple de Marc-Aurèle (père de Commode) et désireux de faire de Rome un empire résistant à la misère et aux invasions barbares. Le règne de Commode précipite Rome dans la décadence.

Avec Le Cid réalisé trois ans plus tôt, La Chute de l'Empire Romain constitue en quelque sorte le testament filmique d'Anthony Mann. Avec ces deux fresques monumentales, Mann délivre la quintessence de sa maestria visuelle et dramatique qu'il n'atteindra pas avec ses deux derniers films l'inégal Les Héros de Telemark et l'inachevé Maldonne pour un espion (il meurt sur le tournage et l'acteur Laurence Harvey achèvera le film). Si Le Cid s'attachait à illustrer la figure du héros dans le sens le plus noble du terme, La Chute de l’Empire Romain a pour lui un propos passionnant à savoir le déclin d’une civilisation.

L’intrigue fera plus qu’inspirer le récent Gladiator de Ridley Scott qui semble bien en être le remake officieux. La comparaison s’arrête cependant là. Gladiator est un efficace film d'action antique tandis que l’œuvre d'Anthony Mann est une analyse en profondeur des éléments qui mènent à la dérive puis à la chute d’une grande puissance. Lors de la sortie, le film avait en toile de fond contemporaine le régime soviétique mais la réflexion assez universelle peut s’attacher tout autant à l’histoire récente des Etats-Unis.

Les Romains sont en effet décrits comme un peuple fermé qui refuse d'intégrer les peuples conquis et d'en faire des citoyens romains à part entière tout en continuant à les exploiter, ce qui entraînera la rébellion de ses derniers. Une grande puissance sentant son pouvoir péricliter fait donc ainsi le choix de la fermeture et du repli sur soi au détriment d’une ouverture teintée de suspicion dont les apports potentiels sont mis en doute.

Seul le héros Livius (Stephen Boyd vraiment fade et peu charismatique Charlton Heston prévu au départ aurait été bien meilleur, tout comme Richard Harris qui abandonne le rôle de Commode au cabot Christopher Plummer) fait preuve d'ouverture d'esprit ainsi que le philosophe joué par James Mason, mais il sera écarté du trône qu’un Marc Aurèle visionnaire (Alec Guiness fascinant) lui destinait. C’est donc dans l’affrontement fratricide entre le prétendant déchu Commode (Christopher Plummer) et Livius que va se jouer le sort de l’Empire.

Mann se rattrape de la déconvenue de Spartacus par un son illustrations d’un cadre fastueux et de morceaux de bravoures brillants. La poursuite en char sur une route montagneuse enterre ainsi celle pourtant mythique de Ben Hur tandis que le rapprochement avec Gladiator est encore de mise avec un grandiose face à face final entre Commode et Livius dans une arène.

Contrairement au Cid aucune figure charismatique ne pourra cependant entraver la chute. Les moments symboliques montrent que quelques chose s’est définitivement brisé, que ce soit l'armée de rebelles de Livius achetée par Commode pour une poigné d'or ou la fin très cynique ou le titre de César se négocie au plus offrant… Malgré cette grande russites, l'échec du film sonnera pour un long moment la fin de ce type de fresque antique dans le cinéma américain... Jusqu'à Gladiator.

Sorti en dvd zone 2 français chez Opening mais les anglophones devraient plutôt pencher sur les magnifiques éditions collector éditées en zone 1 par Miriam et gorgées de suppléments passionnants.


3 commentaires:

  1. Je suis d'accord pour juger Stephen Boyd un peu fade, avec une allure de héros positif très propre et sans défauts. Pour ce qui est de Christopher Plummer, je l'ai toujours trouvé vraiment bien dans son rôle de "méchant du film", délicieusement excessif, la folie n'est pas loin!...
    Les personnages sont bien marqués, comme dans un western classique, on peut choisir son camp et, bien sûr, on est du côté du gentil! Certes, cela manque un peu de complexité... Richard Harris devait avoir le rôle? Autre film!

    Quant à comparer les deux Marc-Aurèle, celui-ci, mémorable Alec Guiness, et le plus récent, Richard Harris dans Gladiator, je ne peux vraiment choisir. Remarquables tous deux.

    Un de mes films cultes, je me le repasse de temps à autre...

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  2. Oui je suis un peu sévère avec Plummer il est bon tout de même mais pour comparer je préfère nettement l'interprétation de Joachin Phoenix dans "Gladiator" qui suscite autant le mépris que la pitié. Il apporte une dimension torturée quand je trouve que Plummer fait juste le "méchant"...

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  3. Il est vrai que le Commode de Joaquin Phoenix est impressionnant, grande richesse de l'interprétation! Dans Gladiator, les deux grands rôles sont ex-æquo! Enfin non... un plus pour Phoenix : il y a plus de finesse dans son jeu que dans celui de Crow...

    Il paraît que la réédition de La Chute de l'Empire romain en Blu-Ray est assez réussie (http://www.lesnumeriques.com/la-chute-de-l-empire-romain-restauration-blu-ray-p759_10879_141.html). Voir!...

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