Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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lundi 4 novembre 2013

Illicit - Archie Mayo (1931)


Après le divorce de ses parents, Anne ne croit pas au mariage et refuse fermement de se marier avec son amant. Pourtant, la jeune femme, follement amoureuse, finit par céder. Mais lorsque l'union est célébrée, la routine et l'usure font leurs apparitions...

Une œuvre Pré Code fort audacieuse pour l'époque puisque remettant en cause la sacro-sainte institution du mariage. C'est cette question de mariage qui agite le couple illégitime que forment Anne Vincent (Barbara Stanwyck) et Richard Ives (James Rennie). Ils ne semblent pourtant pas si malheureux que cela lors de la joyeuse scène d'ouverture remarquable de concision où l'on comprend qu'ils ont passés la nuit ensemble (les vêtements masculins et féminins entremêlés dès la première image), qu'ils se dissimulent (les appels téléphoniques dans le vide du père de Richard) et donc pas mariés.

Le ton badin, la complicité et les jeux amoureux nous laissent comprendre parfaitement le sentiment intense qui lien les deux amants avec une Barbara Stanwyck merveilleuse de langueur et de sensualité et James Rennie séducteur et malicieux. Richard aimerait concrétiser cette relation par l'issue "logique" du mariage mais Anne craint que cette officialisation ne tue leur relation. Dès cette même scène d'ouverture, les obstacles à cet amour libre se manifestent pourtant, en deux temps avec l'arrivée d'un ami rapportant les rumeurs les concernant puis du propre père de Richard les mettant en garde à son tour. Le mariage est donc ainsi présenté plus comme un aboutissement à la pression sociale et familiale plutôt que de l'amour, et l'esprit d'indépendance d'Anne comme la bienveillance de Richard devront pourtant s'y plier.

Archie Mayo inverse complètement le dispositif de cette première scène lorsque l'on retrouvera notre couple désormais marié un an plus tard. Le cocon fusionnel de leur nid d'amour originel est remplacé par l'immensité de leurs luxueux appartements, les courses et jeux amoureux par les gestes répétitifs du quotidien et les joyeux échanges verbaux par des phrases anodines bercés de ce quotidien sans éclats qu'ils partagent. Tout cela est symbole du fossé qui les séparent désormais et rendent tout promiscuité insupportable pour eux et nourrissant une hypocrisie absente à l'époque où ils étaient "libres".

Le mariage semble alors exacerber les caractères la nature profonde de chacun et les opposer l'un à l'autre, l'indépendance d'Anne étant d'autant plus vivace face au besoin de "normalité" de Richard. Le script scrute surtout bien à quelle point l'institution fige leur caractère et les fait jouer un rôle loin de la fantaisie dont ils faisaient preuve au départ.

C'est d'ailleurs là le vrai thème du film, le problème n'étant pas le mariage mais la manière dont les couples semblent se renier pour s'y soumettre. Ici nos héros expérimenteront avec la même faillite la vie domestique puis un retour artificiel à leur ancienne union libre. Dans les deux cas en forçant le statut d'époux modèle puis celui d'amants détachés ils se perdront car perdant de leur sincérité dans ces deux carcans qu'ils s'imposent. Le film est un peu plus attendu quand il instaure un climat de jalousie avec les amants et prétendants divers venant s'immiscer dans le couple mais ce ne sont pas les moments les plus intéressants. C'est surtout quand il se focalise sur les personnages que le film captive, en sachant lire sous leurs masques.

James Rennie dans un registre plus contenu (cette scène où à son club il décide de rejoindre Anne) exprime subtilement les attentes de son personnages tandis que Barbara Stanwyck dissimule toujours son mal être dans une ironie de façade. C'est donc tout naturellement que la magnifique dernière scène joue de cela pour les réunir, Richard par ses actes et Anne par l'émotion qu'elle laisse enfin déborder. Barbara Stanwyck est fabuleuse dans ce dernier instant dans le sentiment inverse à sa tirade cynique (ça annonce un peu la Audrey Hepburn du final de Ariane) qui ne rend ce moment que plus touchant.

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner dans la collection Pre Code 

Extrait

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