La figure si populaire du western américain des années 50 de l'homme de loi seul contre une ville apeurée et corrompue, célébrée dans Le Train sifflera trois fois (1952) et magnifiée par Rio Bravo (1959) trouve une belle variation avec ce Last Train From Gun Hill. Kirk Douglas (qui retrouve Sturges après le fameux Règlement de compte à OK Corral (1957)) est donc Matt Morgan, shérif parti traquer les meurtriers de sa femme indienne dans la ville de Gun Hill.
Problème l'un des assassins est le fils de Craig Belden (Anthony Quinn), riche éleveur maître de la ville et compagnon de route de Matt lui ayant même sauvé la vie. Toute la force émotionnelle du film repose sur ce dilemme qui va opposer deux hommes qui s'apprécient mais que les déchirements familiaux amèneront à s'opposer. La terrible agression d'ouverture par sa cruauté et sa violence sèche pose d'emblée cet antagonisme irréversible et la détermination qui guidera Kirk Douglas tandis que les rapports filiaux tendus entre Belden père trop imposant et son fils faible de caractère se déchaînent.
On retrouve ainsi le brio et la concision narrative qui pose brutalement la situation initiale, peindre de manière limpide le rapport entre Douglas et Quinn puis l'affrontement inéluctable lorsque les masques tombent. Après cette efficace mise en place, Sturges ralentit le tempo pour instaurer un véritable film de siège où un Douglas assailli vendra chèrement sa peau. Les quelques escarmouches sont remarquablement exécutées (dont une fusillade dans un saloon montrant toute la dextérité de Douglas) mais c'est surtout sur l'interprétation intense que repose la force du film.
Kirk Douglas meurtri incarne pourtant un personnage glacial et déterminé (voir la réaction sobre et désespérée lorsqu'il découvre le cadavre de sa femme ou la description froide du sort qui l'attend aux provocation du fils Belden) dont le chagrin ne s'exprimera que dans sa quête de justice inébranlable. A l'inverse Anthony Quinn est un être bien plus exubérant dont les sentiments se dévoilent de manière excessive et discutable, laissant entendre que ce caractère explosif est la raison des égarements de son fils. Entre eux, le très touchant personnage de Carolyn Jones blasé et revenu de tout qui sera réveillée par le courage de Douglas, symbole d'un changement possible des choses.
Ce parti pris finalement peu spectaculaire ne gêne pas au vu de la brièveté du film et lorsque l'action se manifeste, elle n'en est que plus intense. La longue marche vers le train en conclusion est assez splendide et filmée au cordeau par Sturges qui achève l'ensemble par un superbe et concis duel final. Beau western finalement assez noir et désespéré où tous seront perdant.
Sorti en dvd zone 2 français chez Paramount
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