Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
L'empire romain est à l'apogée de sa gloire. De retour de campagne, l'un des chefs des légions victorieuses, Marcus Vinicius(Robert Taylor), revient à Rome pour recevoir les honneurs de Neron dont le nom est synonyme de tyrannie. Il va s'éprendre d'une chrétienne (Deborah Kerr) alors que Néron fomente de réduire Rome en cendres. C'est bientôt le chaos dans la capitale du plus grand empire du monde... Troisième adaptation du roman de Henry Sienkiewicz (qui lui valu le prix nobel en 1905) après une adaptation italienne à succès en 1913 et une hollywoodienne en 1925. Cette nouvelle version fut une production de longue haleine pour la MGM puisqu'elle fut mise en oeuvre dès les années 30 avant que la crise, puis la seconde guerre mondiale (le tournage fut toujours envisagé en Italie) en recule le tournage. Entre temps John Huston se vit confier la réalisation, Gregory Peck le rôle du général romain et Elizabeth Taylor (qui abordera finalement le genre avec éclat pour le monumental Cléopatre) le rôle féminin. Peck souffrant jete l'éponge, Huston avec et c'est le grand Mervyn LeRoy qui reprend les rêne et aborde pour la première fois la fresque historique tandis que Robert Taylor (déjà censé jouer le rôle lors de la tentative des années 30) remplace Peck.
Grande prise de risque pour la MGM avec un budget colossal et un tournage à Cinecitta (en ruine durant l'après guerre et reconstruit par la MGM pour le film ce qui contribuera aux renouveaux de ses studios mythiques), le film est le précurseur de toutes la vague de fresques épique et bibliques qui vont envahir Hollywood durant les années 50, notamment La Tunique (qui inagura le cinemascope) en 1953, calqué sur son modèle mais en moins réussi. Récit de l'émergence des premiers chrétiens durant le règne du cruel Neron, le film malgré ses moyens énormes, adopte finalement un ton assez intimiste. Le récit nous narre la rencontre entre le chef romain Marcus Vinicius et la chrétienne Lygie. Marcus Vinicius est présenté pendant un long moment de la manière la plus antipathique, étendard de la fierté et de l'arrogance romaine. Méprisant envers les autres races, coureur de jupons il est cependant ébranlé par Lygie qui refuse ses avances et ne trouvera rien de mieux que de la racheter de force pour s'assurer ses faveurs. Un très belle prestation de Robert Taylor qui restera hermétique à la chrétientéé pratiquement jusqu'au bout, ne mettra sa situation en danger que pour Lygie et n'invoquera le christ que lorsque celle ci semblera perdue.
Un charisme parfait et une fière allure en armure romaine confère toute l'assurance nécéssaire avant que ses certitudes se fissurent lentement. Face à lui Deborah Kerr incarne la pureté et l'innocence virginale, à la beauté troublante (belle dernière scène sacrificielle en toge transparente) et qui expriment parfaitement le déchirement de son personnage entre l'amour (et l'attirance sexuelle) qu'elle ressent pour Marcus et sa foi inébranlable.
Mais bien sûr celui qui vole presque le film, c'est Peter Ustinov (très inspiré de Charles Laughton dans Le Signe de la Croix) en Neron, à la frontière entre le gros cabotinage et le génie. Pitoyable, monstrueux, ridicule, terrifiant, c'est un Neron haut en couleur se croyant au dessus des hommes, croisement entre amusement enfantin et pulsion sanguinaire, qui va faire brûler Rome par seule vocation artistique. N'oublions pas également un excellent Leo Genn, point d'équilibre du film en observateur cynique et distancié des évènements qui se voit offrir une scène de mort émouvante et pleine de panache.
LeRoy décrit avec un beau pouvoir d'émerveillement le christianisme émergent, avec un bel usage de l'iconographie chrétienne lors des flashback de Pierre sur Jesus Christ avec ses cadrages inspiré et sa lumière divine (magnifique photo de Robert Surtees), lors des scène de sermons où il saisit le regard habité des croyants, occasionnant certains des plus beaux moments du film. Croyant ou pas, on ne peut qu'être captivé, porté par le score parfait de Miklos Rosza. LeRoy parvient à trouver le ton juste et éviter l'emphase qui peut gâcher d'autres films biblique un peu trop pieux pour le cinéphile qui n'en demande pas tant. A l'opposé, toute l'imagerie spectaculaire et luxueuse (avec des palais gigantesque et saisissant de détails) se fait dans la description de Rome avec son lot de moments impressionnants : l'arrivée triomphale de Marcus dans Rome, le final dans le colisé et bien sûr l'incendie de Rome par Neron. Ce dernier un sans doute la scène la plus marquantes, une pures vision d'apocalypse avec ses milliers de figurants brûlés vif ou ensevelis sous des édifices gigantesque, très grande scène.
Le final est également d'une puissance incroyable avec ses chrétiens livrés en pâture à des fauves dans les arènes, conservant chantant pour se donner du courage dans leurs derniers instants. Malgré la brutalité de la scène, on reste quand même loin du sadisme et de la sauvagerie extrème qu'offrait De Mille dans "Le Signe de La Coix" (dont ce Quo Vadis est très inspiré mais le De Mille était aussi une adaptation officieuse du livre finalement). Le pic d'intensité est atteint lorsque Deborah Kerr se retrouve seule dans l'arène attaché face à un taureau et héroïquement défendu par son serviteur Ursus, Taylor s'abandonnant enfin à la foi parallèlement.Très grand film donc, même si on a fait mieux dans un registre similaire quelques années plus tard avec Les Dix Commandements, Quo Vadis reste un film marquant du genre.
Trouvable dans une somptueuse édition zone 2 chez Warner
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire