Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mercredi 26 mai 2010

Grand Hotel - Edmund Goulding (1932)

Plusieurs personnages plus ou moins en rupture avec leur monde se croisent et se rencontrent au Grand Hotel de Berlin. On y rencontre l'industriel Preysing qui doit impérativement signer la fusion de son entreprise pour en assurer la survie ; un de ses anciens employés, Otto Kringelein, qui souhaite profiter des quelques semaines qui lui restent à vivre ; Flaemmchen, une sténographe requise pour la signature de la fusion ; la ballerine russe Grusinskaya qui soupire après ses succès passés et le baron Felix von Gaigern que l'adversité a transformé en voleur d'hôtel pour rembourser ses dettes. La ballerine s'éprend du voleur.
 

Grand Hotel est l'adaptation évènement d'un des plus grand succès littéraire de l'époque d'après le livre du même nom de l'auteur Vicki Baum. Ayant terminé le livre tout récemment, j'étais assez curieux de voir ce que donnait cette version filmée récompensée de l'Oscar du meilleur film en 1932. Dans l'ensemble c'est très fidèle mais ça manque vraiment du souffle et de la puissance du roman. L'histoire dépeint la manière dont bascule le destin d'un groupe de personnages en difficulté et gravitant autour d'un palace berlinois. 

Parmi eux un modeste comptable mourant bien décidé à passé ses dernièrs jours en menant la grande vie dans l'hôtel de luxe joué par Lionel Barrymore. Une étoile du ballet sur le déclin incarné par la grande Greta Garbo. Un baron fauché et cambrioleur joué par Lionel Barrymore, une jeune et jolie secrétaire ayant les traits de Joan Crawford, un grand patron un peu gauche joué par Wallace Berry et tel le spectre des lieu un docteur mutilé de guerre joué par Lewis Stone. Le grand atout du film c'est vraiment ce casting prestigieux (réunion des plus grandes stars de la MGM à l'époque) faisant magnifiquement vivre les personnages de papiers malgré quelques différences comme Lionel Barrymore un peu trop vieux pour le rôle. Le travail d'adaptation est remarquable en condensant idéalement le livre et en présentant tout les personnages en un temps record lors de l'ouverture dans le hall de l'hôtel. Seul soucis un aspect figé et machinal qui peine à éveiller l'émotion, et surtout un côté démonstratif qui fait passer toutes les émotions retenues du livres de manière très explicite comme la crise de vieillesse de la Groussinkaïa jouée par Garbo. 

Il y a tout de même de belles idées quand le film décide de s'éloigner de l'oeuvre de Vicki Baum. Dans le livre la Grousinkaïa ignore (ou feint d'ignorer) que le Baron l'ayant sauvé du suicide était venu lui voler ses bijoux. Dans le film l'émotion est d'autant plus forte puisqu'il lui avoue son méfait et lui rend les perles pour lui prouver son amour. Quelque petites édulcorations interviennent également comme le fait que Joan Crawford vende son corps (même si c'est clairement suggéré) ou l'addiction à la morphine du personnage du docteur. D'un autre côté, l'érotisme latent est bien exprimé tel la nudité de Garbo largement dévoilée et les scène explicite et très tendre avec Lionel Barrymore. Le personnage du comptable Kringelein, pathétique et touchant dans le roman est assez raté par contre car sa maladresse de nouveau riche est plus tourné en ridicule qu'en gaucherie émouvante. Le scénario passe ainsi à côté de l'aspect social de cet homme subalterne toute sa vie et s'affirmant quand sa vie touche à sa fin. Le rapprochement avec Joan Crawford, autre brisée par sa condition est donc nettement moins fort que ce même passage d'une toute autre portée dans le livre. Le personnage du grand patron Preysing bien plus subtil dans le livre est également fort simplifié pour en faire le simple "méchant" du récit. 

Du coup le final paraît assez expédié et se suit distraitement, même quand un personnage clé meurt dans d'affreuse circonstances (et ce malgré la très bonne idée dramatique de conserver présent le personnage de Garbo jusqu'au bout contrairement au livre où elle sort du récit à mi parcours). Bonne adaptation littérale mais qui rate pas mal le coche sur le fond, dommage. Le livre de Vicki Baum est cependant vivement conseillé, ça serait dommage de passer à côté. 

Sorti en dvd zone 2 français chez Warner

4 commentaires:

  1. "Grand Hotel est l'adaptation évènement d'un des plus grand succès littéraire de l'époque d'après le livre du même nom de l'auteur Vicki Baum. Ayant terminé le livre tout récemment, j'étais assez curieux de voir ce que donnait cette version filmée récompensée de l'Oscar du meilleur film en 1932. Dans l'ensemble c'est très fidèle mais ça manque vraiment du souffle et de la puissance du roman."(sic)

    Bonjour Justin, je compte emmener ce roman pour lire en voyage ferroviaire, cela fait longtemps qu'il me fait de l'oeil depuis ma bibliothèque. J'ai rebondi sur cette critique depuis un autre hôtel: le Grand Budapest.

    Catherine

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    1. Salut Catherine, oui le livre est vraiment excellent. Et oui c'est une influence du Wes Anderson c'est pour cela que je l'évoquais dans mon texte sur celui-ci. En tout cas si tu accroches le livre "Grand Hotel" je te conseille d'enchaîner ensuite sur l'autre chef d'oeuvre de Vicki Baum "Shanghai Hotel" sur le même schéma choral mais en plus tragique et romanesque encore. Je rêve d'une adaptation un jour !

      C'est marrant avec le recul en relisant ma critique je me trouve un peu sévère le film est en dessous mais pas si mal.

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    2. "C'est marrant avec le recul en relisant ma critique je me trouve un peu sévère le film est en dessous mais pas si mal." (sic)

      Mais non, laisses la comme ça, tu es toujours trop bon avec les films !!
      Hi hi

      Ref: "On est toujours trop bon avec les femmes" de R.Queneau

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    3. Non mais parce que là je me souviens que clairement j'ai vu le film juste après avoir lu le livre donc j'avais peut-être naturellement un peu trop tendance à comparer les deux.

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