Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

Pages

mercredi 15 juin 2011

Les Vainqueurs - The Victors, Carl Foreman (1963)

Quelques histoires courtes à propos de l'horreur de la guerre, pendant la seconde guerre mondiale, qui montrent que l'individualisme fait toujours perdre.

Grand scénariste et producteur hollywoodien, Carl Foreman sort de deux énormes succès avec les scripts du Pont de la Rivière Kwai et Les Canons de Navarone lorsqu'il décide de passer enfin derrière la caméra pour donner sa vision de la Seconde Guerre Mondiale.

J'ai fais Les Vainqueurs parce que je voulais dire que nous avions perdu la guerre, que tout ce moment d'espérance qui avait secoué le monde n'avait abouti à rien, qu'il n'y avait plus de cause, plus d'espoirs, que les hommes étaient morts pour rien.

Victime du Macarthysme et placé sur la liste noire suite à son passé communiste et son refus de donner des noms à la commission des activités anti-américaines (son scénario du Train sifflera trois fois produit à l'époque de ses démêlées est souvent vu comme une allégorie du Mcarthysme) Foreman tirera de ses douloureuses expériences une profonde amertume sur le genre humain bien résumé dans cette note d'intention sur sa vision de The Victors. Le film est une adaptation de The Human Kind, troisième et dernier volet d'une série de roman de l'auteur britannique Alexander Baron et basé sur sa propre expérience du front.

Le film fonctionne un peu (en beaucoup moins niais) sur le principe du Cri de la Victoire de Raoul Walsh, c'est à dire ne reposant pas sur les combats et moments guerrier mais plutôt sur les expériences humaines vécues par les soldats. La narration obéit à un motif narratif répétitif qui mêle constamment la grande Histoire avec les destins collectifs comme individuels.Le film s'ouvre ainsi sur des actualités, où les informations les plus futiles (les chorus girl qui testent les équipements militaires amusant) se mêlent aux plus essentielles, nous informant sur la période et le cadre du conflit pour ensuite introduire le groupe de personnages que nous allons suivre. On commence ainsi d'abord dans le chaos de la Bataille d'Angleterre, suivra ensuite la campagne d'Italie puis la reconquête suivant le débarquement en France et en conclusion Berlin tronçonnée annonçant les heures sombres de la Guerre Froide.

Le ton se fait léger et tendre dans un premier temps avant que le désespoir contamine progressivement le film sans retour possible. L'épisode italien est donc l'occasion de joyeux moments comiques avec notre groupe de soldats dissipé qui mène la vie dure à leur sergent joué par Eli Wallach en dévalisant les boutiques des villes abandonnées, courant les femmes ou mettant à sacs les caves à vin abandonnées par leur propriétaires. En quelques vignettes on s'attache immédiatement a ses soldats où sont surtout mis en avant George Peppard (grand habitué de l'uniforme au cinéma) et George Hamilton.

Ces dans ces premiers instants que Foreman laisse court à sa facette la plus tendre avec la romance (presque) platonique entre un soldat américain et Rossana Schiaffino même si la douleur n'est jamais loin puisqu'elle élève un bébé mis au monde suite au viol d'un allemand. Ombres et lumières s'alternent ainsi lors de ses rares instants de répit comme la poignante intimité qui s'instaure un court instant entre Eli Wallach et Jeanne Moreau, terrorisée par la bombardements et qui va trouver refuge dans le lit du soldat.

Pour le reste le constat est très noir et l'on a même pas besoin de se confronter à l'ennemi perdre toute fois en l'humanité : tabassage en règle des noirs dans l'armée américaine, profiteurs de guerre cyniques menant la grande vie, filles à soldats avide dénuée de tout sentiments (dont un épisode assez douloureux avec Romy Schneider, soldats qui abattent un chiots auquel s'était attaché un camarade (tout jeune Peter Fonda)...

Les deux instants les plus marquants restent cependant une cruelle fusillade pour désertion d'un jeune soldat le soir de noël avec les chants donnant un terrible contrepoint à la situation et surtout la conclusion où un soldat russe et américain s'entretuent de la manière la plus stupide qui soit.

En dépit de cette touche intimiste le film n'en oublie pas d'être très spectaculaires par instants et offre des vues impressionnantes du Londres sous les bombes de 1942 ou encore Berlin en ruines durant l'épilogue, le tout reconstitués à grande échelle en studio (les extérieurs se partageant entre la Suède, l'Angleterre et la France.Pour un premier (et unique) film, Foreman délivre un objet formellement impressionnant avec un scope parfait et un noir et blanc somptueux de Chistopher Challis. Un grand film de guerre désespéré qui ose même alors que le sujet était encore tabou à l'époque montrer les camps de la mort et ses prisonniers décharnés le temps d'une terrible séquence. Rarement un titre de film aura eu un tel fossé avec son contenu.


Sorti récemment en dvd zone 2 anglais chez Sony et doté de sous-titres anglais. Très belle copie voyez les captures !

Extrait

4 commentaires:

  1. Encore moi, à propos du film de FOREMAN que vous décrivez : vous
    me donnez très envie de voir ce film.
    Vous écrivez en exergue : l'individualisme perd toujours. Je pense que c'est vrai dans les drames collectifs, où la solidarité — comme un instinct — surgit spontanément.
    Mais hors des crises, l'individualisme est un rempart contre la puissance des non-dits : disparités sociales de tous ordres (matérielles, culturelles,
    généalogiques, linguistiques, politiques, hétéro-homo, etc.).
    J'espère trouver THE VICTORS.

    RépondreSupprimer
  2. A propos des scénaristes : on ne pense pas assez à leur rôle. LE TRAIN SIFFLERA TROIS FOIS, comme
    TANT QU IL Y AURA DES HOMMES,
    sont pour moi avant tout la quintessence du cinema américain
    réalisée par un émigré : ZINNEMAN,
    ce qui donne à penser à la fertilité du sol américain qui a donné leurs chances à tous ces hommes qui ont su à temps fuir le nazisme. Sans la générosité du pays d'accueil auraient-il pu faire SEPT ANS DE REFLEXION, SUNSET BOULEVARD
    qui sont de purs produits américains ?

    RépondreSupprimer
  3. Très difficile à trouver ce film. Il n'existe pas encore d'édition DVD il me semble, je peux me tromper.

    RépondreSupprimer

  4. Le film existe en dvd anglais sous titré anglais. Il faut regarder j'indique toujours tout en bas de la chronique l'édition existante ;-)

    http://www.amazon.co.uk/Victors-DVD-Vince-Edwards/dp/B003AVP6AA/ref=sr_1_1?s=dvd&ie=UTF8&qid=1426794448&sr=1-1&keywords=the+victors

    RépondreSupprimer