Fleur secrète est une œuvre typique du paradoxe du Roman Porno. Un genre né d’une pure logique commerciale racoleuse, produit par et pour un public masculin et dont l’expression du sexe et du rapport homme/femme est typique du machisme de la société japonaise d’alors. Pourtant, sans se départir de cette imagerie et par la seul force du point de vue des artistes les plus inspirés, certaines œuvres pervertirent le genre pour à l’inverse délivrer un vrai et surprenant message féministe dans les excès divers typique de la libido japonaise (plus timorée ou plus libérée que l’occidentale selon les points, en tout cas très différente).On doit cette audace au réalisateur Masaru Konuma et à l’actrice Naomi Tani.
Celle-ci, déjà star au sein du circuit indépendant et courtisée depuis longtemps par la Nikkatsu, va imposer ce que le studio se refusait jusqu’alors, produire une œuvre sadomasochiste. Les formes sculpturales, la peau à la blancheur savamment entretenue (elle se refusera durant sa carrière à prendre des vacances au soleil pour conserver la pâleur de ce corps nu) et son visage typique de la beauté classique japonaise en auront fait la muse d’Oniroku Dan, écrivain japonais spécialisé dans le fétichisme et le sadomasochisme. Fleur secrète adapte donc un de ses romans en développant un postulat des plus tordus. Un employé de bureau impuissant suite à un traumatisme d’enfance est contraint de « dresser » la femme frigide de son patron incarnée par Naomi Tani. De là va naître la plus improbable des histoires d’amour et des récits d’initiation quand Naomi Tani va prendre goût au « traitement » et l’employé retrouver sa virilité grâce à ses pratiques radicales.D’autres œuvres SM de la Nikkatsu aborderont la question de manière plus anxiogène, mais ici une bonne dose d’humour et de second degré se tapit sous les excès, portée par une prestation flamboyante de Naomi Tani. Elle passe de la victime subissant les derniers outrages à la furie lubrique et nymphomane dans la dernière partie du film avec un égal talent. Les situations scabreuses sont plus excessives dans l’idée que dans l’illustration (érotisme soft plus que pornographie car limité par la censure japonaise interdisant par exemple la vision des sexes masculin/féminin, tabou local) la conviction des acteurs faisant passer toutes les « déviances » où se mélangent le SM, bondage, scatologie et saphisme. On est donc plus amusé que mal à l’aise, des œuvres comme – pour rester chez Konuma – La vie secrète de Madame Yoshino (1976) ou Une femme à sacrifier (1974à fort de cette première tentative, sauront bien plus bousculer le spectateur.
C’est la réalisation de Konuma, tour à tour caressante, voyeuriste ou décalée qui guide un film visuellement très élégant (cadrage, photo de toute beauté) mais là aussi sans totalement aller dans les envolées baroques à venir. La thématique est typique des canons cités auparavant, machisme très discutable à travers l’humiliation du personnage féminin, contrebalancé par un féminisme puissant lorsque l’héroïne libérée sexuellement s’impose et dicte sa loi aux hommes du film en conclusion. L’ambiguïté demeure cependant, la plaçant en pure situation soumise mais le plaisir extravagant qu’elle manifeste et le fait d’avoir fait accepter le partage à ses deux prétendants offre une autre lecture également. C’est à cet équilibre que tiennent les meilleurs films du genre, entre putasserie et vrai message. C'est la réalisation de Konuma tour à tour caressante, voyeuriste ou décalée qui guide un film visuellement très élégant (cadrage, photo de toute beauté). La thématique est typique des canons cités auparavant, machisme très discutable à travers l'humiliation du personnage féminin, contrebalancé par un féminisme puissant lorsque l'héroïne libérée sexuellement s'impose et dicte sa loi au hommes du film en conclusion. C'est à cet équilibre que tiennent les meilleurs film du genre, entre putasserie racoleuse et vrai message.
Sorti en dvd zone 2 français chez Zootrope
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