Akiko divorce de son
époux qu’elle accuse de sévices. Contraint de mener une vie clandestine pour
échapper aux investigations de la police, celui-ci réapparaît trois ans plus
tard dans la ville où réside Akiko et l’oblige à le suivre dans une vieille
maison forestière abandonnée...
Star du Pinku Eiga dans le cadre du cinéma indépendant
japonais, Naomi Tani aura tardé à accepter les offres insistantes d la Nikkatsu
qui souhaitait en faire la vedette de ses « Roman Porno ». La raison
était le refus du studio de produire des films traitant du sadomasochisme,
pratique qui aura fait le succès de Naomi Tani
dès ses premiers rôles. L’actrice est même la source d’inspiration de d'Oniroku Dan, maître japonais de la littérature
érotique japonaise pour lequel elle est par son physique l’héroïne idéale de
ses trames les plus déviantes. Lorsque la Nikkatsu acceptera enfin ses
conditions, c’est donc tout naturellement que Naomi Tani impose une adaptation d'Oniroku
Dan pour son premier film Fleur Secrète (1974) réalisé par Masaru Konuma.
Par sa mise en scène raffinée, ses outrages
et le jeu incandescent de Naomi Tani le film fait sensation mais sera néanmoins
renié par Oniroku Dan. En effet la Nikkatsu aura atténué la dimension sulfureuse
du film en amenant un certain second degré aux séquences SM, le script
transcendant même le machisme du contenu en faisant des humiliations subies par
Naomi Tani un moteur d’émancipation par la libération sexuelle. La Vie secrète de Madame Yoshino (1976),
troisième collaboration entre Naomi Tani et Masaru Konuma approfondira cette
approche en amenant une facette de mélodrame trouble et captivant. C’est
finalement avec leur second film en commun Une
femme à sacrifier que Konuma et son actrice se rapprocheront paradoxalement
le plus de l’esprit d’Oniroku Dan puisque le film est un scénario original et
n’adapte pas un de ses romans.
On retrouvera là les éléments qui font l’intérêt des autres
pinku eiga Masaru Konuma/Naomi Tani mais totalement en retrait au service de la
seule expression de ce sadomasochisme. La réflexion sur l’éveil au désir, le
plaisir naissant de la douleur reste bien plus implicite à travers le postulat minimaliste
et prétexte à un déchaînement SM. Akiko (Naomi Tani) est séparée de son mari Kunisada
(Sakamoto Nagotoshi) depuis 3 ans, ce dernier ayant disparu après avoir été
accusé d’abus sexuel. La recroisant par hasard, Kunisada enlève Akiko et la
séquestre dans une cabane en forêt pour lui faire subir les sévices les plus
outrageants. Du propre aveu de Konuma, Une
Femme à sacrifier est son film le plus authentiquement pervers. Naomi Tani
y perd toute la substance de ses meilleurs rôles pour n’être plus qu’un objet de
supplice et d’humiliations allant particulièrement loin entre bondage,
châtiment corporels et une assez incroyable scène de scatologie explicite.
Il
fallait bien le talent de Naomi Tani et son abandon fascinant pour faire passez
la chose.C'est lorsque Konuma scrute le jeu subtil de
sa beauté malmenée que le film est le plus inventif, notamment cette
composition de plan où elle profite à son tour d'un quidam séquestré la
contrainte devenant progressivement plaisir non feint. Les meilleurs pinku eiga naissent cependant de l’ambiguïté entre le
contenu scandaleux et le message souvent plus progressiste, on perd cela dans Une femme à sacrifier qui n’est qu’un
étalage ininterrompu de perversion sans rien d’autres à offrir. L’érotisme à la
japonaise y endosse jusqu’à l’absurde le machisme de la société nipponne avec
cet époux reconquérant son épouse par la soumission – l’amour ayant toujours
des relents morbides notamment avec l’autre couple de jeunes suicidés.
On peut
y ajouter les relents d’une sexualité inscrite dans l’imaginaire de ses 70’s
libertaires et sans tabous (les allusions pédophiles malvenues) mais inacceptable aujourd’hui même si cela reste allusif. Sous la
fascination/répulsion et les excès, Une femme à sacrifier n’a malheureusement
pas grand-chose proposer si ce n'est le brio formel intact de Masaru Konuma.
Sorti en dvd zone 2 français chez Zootrope
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