Après avoir été agressée sexuellement
et s'être fait délogée de son appartement, Blondie Johnson est fond du
gouffre. Lorsque sa mère décède, la jeune femme décide de bouleverser sa
vie et de ne plus jamais vivre dans la misère. Pour cela, tous les
moyens sont bons comme par exemple, rejoindre des organisations
criminelles...
Joan Blondell fut, avec Barbara Stanwyck
ou Jean Harlow une des actrices les plus emblématiques du versant le
plus féministe du Pré-Code et le prouve une fois de plus avec ce Blondie Johnson.
On trouve donc à nouveau une héroïne brisée par le cadre de la Grande
Dépression avec une Blondie Johnson qui perd tout en début de film :
emploi pour ne pas avoir cédée aux avances de son patron, domicile dont
elle est expulsée et surtout sa mère trop faible pour résister à ces
privations. Les institutions sociales, juridiques ou le monde du travail
s'avèrent rigides et impuissant pour l'aider, là ramenant constamment à
son dénuement.
Qu'à cela ne tienne, elle va réussir coûte que coûte
même si elle doit emprunter les chemins les plus répréhensibles.
L'interprétation de Joan Blondell s'avère à la fois sensible, drôle et
déterminée grâce à la gouaille de l'actrice dont les grands yeux
révèlent toujours une belle sensibilité sous la dureté de façade.
Blondie Johnson constitue cependant une héroïne différente d'un Baby Face (1933)
puisque toute forme de séduction est exclue de son ascension. Elle n'en
veut pas spécifiquement aux hommes mais à cette société entière qui
n'aura su l'aider et décide de l'exploiter de toutes les manières
possibles.
Le début du film est très amusant avec les arnaques
alambiquées que monte Blondie et qui vont attirer sur elle l'attention
des gangsters locaux dont Danny (Chester Morris). La détermination de
notre héroïne va donc se confronter à la violence du monde de la pègre,
la forçant à son tour à s'y plier. Désormais au sommet de
l'organisation, la dualité entre l'ambitieuse impitoyable et la femme
sensible qu'elle est toujours sera intenable. Ray Enright gère
parfaitement cette dichotomie dans la tonalité du film où les cadres
luxueux alternent avec les exécutions sommaire dans les bas-fonds, où
une querelle d'amoureux peut basculer en violent règlement de compte
mafieux.
Chester Morris dégage une étonnante vulnérabilité sous ces airs
de gangsters tiré à quatre épingles, une sorte de féminité qui fait du
couple formé avec Blondie deux adolescents chamailleurs (Danny cédant toujours aux plans de Blondie quand elle met en doute son courage) dont les
déboires prennent des proportions sanglantes du fait du milieu où ils
évoluent. Ce n'est que lorsqu'ils oublieront les enjeux de pouvoirs et
richesse qu'ils pourront se rapprocher à nouveau mais au prix d'une
dimension morale bien amenée. Très intéressant donc et une fois de plus
porté par une Joan Blondell épatante.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner dans leur collection Pré-Code
Tuez Charley Varrick ! (Charley Varrick) de Don Siegel - 1973
Il y a 7 heures
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