Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram
La Vie d'O'Haru, femme galante - Saikaku ichidai onna, Kenji Mizoguchi (1952)
Une ancienne prostituée, O'Haru, se souvient... : jeune fille, elle était amoureuse d'un homme de caste inférieure qui, pour cette raison, a été exécuté. La famille de O'Haru a été exilée et la jeune femme, par un enchaînement de circonstances, est passée d'un homme à l'autre : d'abord concubine d'un prince dont l'épouse est stérile, elle est chassée dès qu'elle donne naissance à un enfant ; son père la vend alors comme courtisane... Un des plus beaux Mizoguchi avec ce film qui le fit connaître en occident où le cinéma japonais se résumait encore à Kurosawa. Grand peintre des femmes brisées, Mizoguchi nous intéresse ici au sort d'O'Haru vieille prostituée claudiquante qui se souvient des raisons l'ayant menées à cette triste condition. Toute jeune fille, elle a eu le malheur de tomber amoureuse d'un homme de rang inférieur qui l'aimait en retour et ce bonheur éphémère scellera son destin.
Le Japon féodal dans toute sa cruauté où la toute puissance masculine fait loi se dévoile donc pour une véritable descente aux enfers. Dans un premier temps, encore jeune et belle O'Haru sera donc le jouet du désir des hommes notamment lorsqu'un prince la prend pour concubine pour pallier à la stérilité de son épouse. Une fois le devoir effectué, en objet qu'elle est (la scène de sélection des candidates sordide va dans ce sens) elle se trouve chassé sans revoir son enfant.
Contrainte de se donner de manière de plus en plus avilissante pour subsister (et aider son père criblé de dettes) elle passe donc la seconde partie du film à payer cette existence qu'elle n'a pas voulue par le regard méprisant et le jugement moral des autres. En dépit de quelques moment plus légers assez épars (l'épisode du faux monnayeur, O'Haru qui se venge de sa maîtresse lui ayant coupé les cheveux) le récit est donc très sombre, la lenteur typique du réalisateur faisant boire le calice jusqu'à la lie à l'héroïne dans le malheur.
Le clou est atteint lors de la terrible conclusion où O'Haru peut enfin voir son fils dans des circonstances douloureuses. Visuellement somptueux (les lents mouvements de caméras glissant sur les passions et conflits si intense) et dramatiquement éprouvant un des grands films du réalisateur.
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