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lundi 20 janvier 2025

La 7ème malédiction - Yuen Chun Hap yu Wai See Lee, Lam Nai Choi


 Pour avoir voulu sauver Betsy, une jeune tribale, d'un sacrifice rituel en Thaïlande, un an auparavant, le Dr Yuen Chen est victime d'une malédiction du sang lancée par Aquala, un puissant sorcier. Condamné à une mort certaine, Yuan n'a d'autre choix que de quitter Hong Kong pour se rendre dans le repaire du sorcier maléfique, afin de mettre un terme à la malédiction. Dans cette aventure où l'attendent de multiples dangers, le médecin sera aidé par une journaliste intrépide, Tsui-Hung, et son ami Wei Wisely, expert en magie noire.

La 7ème malédiction est une des œuvres qui intronise Lam Nam-choi en véritable fer de lance du cinéma fantastique hongkongais. Il est à l’origine un directeur photo réputé au sein de la Shaw Brothers, notamment pour son association avec le réalisateur Sun Chung. Il va avoir la possibilité de se lancer à la mise en scène en accompagnant l’acteur Danny Lee dans ses débuts à la réalisation sur One Way Only (1981). Il va ensuite profiter de la liberté nouvelle accordée par une Shaw Brothers cherchant un second souffle au début des années 80 pour se spécialiser dans le polar urbain âpre et social avec les réussites marquantes que sont Brothers from the Walled City (1982) et Men from the Gutter (1983. Le changement d’environnement causé par le ralentissement des activités de la Shaw Brothers va aussi amener un basculement stylistique chez lui en passant chez la concurrence de la Golden Harvest. The Ghost Snatchers (1986) marque sa première incursion dans le fantastique, confirmée ensuite par La 7e malédiction

Le film est adapté de deux séries de roman à succès de Ni Kuang, plus connu pour son travail de scénariste à la Shaw Brothers, Dr. Yuen et Wisely. Dr Yuen (ici incarné par Chin Siu-ho)  est plutôt un héros d’aventures tandis que Wisely (joué par Cow Yun-fat) est une sorte de Van Helsing hongkongais et spécialiste de l’occulte. Si le personnage principal du film est avant tout le Dr Yuen, Wisely est malgré une présence plus faible à l’écran un élément essentiel de l’intrigue puisque vulgarisant pour les protagonistes et le spectateurs toutes les notions de sorcellerie évoquées. Pas encore superstar mais déjà acteur de renom, Chow Yun Fat lui prête tout son charisme et un flegme plaisant. Une des originalités du film est son récit enchâssé effectuant une sorte de mise en abyme de l’univers de Ni Kuang qui apparaît ici en personne et introduit les héros. Si cela peut avoir un aspect ludique pour les spectateurs/lecteurs hongkongais savourant le clin d’œil, cela alourdit un peu le début et la fin de l’histoire qui entre un peu laborieusement dans le vif du sujet.

Ainsi la scène d’ouverture nous plongeant en pleine prise d’otages, est certes impressionnantes mais semble échappée d’un autre film et ne sert qu’à présenter le Dr Yuen et la journaliste fantasque jouée par Maggie Cheung – ce qui aurait pu être fait avec une entrée en matière plus simple. Ce sera globalement le seul gros reproche à faire au film, jamais ennuyeux et toujours alerte dans son rythme (et sa durée resserrée), mais collant ses séquences les unes aux autres de façon un peu lâche à coup d’explications occultes semblant parfois semi-improvisées.

Pour le reste, les qualités notamment formelles de Lam Nam-choi brillent de mille feux. La dimension inquiétante et horrifique du récit d’aventures surnaturel lorgne clairement sur les Indiana Jones de Steven Spielberg, et plus particulièrement Le Temple Maudit avec ses écarts de cruauté (notamment envers les enfants), son gore décomplexé et ses pièges sadiques. Même s’il a désormais délégué la photographie, on sent tout le soin souhaité par le réalisateur qui pose des ambiances inquiétantes et oniriques dans ses forêts traversée de présence indicible, à l’intérieur de ses temples où se disputent l’exiguïté menaçante et la grandiloquence païennes dans des teintes vertes, mauves et bleues. On peut ajouter à cela une action rondement menée, notamment par un remuant et Chin Siu-ho, aussi à l’aise pour distribuer les coups que pour jouer les héros blasés et machos face à Maggie Cheung. Cette dernière, sans être non plus la faire valoir découverte chez Jackie Chan, est davantage une présence comique et de demoiselle en détresse sans avoir l’espace pour proposer davantage. 

Le film sort en salle un an avant le célèbre Histoires de Fantômes Chinois de Ching Siu-tung, et il est indéniable qu’il a pavé le chemin à Tsui Hark quant à son approche. La logistique des effets spéciaux, en particulier les trucages mettant en scène le démon, anticipe les créatures qui feront passer un sale quart d’heure à Leslie Cheung durant sa nuit au sein d’un temple hanté. On trouve cette même appropriation des gimmicks du Evil Dead de Sam Raimi (1982) et la tonalité bleue durant les séquences spectrales. La générosité et la grandiloquence de Lam Nam-choi dans les morceaux de bravoure est un sacré atout, filmé avec une énergie et précision sans faille, notamment un climax lorgnant sur le tokusatsu. On pardonnera donc aisément les errement narratifs évoqués plus haut pour savourer un spectacle opulent qui donne clairement envie de voir d’autres films de Lam Nam-choi, principalement connu à l’international pour Story of Ricky, un « Category 3 » parmi les plus outrancier du cinéma hongkongais. 

Sorti en bluray français chez Le Chat qui fume

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