Après le divorce de ses parents, Anne
ne croit pas au mariage et refuse fermement de se marier avec son amant.
Pourtant, la jeune femme, follement amoureuse, finit par céder. Mais
lorsque l'union est célébrée, la routine et l'usure font leurs
apparitions...
Une œuvre Pré Code fort audacieuse pour
l'époque puisque remettant en cause la sacro-sainte institution du
mariage. C'est cette question de mariage qui agite le couple illégitime
que forment Anne Vincent (Barbara Stanwyck) et Richard Ives (James
Rennie). Ils ne semblent pourtant pas si malheureux que cela lors de la
joyeuse scène d'ouverture remarquable de concision où l'on comprend
qu'ils ont passés la nuit ensemble (les vêtements masculins et féminins
entremêlés dès la première image), qu'ils se dissimulent (les appels
téléphoniques dans le vide du père de Richard) et donc pas mariés.

Le
ton badin, la complicité et les jeux amoureux nous laissent comprendre
parfaitement le sentiment intense qui lien les deux amants avec une
Barbara Stanwyck merveilleuse de langueur et de sensualité et James
Rennie séducteur et malicieux. Richard aimerait concrétiser cette
relation par l'issue "logique" du mariage mais Anne craint que cette
officialisation ne tue leur relation. Dès cette même scène d'ouverture,
les obstacles à cet amour libre se manifestent pourtant, en deux temps
avec l'arrivée d'un ami rapportant les rumeurs les concernant puis du
propre père de Richard les mettant en garde à son tour. Le mariage est
donc ainsi présenté plus comme un aboutissement à la pression sociale et
familiale plutôt que de l'amour, et l'esprit d'indépendance d'Anne
comme la bienveillance de Richard devront pourtant s'y plier.

Archie
Mayo inverse complètement le dispositif de cette première scène lorsque
l'on retrouvera notre couple désormais marié un an plus tard. Le cocon
fusionnel de leur nid d'amour originel est remplacé par l'immensité de
leurs luxueux appartements, les courses et jeux amoureux par les gestes
répétitifs du quotidien et les joyeux échanges verbaux par des phrases
anodines bercés de ce quotidien sans éclats qu'ils partagent. Tout cela
est symbole du fossé qui les séparent désormais et rendent tout
promiscuité insupportable pour eux et nourrissant une hypocrisie absente
à l'époque où ils étaient "libres".
Le mariage semble alors exacerber
les caractères la nature profonde de chacun et les opposer l'un à
l'autre, l'indépendance d'Anne étant d'autant plus vivace face au besoin
de "normalité" de Richard. Le script scrute surtout bien à quelle point
l'institution fige leur caractère et les fait jouer un rôle loin de la
fantaisie dont ils faisaient preuve au départ.

C'est d'ailleurs
là le vrai thème du film, le problème n'étant pas le mariage mais la
manière dont les couples semblent se renier pour s'y soumettre. Ici nos
héros expérimenteront avec la même faillite la vie domestique puis un
retour artificiel à leur ancienne union libre. Dans les deux cas en
forçant le statut d'époux modèle puis celui d'amants détachés ils se
perdront car perdant de leur sincérité dans ces deux carcans qu'ils
s'imposent. Le film est un peu plus attendu quand il instaure un climat
de jalousie avec les amants et prétendants divers venant s'immiscer dans
le couple mais ce ne sont pas les moments les plus intéressants. C'est
surtout quand il se focalise sur les personnages que le film captive, en
sachant lire sous leurs masques.

James Rennie dans un registre plus
contenu (cette scène où à son club il décide de rejoindre Anne) exprime
subtilement les attentes de son personnages tandis que Barbara Stanwyck
dissimule toujours son mal être dans une ironie de façade. C'est donc
tout naturellement que la magnifique dernière scène joue de cela pour
les réunir, Richard par ses actes et Anne par l'émotion qu'elle laisse
enfin déborder. Barbara Stanwyck est fabuleuse dans ce dernier instant
dans le sentiment inverse à sa tirade cynique (ça annonce un peu la
Audrey Hepburn du final de
Ariane) qui ne rend ce moment que plus touchant.
Sorti en dvd zone 2 français chez Warner dans la collection Pre Code
Extrait
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