mardi 15 mars 2011
Le Disque Rouge - Il Ferroviere, Pietro Germi (1955)
Le soir de Noël, Sandro accourt fièrement retrouver son père, Andrea Marcocci, un conducteur de locomotive. Mais sur le chemin du retour, ce dernier s'arrête au café et s'y attarde alors que sa femme et ses enfants l'attendent à la maison. L'année qui suit voit la famille se désagréger. Un jour, un homme se jette sous le train conduit par Andrea. Quelques heures plus tard, perturbé, ce dernier ne voit pas le signal d'arrêt et évite de peu un grave accident...Il est alors muté au transport des marchandises et voit ainsi son salaire diminuer.
l Ferroviere est une magnifique chronique sociale mâtinée de néoréalisme tardif (sorti en 1955, soit la fin du genre) dans la veine de certaines oeuvres de Vittorio De Sica. Cependant pas de grand message social ou humaniste chez Germi dont le cadre du récit ne sert qu'à révéler des travers bien humains. Ici, ils sont illustrés par un père de famille cheminot qui traîne les défauts de ces hommes bourrus : buveur, autoritaire, maladroit et emprunté pour exprimer ses sentiments... Ses tares finissent par faire imploser la cellule familiale lorsque plusieurs drames viendront perturber le quotidien.
On pense aux séquences montrant le père en train de cuver le soir de Noël, tandis que sa fille vient de faire une fausse couche ou encore sa régression professionnelle suite à une maladresse. Poussé par ses amis et les producteurs, Pietro Germi interprète lui-même le patriarche alors qu'il envisageait d'engager Spencer Tracy. Une interprétation intense où Germi s'approprie totalement le personnage qui, en dépit d'actes discutables, s'avère vraiment attachant. Brutal, grossier mais aussi père aimant au tempérament auto-destructeur qui va s'aliéner famille et amis.
Magnifiquement filmé par Germi (le noir et blanc est de toute beauté), le scénario est une merveille de subtilité où l'aspect social ne surnage que pour mieux exprimer les dérives du héros (comme le passage où il ne soutient pas la grève de ses camarades cheminots) avec une réconciliation finale idéalement amenée à la conclusion poignante. La narration du point de vue du petit garçon participe de la naïveté et la tendresse du film, en portant un regard innocent sur ce père si torturé.
Le gamin à la bonne bouille est assez épatant, tout comme les seconds rôles comme l'habitué Saro Urzi en meilleur ami (qui jouait l'adjoint au commissaire sans gêne de Meurtre à l'italienne). Le récit regorge de purs moments de grâce mélancolique, hormis la séquence finale qui serre la gorge, le passage où Andrea revient au bar parmi ses camarades qui l'acceptent sans demander de compte est un grand moment d’émotion dans le non-dit. Considéré par Germi comme un de ses meilleurs films, on aurait du mal à le contredire.
Sorti en dvd zone 2 français chez Carlotta
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