Un architecte se rend chez un client. Une impression de déjà-vu l'étreint dès qu'il arrive en vue de la maison. Déconcerté lorsqu'il rencontre l'homme qu'il vient voir et encore plus une fois qu'il se retrouve au milieu des personnes présentes dans la maison. Il est en train de vivre le cauchemar qu'il fait chaque nuit. Expliquant cela, les personnes présentes en viennent chacune à raconter une histoire surnaturelle leur etant arrivé pour convaincre un psychiatre sceptique…
Surtout reconnu aujourd'hui pour ses comédies caustiques des années 50, on en oublie parfois que le mythique Studio Ealing aura oeuvré dans tout les genres comme en témoigne cet excellent film à sketch fantastique (En Ealing "différent"on avait précédemment abordé sur le blog le virulent film de guerre Went the Day Well également).
Au commande des réalisateurs chevronnés qui offriront leurs lot de chef d'oeuvres au studio et au cinéma anglais en général notamment Alberto Calvalcanti (Champagne Charlie traité l'an dernier sur le blog), Robert Hamer (Noblesse Oblige)et Charles Crichton (De l'Or en barre et beaucoup plus tard Un poisson nommé Wanda). Cavalcanti en partie fondateur du studio durant ses premières années avec le patron Michael Balcon donnait d'ailleurs là l'occasion à ces différents réalisateurs de faire leur preuve avant le grand saut du long métrage (le sketch de Robert Hamer est réellement son premier film notamment).
Le Pilote automobile de Basil Dearden
Un pilote de course ayant miraculeusement échappé à la mort à des visions d'un personnage mystérieux et macabre l'invitant dans une voiture où une place lui est réservé pour le royaume des morts. Trop bref pour parvenir à réellement effrayer, ce sketch (aux faux airs de Destination Finale avant l'heure) marque tout de même les esprits par une fascinante scène chargée d'atmosphère où le héros se voit appelé depuis sa chambre d'hôpital par une voiture d'outre tombe lui annonçant qu'il y reste une place pour lui, bien inquiétant. Globalement la nature "réaliste" des sketches ancrés dans le quotidien et donc à contre courant d'un cinéma américain plus flamboyant et gothique dans son imagerie et ses créatures (toutes la production Universal) donne la touche unique ambigüe et inquiétante du film.
La Fête de Noel de Alberto Calvalcanti
Lors d'une partie de cache cache un soir de noël, une jeune fille rencontre un petit garçon étrange dans une pièce délaissée de la maison. Le sketch le plus faible du film qui sans être mauvais est très prévisible dans son déroulement pour qui a l'habitude de ce type de récit fantastique. Il est de plus bien trop bref pour instaurer le malaise malgré un vrai fond dérangeant.
Le Miroir hanté de Robert Hamer
Un homme se fait offrir un vieux miroir par sa fiancée mais lorsqu'il se regarde, derrière le reflet de son image apparait un lieux des plus inquiétants qui n'a rien à voir avec sa chambre. Ambiance gothique à souhait dans la plus pure tradition de ce genre de récit, un excellent scénario qui dévoile habilement le mystère du miroir tandis que chaque visions du héros dans celui ci s'avère bien glaçante. La chute hante longtemps après visionnage pour un récit qui aurait largement eu matière à un long métrage vu le potentiel horrifique.
Les joueurs de Golf de Charles Crichton
Deux amis passionnés de golf jouent les faveurs d'une femme sur une partie, le perdant se suicide et se met à hanter l'autre... Le sketch le plus léger du film bien dans l'esprit des autres films de Charles Crichton qui a toujours été le plus truculent des réalisateurs du studio. Une histoire assez originale et plutôt osée qui constitue une petite récréation avant le fabuleux sketch final.
Le Mannequin du ventriloque de Alberto Cavalcanti
Un ventriloque est victime de la volonté autonome de sa marionnette. Jouant habilement sur la dualité entre l'aspect schizophrène et une nature fantastique plus prononcée (extraordinaire Michael Redgrave guetté par la folie), le film fait preuve d'une cruauté et d'une violence bien marquante notamment grâce au look de la marionnette fort inquiétant sous l'aspect jovial, à la manière des clowns. Une fois encore la conclusion marque les esprits en préfigurant celle de Psychose de Hitchcock dans l'idée.
Bref un petit bijou du cinéma anglais, varié (on oscille toujours entre ce réalisme Ealing et une volonté plus baroque, expressionniste et gothique tout du long) et inventif qui constitue une réussite atypique du Studio Ealing.
Sorti en dvd zone 2 français chez Studio Canal dans la collection "Cinéma de Quartier" de Jean Pierre-Dionnet.
Extrait du générique et de la longue scène d'ouverture, il semble que le film est entièrement sur youtube...
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