Dévoreur de pellicule monomaniaque, ce blog servira à commenter pour ceux que cela intéresse tout mes visionnages de classiques, coup de coeur et curiosités. Je vais tenter le défi de la chronique journalière histoire de justifier le titre du blog donc chaque jour nouveau film et nouveau topo plus ou moins long selon l'inspiration. Bonne lecture et plein de découvertes j'espère! Vous pouvez me contacter à justinkwedi@gmail.com, sur twitter et instagram

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mardi 7 octobre 2025

Les Bolides de l'enfer - Johnny Dark, George Sherman (1954)

 Johnny Dark et son ami Duke Benson travaillent pour l'entreprise automobile Fielding Motors. Avec l'aide de la belle Liz, ils construisent une voiture de course censée apporter le succès à l'entreprise. Mais les rivalités et les ambitions des deux hommes se mettent en travers de cette route...

Johnny Dark est une petite révolution dans le filmage du sport automobile au ciéma. Dans un premier temps, le scénario de Franklin Coen entremêle intrigue romanesque avec une relativement crédible immersion dans les coulisses d’une entreprise automobile. A travers une solide caractérisation, on observe l’évolution des enjeux marketing pour vendre des véhicules à travers la réticence du patron vieil école (Sidney Blackmer) à construire une voiture de sport, et à ne pas voir les retombées commerciales de la faire concourir en course. Ce frein se heurte à une modernité à double tranchant, la pression des actionnaires voyant le bénéfice sans penser à l’identité changeant la cible classique de l’entreprise, mais aussi celle de la jeunesse représentée par le trio de héros plus motivé à façonner un véhicule de course plutôt qu’une énième voiture familiale.

En installant des personnages plus truculents et attachants les uns que les autres (la secrétaire espiègle jouée par Ilka Chase, l’ingénieur roublard incarné par Paul Kelly) et construisant un plaisant triangle amoureux charismatique (Tony Curtis et Piper Laurie au sommet de leur photogénie, Don Taylor en second couteau rigolard), Sherman nous immerge plaisamment dans ce monde sportif et industriel. Ces éléments intimes et technologique s’entremêlent bien, que ce soient les éléments féministes se dessinant avec Piper Laurie devant faire ses preuves dans ce monde masculin, ou Tony Curtis cherchant à surmonter son tempérament caractériel et obnubilé par sa machine au détriment de l’humain.

Nous suivons ainsi sans ennui la préparation avant une seconde partie essentiellement consacrée à la course, replaçant ainsi dans l’action pure les questionnements patiemment amorcés. Le passif de Sherman dans le western fait merveille pour capture l’immensité des paysages désormais non plus traversés par des cowboys sur leur chevaux, mais des pilotes brûlant l’asphalte. Le réalisateur multiplie les prouesses novatrices pour nous faire observer la course sous des angles inattendues. 

La contribution de la Sports Car Club of America va autoriser le filmage depuis un hélicoptère de vraies courses au long cours à travers les Etats-Unis, mais il aura également des vues depuis des caméras installées sur les véhicules, nous faisant partager l’ivresse de la vitesse mais aussi les dangers des chemins les plus sinueux en à flanc de montagne. Les trucages sont également très réussis, l’alternance entre authentiques manœuvres de dépassement sur la route et travail sur les projections et transparence avec les vrais acteurs se montrant efficace grâce à un montage nerveux. L’ensemble de ce savoir-faire offre un spectacle alerte et novateur, qui va vraiment poser les bases des films à venir sur le sport automobile, tant dans l’intrigue simple et calibrée que les trouvailles formelles. 


 Sorti en bluray français chez Elephant films

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